IVG, accés inégal, droit fragile
Le 28 septembre , c'était la journée mondiale du droit à l'avortement.
IVG, droit fragile, accès inégal
Le 28 septembre, c’était la journée mondiale du droit à l’avortement. Un droit qui fait toujours débat et qui polarise les extrêmes, entre ceux qui défendent le droit d’y accéder, et les défenseurs de la vie qui veulent interdire toute forme d’interruption de grossesse. C’est un sujet qui mêle science, éthique, vie privée et propriété de soi.
Un droit fragile
Le droit à l’avortement est régulièrement remis en cause par certains pays comme la Pologne en 2020 ou les États-Unis en 2022. L’IVG est un droit pour lequel les femmes ne cessent de se battre. Cet été, la municipalité de Bastia a décidé d'adopter une motion communale pour réaffirmer le droit fondamental à l'interruption volontaire de grossesse en Corse, France, en Europe et dans le monde. Ce texte réaffirme « que les droits fondamentaux des femmes incluent la maîtrise de leur corps, de leur sexualité et la liberté de décision en matière de procréation, cette condition étant indispensable pour la construction de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. » Et affirme la nécessité de garantir l’accès des femmes à une information de qualité, à une contraception adaptée et à l’avortement sûr et légal. La motion soutient aussi « toutes démarches visant à l’imprescriptibilité du droit à l’avortement, notamment par son inscription dans la Constitution ou dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. » Car dans la plupart des autres pays du monde, si l’avortement n’est pas interdit, il reste très encadré par l’État. L’accès à l’avortement varie d’un pays à l’autre en fonction de la culture, du niveau de technologie et de l’importance de la religion. En 2020, la question de l’accès à l’IVG en France a fait l’objet d’un rapport parlementaire qui a abouti à la loi du 2 mars 2022 visant à renforcer ce droit (avec, notamment, l’allongement du délai à la quatorzième semaine de grossesse).
Ils vécurent heureux…
La question de l’avortement et donc de la régulation des naissances est directement liée à celui du rôle des femmes dans la société. Encore aujourd’hui, malgré les évolutions des mentalités, il n’est pas acquis qu’une femme peut ambitionner autre chose que d’être mère. Le carcan traditionnel est qu’une femme doit créer un foyer et s’occuper des enfants. La valeur de la femme est de fonder une famille, c’est ainsi qu’elle est reconnue socialement. La pression sociale est le premier frein à cette liberté de disposer de son corps. La conclusion des contes de fées est bien d’avoir des enfants, pas d’avorter. Ce qui est inculqué dès le plus jeune âge n’est pas en phase avec une liberté de ne pas procréer. D’ailleurs, l’absence d’éducation sexuelle dans de nombreux pays ou son insuffisance dans la plupart de ceux où elle est pratiquée constitue un frein à l’évolution des mentalités. Il est urgent d’informer dès l’adolescence sur la sexualité et la connaissance des différents moyens de contraception. Ce sujet est encore trop tabou. Il est pourtant nécessaire, car c’est parmi les 20-29 ans que les avortements sont les plus fréquents en France.
Un acte médical
Il existe trois types d’interruption de grossesse : l’utilisation de la pilule du lendemain, le recours à un traitement médicamenteux en tout début de grossesse et l’intervention chirurgicale. Les IVG peuvent être effectuées à l’hôpital, dans les centres de santé ou de planification et d’éducation familiale, ou dans des cabinets en ville (généralistes, gynécologues, sages-femmes). Mais c’est un acte médical peu valorisé et considéré comme peu valorisant. Seule une poignée de praticiens le prennent en charge. L’accès à l’IVG demeure donc fragile et inégal ; il dépend du profil, du lieu de résidence ou du niveau social des femmes qui souhaitent y avoir recours, comme le montre le dernier rapport de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). L’accès à l’IVG pâtit aussi du contexte actuel d’inégal accès aux soins sur le territoire français. En France, le délai qui s’écoule entre la première demande pour une IVG et sa réalisation est en moyenne de 7,4 jours. Le Planning familialestime que, depuis quinze ans, 130 centres d’IVG ont fermé leurs portes. Conséquence, 17,2 % des avortements en France sont réalisés hors du département de résidence des femmes. Quand bien même le droit à l’avortement serait inscrit dans la Constitution, son accès resterait difficile tant que les structures et les praticiens sont en souffrance.
