L'heure est venue de vider les cellules !
Il est important de construire une relation de confiance entre l'Etat et la mouvance nationaliste
L’heure est venue de vider les cellules
Pour que le processus Darmanin ait une issue positive, il importe de construire une relation de confiance entre l’État et la Corse, et plus encore entre l’État et la mouvance nationaliste. Cela passe notamment par la libération de tous les prisonnier nationalistes.
Ayant été condamné à cinq ans d'emprisonnement, Félix Benedetti, un des dirigeants de Core in Fronte, purge la fin de sa peine sous surveillance électronique (bracelet électronique). Ayant été avisé d’un non-respect par l’intéressé des contraintes de cette mesure d’aménagement de peine, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a demandé la suppression des remises de peine et qu’en conséquence le régime du bracelet électronique soit prolongé d’un an, et ce, alors que la remise en liberté aurait dû intervenir le 3 novembre prochain. Félix Benedetti ne conteste pas qu’un incident soit intervenu mais explique qu’il a été isolé, qu’il est intervenu dans un contexte d’obligations professionnelles (soirée associative organisée dans le débit de boissons que l’intéressé gère à Bastia), qu’il n’a donné lieu qu’à un dépassement de 90 minutes de l’heure obligatoire de retour au domicile, que les autorités judiciaires avaient préalablement été avisées par mail d’un éventuel dépassement d’horaire. Il y a quelques jours, à Bastia, devant la préfecture de la Haute-Corse, des élus et des militants de Core in Fronte ont dénoncé la demande du PNAT et l’on qualifiée d’« acharnement judiciaire ». Des représentants d’Aiutu Paisanu et de Patriotti, deux collectifs de soutien aux prisonniers et anciens prisonniers nationalistes, ainsi qu’une délégation de Femu a Corsica étaient aussi présents. Selon Core in Fronte, la demande du PNAT relève de « la provocation » et de la persistance d’« une logique répressive globale contre celles et ceux qui refusent la stratégie de mise au pas du mouvement national », et va à l’encontre de ce qui est souhaitable alors que débutent les discussions entre le gouvernement et les élus corses car : « Le parquet antiterroriste de Paris n'est, par définition, pas indépendant : il est au plus haut niveau de la pyramide du jacobinisme français et de sa machine d'État. » Core in Fronte estime aussi que si les interventions du PNAT ne cessent pas, cela pourrait conduire à une impasse politique : « La répression ne sera jamais une solution à un problème politique, elle constitue un blocage, une ligne rouge. (…) Nous exigeons de l'Etat français de mettre un terme à ces pratiques répressives, qui sont incompatibles avec un principe de dialogue et de discussions avec la Corse.» Il est bien sûr possible que la demande du PNAT soit rejetée. Mais un mauvais message a été émis et il reste que l’Etat est apparu incapable ou non désireux de « retenir ses chiens de garde » alors que chacun considère qu’il importe, pour que le processus Darmanin ait une issue positive, de construire une relation de confiance entre l’État et la Corse, et plus encore entre l’État et la mouvance nationaliste.
Trois conditions
Pour que la confiance naisse et grandisse, il est trois conditions qui, si elles ne sont pas suffisantes (il y en a en effet bien d’autres), sont incontournables.
Primo : il faut que les militants nationalistes encore emprisonnés soient libérés.
Deuxio : il importe que des tracasseries judiciaires, administratives ou financières ne soient plus infligées aux militants nationalistes ayant purgé leur peine ; et plus particulièrement que soit mis fin au fichage FIJAIT (Fichier des auteurs d'infractions terroristes) dont les collectifs de soutien aux prisonniers et anciens prisonniers nationalistes dénoncent le caractère à la fois infâmant (fichier mis en place après le massacre perpétré au Bataclan) et les obligations attentatoire aux libertés (communiquer son adresse au moins tous les 3 mois, déclarer dans les 15 jours une nouvelle domiciliation, déclarer tout déplacement à l'étranger, se présenter régulièrement au commissariat ou à la gendarmerie, respecter toutes ces obligations durant 10 ans).
