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LÎle de l'enfant roi !

Ce sont les jeunes Corses qui reçoivent en moyenne le plus d'argent de poche de toutes les régions de France

L’île de l’enfant-roi

Selon le « Teenage Lab », un outil d’analyse des habitudes de consommation des adolescents créé par Pixplay, le spécialiste en ligne de la carte de crédit pour les plus jeunes ce sont les jeunes Corses qui reçoivent en moyenne le plus d’argent de poche de toutes les régions de France. Une moyenne qui cependant cache mal des disparités sociales importantes.

Une moyenne nationale de 33 €


Selon le dernier baromètre Pixpay, le montant moyen de l’argent de poche donné par les parents français à leurs enfants a poursuivi sa progression en 2022. Il s’élève aujourd’hui à 33 € par mois, contre 31 € en 2021. Cette augmentation de 6,45 % est supérieure à l’inflation prévue pour 2022 (+5,5 % [1]). Les enquêteurs ont établi une échelle selon l’âge : 23 € pour les 10-12 ans, 26 € pour les 12-14 ans, 31 € pour les 14-16 ans, 41 € pour les 16-18 ans et 45 € pour les 18 ans et plus. En fait, les sommes sont bien supérieures puisqu’un adolescent sur deux seulement est l’heureux bénéficiaire de la prodigalité parentale. Un autre paramètre joue : la région d’habitation. Touchant 50 € en moyenne par mois, les jeunes Corses sont les grands gagnants avec une moyenne de 50 €. Juste derrière les ados de la PACA reçoivent 37 € soit treize euros de moins. Viennent ensuite les Franciliens ainsi que les Bourguignons et Francs-Comtois, qui perçoivent 35 €. À l’autre bout du classement, loin, très loin, les jeunes Bretons et Normands reçoivent une moyenne de 28 €.

La région la « plus pauvre » de France


Voilà donc le couplet sur « la Corse, la région la plus pauvre de France » largement battu en brèche par la possession de grosses voitures, les dépenses en vêtements de marque et, désormais, l’achat de voitures sans permis notés en Corse. Les immatriculations de ces véhicules pour adolescents ont doublé en Corse entre 2016 et 2020. « C’est un phénomène de mode chez les jeunes, a déclaré Alain Rivoira, concessionnaire des marques Ligier et Microcar à Corse-Matin. Depuis cinq ou six ans, on est sur une progression annuelle des ventes de l’ordre de 60 à 70 %, et la plupart concernent des adolescents. » Un phénomène de mode, dit-il qui coûte en moyenne 14 000 € par véhicule. C’est dire si dans « la région la plus pauvre de France », des centaines voir des milliers de familles ont des moyens que d’autres régions ne possèdent pas.

Une société d’enfants gâtés


On pourrait évidemment tirer la conclusion que les adultes se saignent aux quatre veines pour offrir à leur progéniture le meilleur : chaussures à plusieurs centaines d’euros, téléphone portable de la marque à la pomme, etc. Mais tout de même, il faut avoir l’argent nécessaire à de tels cadeaux. Et on est bien obligés de trouver une explication à cette abondance : alors s'agirait-il d'une économie souterraine profitant à des dizaines de milliers de personnes ou de l’existence d’une fracture sociale gigantesque entre une nouvelle bourgeoisie arrogante et une masse de Corses qui vivotent. Car enfin si la moitié des adolescents ne reçoivent rien cela signifie que la moyenne par ados chanceux est au moins de cent euros. Tous ces éléments donnent le tournis d’autant qu’en se baladant dans la Corse urbanisée, on ne sent pas franchement la misère, mais plutôt une société d’enfants gâtés.

Une société fracturée


Tout récemment des employés du Leroy-Merlin de Bastia ont entamé une grève à l’appel de la CGT afin d’obtenir une revalorisation de leurs salaires. Cette revendication est plus que légitime alors que tous les prix ont fait un saut de géant spéculation et inflation obligent. Difficile de croire que ces soutiers de la société de consommation couvrent leurs enfants de cadeaux aussi coûteux qu’inutiles. C’est vers eux que notre sympathie et notre solidarité doivent aller et non vers des gamins qui croient qu’un individu ne vaut que par l’apparence qu’il présente. Il suffit d’aller traîner dans les lieux de nuit pour constater que la jeunesse dorée corse ne se gêne pas pour afficher les signes ostentatoires d’une richesse d’autant plus indécente que la majorité de la population se serre la ceinture. Enfin et surtout est-ce vraiment rendre service à notre jeunesse que de lui laisser croire que ce lucre est le summum de la réussite. N’allons pas ensuite nous étonner d’apprendre que le trafic de drogue sévit partout en Corse et que des adolescentes se prostituent pour se payer des babioles à plusieurs centaines d’euros.

GXC
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