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Réchauffement climatique : l'oliveraie espagnole n'aime vraiment pas

Jusqu'à ces dernières années, le secteur de l'huile d'olive espoagnole bénéficiait d'un contexte très favorable.....
Réchauffement climatique : l’oliveraie espagnole n’aime vraiment pas

Jusqu’à ces dernières années, le secteur de l’huile d’olive espagnole bénéficiait d’un contexte très favorable qui dopait la demande et ouvrait de nombreux marchés. Mais, sous l’effet du réchauffement climatique, tout change.

En Espagne, 2 500 000 hectares de terres agricoles sont consacrés à l’olivier. Cela représente environ 340 millions d’arbres. L’Espagne estd’ailleurs le leader mondial de l’huile d’olive (plus de 50% de la production mondiale annuelle, soit 1 500 000 à 1 700 000 tonnes produitesdont 60 % exportées). L'oléiculture est présente aux quatre coins du pays : dans le nord (Rioja, Navarra, Aragón, Catalunya), le centre-ouest(Castilla-Mancha, Extremadura), l’est (Valencia, Murcia, Islas Baleares) et le sud (Andalucia). La production est assurée par des haciendas qui privilégient la standardisation du produit et le rendement ainsi que par des petites exploitations qui tablent sur des critères qualitatifs tels que le bio, l’excellence gustative et la préservation d’un patrimoine oléicole constitué de plus de 200 variétés.
L’Association Interprofessionnelle Espagnole de l’Huile d’Olive défend les intérêts collectifs et individuels de 400 000 oléiculteurs, 1755 huileries, 1500 conditionneurs et 22 raffineries. Jusqu’à ces dernières années, le secteur de la production et de la commercialisation de l’huile d’olivebénéficiait d’un contexte très favorable qui dopait la demande et ouvrait de nombreux marchés.
En effet, les professionnels de la santé vantaient les apports bénéfiques de plusieurs substances présentes dans l’huile d’olive et les autorités sanitaires de l’Union Européenne avaient reconnu que les graisses non saturées de l’huile d’olive limitent et même réduisent le taux de cholestérol dans le sang, et quel’huile d’olive contribue à la protection des cellules contre l’oxydation. Mais, sous l’effet du réchauffement climatique, le contexte est devenu moins favorable. La demande reste mais il va être difficile de la satisfaire.

Attractive pistache

Cette année, les températures printanières et estivales très élevées et la diminution des précipitations ayant entraîné une sécheresse qui a duré plusieurs mois, le tonnage de la production espagnole d’huile d’olive sera, selon les prévisions les plus optimistes, inférieur de 40 % à celui de l’an passé. Alors qu’il était d’environ 1,5 million de tonnes, il dépassera tout juste 900 000 tonnes. Cependant le plus difficile est à venir. Les experts estiment que si le réchauffement climatique perdure, la production annuelle d’huile d’olive de l’Espagne resteradurablement et considérablement inférieure à celle des années fastes car, pour résister à un climat plus chaud et plus sec, les oliviers rendront moins. Dans les années qui viennent, il y aura donc moins d’huile d’olive sur le marché.
La réduction de l’offre pourrait même être accentuée. En effet, certains oléiculteurs espagnols envisagent de remplacer l’olive par la pistache car, même si les propriétés culinaires de son huile sont moindres que celle de l’huile d’olive, ce fruit est plus facile à produire que l’olive (le pistachier s’accommode d’un sol acide, alcalin ou même salé, pauvre en terre arable), plus rémunérateur à la vente (1 € au producteur pour un kilo d’olives, 6 à 8 € pour un kilo de pistaches) et plus adapté au réchauffement climatique (le pistachier et son fruit supportent la chaleur et le froid).
La culture naissante de la pistache est d’ailleurs déjà encouragée en Castilla-Mancha car les élus de cette région pauvre et affectée par le dépeuplement de ses espaces ruraux, y voient un moyen de faire revenir des familles qui ont abandonné la campagne pour la ville parce qu'elles ne pouvaient plus vivre de l’activité agricole. Cependant deux bémols laissent à l’oliveraie espagnole des chances importantes de ne pas être l’objet d’un systématique « grand remplacement ».
Il faut au moins sept à dix ans avant d’obtenir la première récolte satisfaisante de pistaches ; les pistachiers résistent bien à la sécheresse mais une irrigation abondante est nécessaire durant l’été quand les noyaux de leurs fruits sont dans leur période de remplissage.



Alexandra Sereni




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