Ethique et transparence : le cristal n’a pas été terni
En se gardant de confondre inquisition et éthique, cristal et vitre de vasistas , le président du Conseil Exécutif s’est montré à la hauteur de sa fonction.
Il y a quelques jours, l’avocat ajaccien Jean-François Casalta, lui-même conseiller de Corse (Partitu du a Nazione Corsa), a soumis aux élus de l’Assemblée de Corse une motion proposant que toute élue ou tout élu insulaire fournisse à la Haute Autorité de la Transparence de la Vie Publique, une déclaration de situation patrimoniale, d’intérêts et d’activités. Dans le texte, il était aussi demandé que les candidats aux élections municipales des 15 et 22 mars prochains, se plient à cette disposition au plus tard lors du dépôt des listes et rendent aussi publics : leur dernier avis d’imposition, l’extrait du bulletin numéro 3 de leur casier judiciaire, une déclaration indiquant s’ils font l’objet d’une mise en examen, l’identité des donateurs et le montant des dons effectués par chacun d’eux pour les besoins de la campagne électorale. Jean-François Casalta a expliqué qu’adopter sa motion contribuerait à « restaurer une confiance qui est aujourd'hui dégradée entre les citoyens, les élus, et les candidats. » Exprimant ainsi le soutien à la motion de l’ensemble des conseillers Partitu di a Nazione Corsa, Julia Tiberi a souligné : « Je rappelle quand même à notre assemblée et notamment à mes collègues de la majorité que nous avons fait une campagne sur la maison de cristal (…) La transparence et l'éthique, en parler, c'est bien. Les pratiquer par des mesures concrètes, c'est encore mieux. » La motion a essuyé des critiques très sévères et a été rejetée par 34 voix contre 23. Elle a aussi suscité un profond malaise au sein de la majorité territoriale. En effet, si les conseillers Partitu di a Nazione Corsa et Corsica Libera ont voté pour, les conseillers Femu a Corsica ont voté contre. A noter que côté opposition, les deux groupes de droite ont voté contre alors que le groupe Per l’Avvene présidé par Jean-Charles Orsucci a opté pour l’abstention.
Gilles Simeoni a relevé le gant
Le malaise susmentionné a été d’autant plus profond qu’en usant de l’image « maison de cristal », Julia Tiberi a directement défié et quelque peu égratigné Gilles Simeoni. En effet, alors qu’il venait d’être élu pour la première fois président du Conseil exécutif, ce dernier avait pris devant l’Assemblée de Corse et l’ensemble des Corses l’engagement d’imposer la transparence en usant des mots suivants (discours du 17 décembre 2015) : « La maxime de Pasquale Paoli doit guider chacun de nos pas et chacun de nos choix. Il faut que notre administration ressemble à une maison de cristal où chacun puisse voir ce qui s’y passe. Toute obscurité mystérieuse entretient l’arbitraire du pouvoir et entretient la méfiance du peuple ». Gilles Simeoni a relevé le gant. Approuvant la prise de position négative de Femu a Corsica à l’encontre de la motion, il a suggéré que le groupe Partitu di a Nazione Corsa versait dans l’électoralisme, l’approximation et le populisme. A l’adresse de Julia Tiberi, il a lancé : « Voter contre, ce n’est pas être contre l’éthique ou revenir sur les engagements pris en commun pour construire la maison de cristal. » A Jean-François Casalta, il a asséné que se posait un « problème de timing » lié à la candidature de l’intéressé « à la fonction de maire de la première ville de Corse » et au fait que la motion s’adressait « principalement à des candidats à cette élection » ; que la motion méritait « un vrai débat de fond » car la loi sur la transparence de la vie publique à laquelle elle faisait référence avait été adoptée « au terme de débats parlementaires longs et denses » ; qu’il fallait se garder de « formes excessives qui peuvent faire basculer, y compris contre notre volonté, de la transparence à une forme d’ingérence et même à une forme de populisme ».
