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Insupportable ...

La demande de liberté conditionnelle faite par Pierre Alessandri a été une nouvelle fois rejetée par la Cour d'appel de Paris...
Insupportable…

La demande de liberté conditionnelle faite par Pierre Alessandri a été une nouvelle fois rejetée par la Cour d'appel de Paris a annoncé le parquet général qui, rappelons-le dépend du garde des Sceaux. Cet acharnement vindicatoire de la part d'une justice censée peser le pour et le contre est proprement insupportable. Le prétexte est le risque de trouble à l'ordre public alors qu'après la mort d'Yvan Colonna c'était justement le transfert de ces deux hommes en Corse qui avait permis de retrouver l'ordre public.

Un État incohérent


En signe de protestation et d'indignation solennelle, la Conférence des Présidents de l'Assemblée de Corse a suspendu leur session en cours. Ils qualifient cette décision de justice "d'injuste et incompréhensible". Les élus corses considèrent "que le maintien en détention de Pierre Alessandri comme celui d'Alain Ferrandi pourraient être générateurs d'un tel trouble" et que cette décision "contrevient à la logique d'apaisement qui conditionne le bon déroulement et la réussite du processus de négociation engagé entre la Corse et l’État". De son côté Core in Fronte a annoncé suspendre, "pour l'heure, sa participation au dialogue actuel avec l'État". Le mouvement politique estime que ce rejet est une "nouvelle provocation" et que ça n'est "pas une décision de justice qui a été rendue mais une décision d'État instrumentalisée par le Parquet". Que dire de cette décision sinon qu'elle démontre la non-maîtrise par l'État du processus de discussion qui s'est engagé entre les responsables corses et le ministre de l'Intérieur.

Une vengeance interne à l'État


On le sait désormais : quand l'État veut imposer une décision à la justice il y parvient. Cela a été démontré avec le transfert d'Alessandri et de Ferrandi après l'assassinat d'Yvan Colonna. Ce qui paraissait impossible s'est soudain débloqué après les émeutes de Bastia. Là, on nous rebat les oreilles avec l'indépendance de la justice. Qu'espère le pouvoir ? De nouvelles émeutes ? Et qu'en sera-t-il alors du processus de discussion ? N'est-ce pas là mettre Gilles Simeoni dans une situation particulièrement difficile ? Il me vient une autre explication que la vengeance d'État. Ne serait-ce pas là le résultat de la guéguerre à laquelle se livrent le ministre de la Justice et le ministre de l’Intérieur ? Il est toujours difficile d’analyser avec une pensée cohérente une attitude qui semble ne pas l’être. La seule constatation qui puisse être faite est que la décision prise par la Cour d’appel est parfaitement stupide dans la forme et dans le fond. Elle ne peut qu’entraîner des troubles à l’ordre public et qui, pour le coup, seraient parfaitement justifiée puisqu’il semblerait qu’en haut lieu on ne comprenne que ça. C’est discréditer celles et ceux qui ont mis toute leur responsabilité dans le processus de dialogue qui, s’il échouait, donnerait des armes redoutables aux plus radicaux.

L’État doit revoir sa copie


Malheureusement le mal est fait. Si l’État impose à la Cour d’appel une rétrogradation, il aura fait (une fois de plus) que la justice n’est pas indépendante. S’il n’agit pas dans ce sens, il détruit toutes les avancées auxquelles étaient parvenues les deux parties négociatrices. Mais la vérité est que ce sinistre rigodon devient parfaitement insupportable. Si la prison n’est que l’outil d’une vengeance étatique, autant le dire sans fioriture. Si au contraire c’est évidemment une punition, mais aussi un moyen de réinsertion alors les magistrats ne montrent pas la bonne direction. Cela fait vingt-trois ans que les deux détenus purgent leur peine. Ils sont libérables depuis cinq ans. On n’ose penser à ce qui pourrait se passer s’il arrivait un drame à l’un d’entre eux. C’est la nécessaire confiance entre la Corse et Paris qui vient d’être salement écornée. Il est encore temps de corriger cette « maladresse ». Mais il faut faire vite.

Un processus qui donne le sentiment de bafouiller


On ne peut pas engager un processus de discussion comme celui auquel nous assistons sans que la responsabilité de l’État ne soit entièrement engagée. Mais il ne s’agit pas d’un petit bout de l’État. Le ministre de l’Intérieur engage toutes les parties de l’État français. Il ne peut aujourd’hui se défausser sur des turbulences internes. Il représente et le gouvernement dans son ensemble et le président de la République. Ils seront jugés aux actes et non aux paroles.

GXC
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