Maria Mariana
Le 28 septembre, c’était la journée mondiale du droit à l’avortement. Un droit qui fait toujours débat et qui polarise les extrêmes, entre ceux qui défendent le droit d’y accéder, et les défenseurs de la vie qui veulent interdire toute forme d’interruption de grossesse. C’est un sujet qui mêle science, éthique, vie privée et propriété de soi.
Un droit fragile
Le droit à l’avortement est régulièrement remis en cause par certains pays comme la Pologne en 2020 ou les États-Unis en 2022. L’IVG est un droit pour lequel les femmes ne cessent de se battre. Cet été, la municipalité de Bastia a décidé d'adopter une motion communale pour réaffirmer le droit fondamental à l'interruption volontaire de grossesse en Corse, France, en Europe et dans le monde. Ce texte réaffirme « que les droits fondamentaux des femmes incluent la maîtrise de leur corps, de leur sexualité et la liberté de décision en matière de procréation, cette condition étant indispensable pour la construction de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. » Et affirme la nécessité de garantir l’accès des femmes à une information de qualité, à une contraception adaptée et à l’avortement sûr et légal. La motion soutient aussi « toutes démarches visant à l’imprescriptibilité du droit à l’avortement, notamment par son inscription dans la Constitution ou dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. » Car dans la plupart des autres pays du monde, si l’avortement n’est pas interdit, il reste très encadré par l’État. L’accès à l’avortement varie d’un pays à l’autre en fonction de la culture, du niveau de technologie et de l’importance de la religion. En 2020, la question de l’accès à l’IVG en France a fait l’objet d’un rapport parlementaire qui a abouti à la loi du 2 mars 2022 visant à renforcer ce droit (avec, notamment, l’allongement du délai à la quatorzième semaine de grossesse).
Ils vécurent heureux…
La question de l’avortement et donc de la régulation des naissances est directement liée à celui du rôle des femmes dans la société. Encore aujourd’hui, malgré les évolutions des mentalités, il n’est pas acquis qu’une femme peut ambitionner autre chose que d’être mère. Le carcan traditionnel est qu’une femme doit créer un foyer et s’occuper des enfants. La valeur de la femme est de fonder une famille, c’est ainsi qu’elle est reconnue socialement. La pression sociale est le premier frein à cette liberté de disposer de son corps. La conclusion des contes de fées est bien d’avoir des enfants, pas d’avorter. Ce qui est inculqué dès le plus jeune âge n’est pas en phase avec une liberté de ne pas procréer. D’ailleurs, l’absence d’éducation sexuelle dans de nombreux pays ou son insuffisance dans la plupart de ceux où elle est pratiquée constitue un frein à l’évolution des mentalités. Il est urgent d’informer dès l’adolescence sur la sexualité et la connaissance des différents moyens de contraception. Ce sujet est encore trop tabou. Il est pourtant nécessaire, car c’est parmi les 20-29 ans que les avortements sont les plus fréquents en France.
Un acte médical
Il existe trois types d’interruption de grossesse : l’utilisation de la pilule du lendemain, le recours à un traitement médicamenteux en tout début de grossesse et l’intervention chirurgicale. Les IVG peuvent être effectuées à l’hôpital, dans les centres de santé ou de planification et d’éducation familiale, ou dans des cabinets en ville (généralistes, gynécologues, sages-femmes). Mais c’est un acte médical peu valorisé et considéré comme peu valorisant. Seule une poignée de praticiens le prennent en charge. L’accès à l’IVG demeure donc fragile et inégal ; il dépend du profil, du lieu de résidence ou du niveau social des femmes qui souhaitent y avoir recours, comme le montre le dernier rapport de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). L’accès à l’IVG pâtit aussi du contexte actuel d’inégal accès aux soins sur le territoire français. En France, le délai qui s’écoule entre la première demande pour une IVG et sa réalisation est en moyenne de 7,4 jours. Le Planning familialestime que, depuis quinze ans, 130 centres d’IVG ont fermé leurs portes. Conséquence, 17,2 % des avortements en France sont réalisés hors du département de résidence des femmes. Quand bien même le droit à l’avortement serait inscrit dans la Constitution, son accès resterait difficile tant que les structures et les praticiens sont en souffrance.
Maria Mariana