Tertio : il convient que toutes les poursuites soient suspendues. L’heure n’est certes pas encore à l’amnistie. En effet, pour imposer aux parlementaires le vote d’une loi d’amnistie, Emmanuel Macron et son gouvernement ne disposent pas de l’atout majeur que représenterait une solution politique.
Mais il est urgent de ne plus attendre pour faire cesser les tracasseries et surtout vider les cellules. Et deux cellules doivent impérativement et immédiatement l’être, celles d’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri. D’autant que le transfèrement des intéressés début avril au centre de détention de Borgu à la suite de la tragédie d’Arles, ne peut être considéré comme ayant été un acte de bonne volonté.
En effet, l’Etat n’a fait que mettre en application ses propres textes. Aujourd’hui, alors que les deux militants sont incarcérés depuis plus de 23 ans, sont en droit de demander une liberté conditionnelle depuis plusieurs années et que cet aménagement de peine leur a été plusieurs fois refusé, il n’est que deux actes qui pourront révéler une bonne volonté de l’Etat : deux décisions de mise en liberté conditionnelle. L’Etat doit d’autant plus ne pas attendre pour vider les cellules qu’il n’a, à ce jour, guère montré la volonté de saisir les mains qui lui ont été tendues. Il a ignoré et même repoussé celles tendues par les organisations clandestines. Il a fait mine ne pas voir celles tendues par les majorités nationalistes de 2015 et 2017. Il a fallu que survienne la tragédie d’Arles, que des milliers de personnes descendent plusieurs fois dans la rue à Corti, Aiacciu et Batia et qu’une partie de la jeunesse de notre île aille au carton contre les force de l’ordre quasiment tous les soirs durant un mois, pour qu’il esquisse le geste d’effleurer les phalanges du Peuple corse.
Et si les portes des prisons restent closes et que la vie est toujours rendue impossible à d’anciens prisonniers, il faudra que les élus corses tapent du poing sur la table lors d’une des réunions de travail du processus Darmanin ! Il sera de leur devoir de le faire car il serait inconcevable que l’on continue de discuter d’une évolution institutionnelle alors que ceux qui ont beaucoup voire tout sacrifié pour que cela devienne possible, restent derrière les barreaux.
Pierre Corsi
Pour que le processus Darmanin ait une issue positive, il importe de construire une relation de confiance entre l’État et la Corse, et plus encore entre l’État et la mouvance nationaliste. Cela passe notamment par la libération de tous les prisonnier nationalistes.
Ayant été condamné à cinq ans d'emprisonnement, Félix Benedetti, un des dirigeants de Core in Fronte, purge la fin de sa peine sous surveillance électronique (bracelet électronique). Ayant été avisé d’un non-respect par l’intéressé des contraintes de cette mesure d’aménagement de peine, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a demandé la suppression des remises de peine et qu’en conséquence le régime du bracelet électronique soit prolongé d’un an, et ce, alors que la remise en liberté aurait dû intervenir le 3 novembre prochain. Félix Benedetti ne conteste pas qu’un incident soit intervenu mais explique qu’il a été isolé, qu’il est intervenu dans un contexte d’obligations professionnelles (soirée associative organisée dans le débit de boissons que l’intéressé gère à Bastia), qu’il n’a donné lieu qu’à un dépassement de 90 minutes de l’heure obligatoire de retour au domicile, que les autorités judiciaires avaient préalablement été avisées par mail d’un éventuel dépassement d’horaire. Il y a quelques jours, à Bastia, devant la préfecture de la Haute-Corse, des élus et des militants de Core in Fronte ont dénoncé la demande du PNAT et l’on qualifiée d’« acharnement judiciaire ». Des représentants d’Aiutu Paisanu et de Patriotti, deux collectifs de soutien aux prisonniers et anciens prisonniers nationalistes, ainsi qu’une délégation de Femu a Corsica étaient aussi présents. Selon Core in Fronte, la demande du PNAT relève de « la provocation » et de la persistance d’« une logique répressive globale contre celles et ceux qui refusent la stratégie de mise au pas du mouvement national », et va à l’encontre de ce qui est souhaitable alors que débutent les discussions entre le gouvernement et les élus corses car : « Le parquet antiterroriste de Paris n'est, par définition, pas indépendant : il est au plus haut niveau de la pyramide du jacobinisme français et de sa machine d'État. » Core in Fronte estime aussi que si les interventions du PNAT ne cessent pas, cela pourrait conduire à une impasse politique : « La répression ne sera jamais une solution à un problème politique, elle constitue un blocage, une ligne rouge. (…) Nous exigeons de l'Etat français de mettre un terme à ces pratiques répressives, qui sont incompatibles avec un principe de dialogue et de discussions avec la Corse.» Il est bien sûr possible que la demande du PNAT soit rejetée. Mais un mauvais message a été émis et il reste que l’Etat est apparu incapable ou non désireux de « retenir ses chiens de garde » alors que chacun considère qu’il importe, pour que le processus Darmanin ait une issue positive, de construire une relation de confiance entre l’État et la Corse, et plus encore entre l’État et la mouvance nationaliste.