Transparence et éthique parfois brandie sans retenue
Gilles Simeoni a aussi dénoncé le caractère intrusif des dispositions énoncées dans la motion et précisé s’interdire de vouloir les imposer aux élus d’autres collectivités : « Je ne comprends pas qu’on demande à l’ensemble des candidats, voire à leurs conjoints, c’est-à-dire à plusieurs milliers de personnes en Corse, de faire une déclaration qui va très au-delà de celle prévue par la loi, et qui est extrêmement lourde et intrusive (…) Que nous nous l’imposions à nous, certes, mais que nous le fixions comme prescription à des candidats à l’élection d’autres collectivités, ce n’est pas la bonne façon d’aborder ce débat ». Cette prise de position du Président du Conseil Exécutif a sans doute été des plus opportunes. En effet, elle est intervenue dans un contexte où, au sein de la société corse, l’exigence de transparence et d’éthique est parfois brandie sans retenue. Ce qui ouvre la porte avec au voyeurisme et au moralisme. Ce qui est fort dangereux car, avec ces dérapages, il peut être mordue ou franchie la ligne rouge délimitant les domaines de la stigmatisation et de l’ordre liberticide. En prenant fermement position, Gilles Simeoni a signifié qu’il ne se laisserait pas entrainer sur ces terrains, même si cela pouvait s’avérer électoralement payant ou devait révéler un désaccord au sein de la majorité territoriale. Il était utile pour la vie démocratique qu’il rappelle à qui avait affirmé « Quand on est élu, il faut accepter que la sphère privée soit restreinte », que la restriction ne saurait aller jusqu’à la suppression. Il était politiquement pertinent qu’il ne laisse pas à la droite le bénéfice de s’opposer au « voyeurisme » et au « populisme », de dénoncer « un relent des municipales ajacciennes et un contre-exemple de démocratie », de souligner que la motion accentuerait la difficulté « de trouver des volontaires pour intégrer des listes communales ». En se gardant de confondre inquisition et éthique, cristal et vitre de vasistas , le président du Conseil Exécutif s’est montré à la hauteur de sa fonction.
Gilles Simeoni a relevé le gant
Le malaise susmentionné a été d’autant plus profond qu’en usant de l’image « maison de cristal », Julia Tiberi a directement défié et quelque peu égratigné Gilles Simeoni. En effet, alors qu’il venait d’être élu pour la première fois président du Conseil exécutif, ce dernier avait pris devant l’Assemblée de Corse et l’ensemble des Corses l’engagement d’imposer la transparence en usant des mots suivants (discours du 17 décembre 2015) : « La maxime de Pasquale Paoli doit guider chacun de nos pas et chacun de nos choix. Il faut que notre administration ressemble à une maison de cristal où chacun puisse voir ce qui s’y passe. Toute obscurité mystérieuse entretient l’arbitraire du pouvoir et entretient la méfiance du peuple ». Gilles Simeoni a relevé le gant. Approuvant la prise de position négative de Femu a Corsica à l’encontre de la motion, il a suggéré que le groupe Partitu di a Nazione Corsa versait dans l’électoralisme, l’approximation et le populisme. A l’adresse de Julia Tiberi, il a lancé : « Voter contre, ce n’est pas être contre l’éthique ou revenir sur les engagements pris en commun pour construire la maison de cristal. » A Jean-François Casalta, il a asséné que se posait un « problème de timing » lié à la candidature de l’intéressé « à la fonction de maire de la première ville de Corse » et au fait que la motion s’adressait « principalement à des candidats à cette élection » ; que la motion méritait « un vrai débat de fond » car la loi sur la transparence de la vie publique à laquelle elle faisait référence avait été adoptée « au terme de débats parlementaires longs et denses » ; qu’il fallait se garder de « formes excessives qui peuvent faire basculer, y compris contre notre volonté, de la transparence à une forme d’ingérence et même à une forme de populisme ».
Transparence et éthique parfois brandie sans retenue
Gilles Simeoni a aussi dénoncé le caractère intrusif des dispositions énoncées dans la motion et précisé s’interdire de vouloir les imposer aux élus d’autres collectivités : « Je ne comprends pas qu’on demande à l’ensemble des candidats, voire à leurs conjoints, c’est-à-dire à plusieurs milliers de personnes en Corse, de faire une déclaration qui va très au-delà de celle prévue par la loi, et qui est extrêmement lourde et intrusive (…) Que nous nous l’imposions à nous, certes, mais que nous le fixions comme prescription à des candidats à l’élection d’autres collectivités, ce n’est pas la bonne façon d’aborder ce débat ». Cette prise de position du Président du Conseil Exécutif a sans doute été des plus opportunes. En effet, elle est intervenue dans un contexte où, au sein de la société corse, l’exigence de transparence et d’éthique est parfois brandie sans retenue. Ce qui ouvre la porte avec au voyeurisme et au moralisme. Ce qui est fort dangereux car, avec ces dérapages, il peut être mordue ou franchie la ligne rouge délimitant les domaines de la stigmatisation et de l’ordre liberticide. En prenant fermement position, Gilles Simeoni a signifié qu’il ne se laisserait pas entrainer sur ces terrains, même si cela pouvait s’avérer électoralement payant ou devait révéler un désaccord au sein de la majorité territoriale. Il était utile pour la vie démocratique qu’il rappelle à qui avait affirmé « Quand on est élu, il faut accepter que la sphère privée soit restreinte », que la restriction ne saurait aller jusqu’à la suppression. Il était politiquement pertinent qu’il ne laisse pas à la droite le bénéfice de s’opposer au « voyeurisme » et au « populisme », de dénoncer « un relent des municipales ajacciennes et un contre-exemple de démocratie », de souligner que la motion accentuerait la difficulté « de trouver des volontaires pour intégrer des listes communales ». En se gardant de confondre inquisition et éthique, cristal et vitre de vasistas , le président du Conseil Exécutif s’est montré à la hauteur de sa fonction.