Quand l'extrême- droite pratique la politique du bouc émissaire
Le Rassemblement national a indubitablement réussi son pari qui était de parvenir à incarner du moins en apparence les aspirations du petit peuple
Le Rassemblement national a indubitablement réussi son pari qui était de parvenir à incarner du moins en apparence les aspirations du petit peuple. Premier parti dans la classe ouvrière, dominant dans la Fonction publique, majoritaire chez les agriculteurs, le RN est toutefois pris dans une tenaille redoutable : d'essence libérale il en est venu à adopter un programme social qui rappelle furieusement celui du PCF des années soixante-dix.
Il doit donc contenter cet électorat qui a fait irruption sur la scène politique avec les Gilets jaunes mais en même temps ne pas inquiéter son aile bourgeoise ultra-réactionnaire. Il a donc adopté un programme centré autour de deux slogans qui ne veulent pas dire grand-chose "populaire et méritocratique", qu'à peu près tous les partis présents sur le marché pourraient adopter. Et pour se distinguer, il a accentué sa campagne contre l'immigration la qualifiant de parasite et de criminogène.
La déception des plus humbles
Les résultats historiques du RN ne doivent pas cacher l'incapacité de ce mouvement à constituer un parti structuré capable de mailler le territoire français dans son ensemble. Un grand nombre de ses cadres avaient rejoint Éric Zemmour avant de rétropédaler. Le RN manque de cadres mais aussi de colonne vertébrale idéologique car on ne construit rien de durable en mettant l'accent sur le négatif. Faire campagne sur la sécurité et l'immigration revient à prendre le risque d'être concurrencé efficacement par la droite mais surtout par l'ancien sarkozyste Gérard Darmanin qui n'hésite pas à jour lui aussi avec les angoisses d'une partie des Français qui s'estiment abandonnés au déclassement par un président au service des riches. Le RN fait fonction de parti protestataire sans réussir à trouver de fondamentaux positifs. Il était contre l'Europe mais ne propose pas de solutions. Il était pour la sortie de l'euro. Ça n'est plus le cas. Il était climatosceptique mais désormais met de l'eau dans son vin et humecte son programme de propositions vaguement écologiques. Pour pallier ses carences, il fait donc haro sur l'étranger en espérant ainsi faire illusion. Aux antipodes de l'échiquier politique la NUPES connaît d'ailleurs de semblables contradictions. Pour l'heure, le président Macron a réussi à assécher ses principaux adversaires sans toutefois contenir la colère ce ceux qui prennent la crise de plein fouet.
Travailleurs français contre immigrés ?
Les députés du RN ont voté l’essentiel des mesures d’aide d’urgence au pouvoir d’achat des ménages, dont l’augmentation de 4 % des pensions de retraite et des prestations sociales, ou le plafonnement de la hausse des loyers à 3,5 %. Mais plus discrètement ils se sont opposés au smic à 1 500 euros afin de satisfaire un électorat de petits entrepreneurs prétextant se battre ainsi contre l'inflation qui serait alimentée par une hausse des salaires, hausse des salaires qui constitue le socle des exigences syndicales. Selon Gilles Ivaldi, chercheur CNRS au Cevipof spécialiste des droites radicales qui a étudié le malaise des classes moyennes inférieures, ou « insiders vulnérables », qui composent une partie de l'électorat RN en plus de la catégorie des « perdants » de la mondialisation aussi appelés les "invisibles, indique dans son ouvrage De Le Pen à Trump : le défi populiste (L’Université de Bruxelles, 2019) « classiquement, ces électeurs se sentent menacés par les élites d’en haut et les gens d’en bas, perçus comme ethnicisés, souligne le chercheur. Or, aujourd’hui, ils rejettent aussi ceux qui ne contribuent pas à la richesse. La figure de l’immigré reste prépondérante, mais s’y ajoute un pan de la société qu’on désigne en France par la notion d’assistanat. » Pour le RN et une partie de la droite, le grand coupable de la crise économique serait donc l'immigré, vieille antienne qui existe depuis que les États-nation se sont constitués. Hier l'Italien et le Polonais, puis le Juif et enfin l'Arabe. Le grand changement est que désormais une partie des classes moyennes ont adopté cette triste argumentation.
Haro sur l'étranger
Marine Le Pen, coincée entre ses deux électorats se concentre sur l’étranger avec un corpus nationaliste qui n’a pas varié et qu'on retrouve chez toutes les extrêmes droites du monde depuis l'italienne jusqu'à la nord américaine en passant par la hongroise. Bottant en touche quand il s'agit d'aligner un programme crédible, le RN désigne donc l'étranger comme source de tous nos malheurs, contre vérité qui ne tient pas la route quand on la confronte à la réalité économique. Mais qu'importe ! La petite chanson xénophobe est toujours porteuse surtout quand on est dans l'opposition.