Trois conditions
Pour que la confiance naisse et grandisse, il est trois conditions qui, si elles ne sont pas suffisantes (il y en a en effet bien d’autres), sont incontournables.
Primo : il faut que les militants nationalistes encore emprisonnés soient libérés.
Deuxio : il importe que des tracasseries judiciaires, administratives ou financières ne soient plus infligées aux militants nationalistes ayant purgé leur peine ; et plus particulièrement que soit mis fin au fichage FIJAIT (Fichier des auteurs d'infractions terroristes) dont les collectifs de soutien aux prisonniers et anciens prisonniers nationalistes dénoncent le caractère à la fois infâmant (fichier mis en place après le massacre perpétré au Bataclan) et les obligations attentatoire aux libertés (communiquer son adresse au moins tous les 3 mois, déclarer dans les 15 jours une nouvelle domiciliation, déclarer tout déplacement à l'étranger, se présenter régulièrement au commissariat ou à la gendarmerie, respecter toutes ces obligations durant 10 ans).
Tertio : il convient que toutes les poursuites soient suspendues. L’heure n’est certes pas encore à l’amnistie. En effet, pour imposer aux parlementaires le vote d’une loi d’amnistie, Emmanuel Macron et son gouvernement ne disposent pas de l’atout majeur que représenterait une solution politique.
Mais il est urgent de ne plus attendre pour faire cesser les tracasseries et surtout vider les cellules. Et deux cellules doivent impérativement et immédiatement l’être, celles d’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri. D’autant que le transfèrement des intéressés début avril au centre de détention de Borgu à la suite de la tragédie d’Arles, ne peut être considéré comme ayant été un acte de bonne volonté.
En effet, l’Etat n’a fait que mettre en application ses propres textes. Aujourd’hui, alors que les deux militants sont incarcérés depuis plus de 23 ans, sont en droit de demander une liberté conditionnelle depuis plusieurs années et que cet aménagement de peine leur a été plusieurs fois refusé, il n’est que deux actes qui pourront révéler une bonne volonté de l’Etat : deux décisions de mise en liberté conditionnelle. L’Etat doit d’autant plus ne pas attendre pour vider les cellules qu’il n’a, à ce jour, guère montré la volonté de saisir les mains qui lui ont été tendues. Il a ignoré et même repoussé celles tendues par les organisations clandestines. Il a fait mine ne pas voir celles tendues par les majorités nationalistes de 2015 et 2017. Il a fallu que survienne la tragédie d’Arles, que des milliers de personnes descendent plusieurs fois dans la rue à Corti, Aiacciu et Batia et qu’une partie de la jeunesse de notre île aille au carton contre les force de l’ordre quasiment tous les soirs durant un mois, pour qu’il esquisse le geste d’effleurer les phalanges du Peuple corse.
Et si les portes des prisons restent closes et que la vie est toujours rendue impossible à d’anciens prisonniers, il faudra que les élus corses tapent du poing sur la table lors d’une des réunions de travail du processus Darmanin ! Il sera de leur devoir de le faire car il serait inconcevable que l’on continue de discuter d’une évolution institutionnelle alors que ceux qui ont beaucoup voire tout sacrifié pour que cela devienne possible, restent derrière les barreaux.
Pierre Corsi