Il doit donc contenter cet électorat qui a fait irruption sur la scène politique avec les Gilets jaunes mais en même temps ne pas inquiéter son aile bourgeoise ultra-réactionnaire. Il a donc adopté un programme centré autour de deux slogans qui ne veulent pas dire grand-chose "populaire et méritocratique", qu'à peu près tous les partis présents sur le marché pourraient adopter. Et pour se distinguer, il a accentué sa campagne contre l'immigration la qualifiant de parasite et de criminogène.
La déception des plus humbles
Les résultats historiques du RN ne doivent pas cacher l'incapacité de ce mouvement à constituer un parti structuré capable de mailler le territoire français dans son ensemble. Un grand nombre de ses cadres avaient rejoint Éric Zemmour avant de rétropédaler. Le RN manque de cadres mais aussi de colonne vertébrale idéologique car on ne construit rien de durable en mettant l'accent sur le négatif. Faire campagne sur la sécurité et l'immigration revient à prendre le risque d'être concurrencé efficacement par la droite mais surtout par l'ancien sarkozyste Gérard Darmanin qui n'hésite pas à jour lui aussi avec les angoisses d'une partie des Français qui s'estiment abandonnés au déclassement par un président au service des riches. Le RN fait fonction de parti protestataire sans réussir à trouver de fondamentaux positifs. Il était contre l'Europe mais ne propose pas de solutions. Il était pour la sortie de l'euro. Ça n'est plus le cas. Il était climatosceptique mais désormais met de l'eau dans son vin et humecte son programme de propositions vaguement écologiques. Pour pallier ses carences, il fait donc haro sur l'étranger en espérant ainsi faire illusion. Aux antipodes de l'échiquier politique la NUPES connaît d'ailleurs de semblables contradictions. Pour l'heure, le président Macron a réussi à assécher ses principaux adversaires sans toutefois contenir la colère ce ceux qui prennent la crise de plein fouet.
Travailleurs français contre immigrés ?
Les députés du RN ont voté l’essentiel des mesures d’aide d’urgence au pouvoir d’achat des ménages, dont l’augmentation de 4 % des pensions de retraite et des prestations sociales, ou le plafonnement de la hausse des loyers à 3,5 %. Mais plus discrètement ils se sont opposés au smic à 1 500 euros afin de satisfaire un électorat de petits entrepreneurs prétextant se battre ainsi contre l'inflation qui serait alimentée par une hausse des salaires, hausse des salaires qui constitue le socle des exigences syndicales. Selon Gilles Ivaldi, chercheur CNRS au Cevipof spécialiste des droites radicales qui a étudié le malaise des classes moyennes inférieures, ou « insiders vulnérables », qui composent une partie de l'électorat RN en plus de la catégorie des « perdants » de la mondialisation aussi appelés les "invisibles, indique dans son ouvrage De Le Pen à Trump : le défi populiste (L’Université de Bruxelles, 2019) « classiquement, ces électeurs se sentent menacés par les élites d’en haut et les gens d’en bas, perçus comme ethnicisés, souligne le chercheur. Or, aujourd’hui, ils rejettent aussi ceux qui ne contribuent pas à la richesse. La figure de l’immigré reste prépondérante, mais s’y ajoute un pan de la société qu’on désigne en France par la notion d’assistanat. » Pour le RN et une partie de la droite, le grand coupable de la crise économique serait donc l'immigré, vieille antienne qui existe depuis que les États-nation se sont constitués. Hier l'Italien et le Polonais, puis le Juif et enfin l'Arabe. Le grand changement est que désormais une partie des classes moyennes ont adopté cette triste argumentation.
Haro sur l'étranger
Marine Le Pen, coincée entre ses deux électorats se concentre sur l’étranger avec un corpus nationaliste qui n’a pas varié et qu'on retrouve chez toutes les extrêmes droites du monde depuis l'italienne jusqu'à la nord américaine en passant par la hongroise. Bottant en touche quand il s'agit d'aligner un programme crédible, le RN désigne donc l'étranger comme source de tous nos malheurs, contre vérité qui ne tient pas la route quand on la confronte à la réalité économique. Mais qu'importe ! La petite chanson xénophobe est toujours porteuse surtout quand on est dans l'opposition.