Les droites extrêmes européennes progressent à pas de géant
Les droites extrêmes dévorent chaque année des territoires hier dévolus à la gauche.
Les droites extrêmes européennes progressent à pas de géan
Alors que l’alliance des droites remporte la victoire en Italie, les droites extrêmes dévorent chaque année des territoires hier dévolus à la gauche.
Une Europe aux sombres couleurs
La victoire du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) d'extrême droite aux élections législatives autrichiennes l'année dernière a vu la constitution d'un gouvernement composé de six ministres sur treize issu de cette formation politique nationaliste et ouvertement xénophobe. Cette victoire conforte celle de l'extrême droite néonazie allemande le 24 septembre 2017, qui a littéralement envahi le Bundestag avec 92 élus issus du parti « anti-immigration », Alternative pour l'Allemagne (AfD). En Hongrie, depuis mai 2010, le Premier ministre Viktor Orbán, du Fidesz, le parti ultraconservateur, dirige le pays. Il a été réélu pour un second mandat en avril 2014, avec 44,5 % des suffrages et compose désormais avec le parti d'extrême droite Jobbik, arrivé lui, à 20 %. La Pologne est, elle aussi, sous le feu des projecteurs pour son virage réactionnaire : les lois contre la liberté de la presse, contre l'avortement, contre les étrangers, les menaces du PiS — le parti au pouvoir — contre les journalistes, contre les homosexuels, se succèdent et font planer une ombre menaçante sur ce pays de 38 millions d'habitants, membre de l'UE depuis 2004. Désormais, la Roumanie, la Bulgarie et en règle générale les satellites de l'ancienne URSS, incapables de trouver leur voie au sein du libéralisme, adopte une ligne de conduite d'extrême-droite. Mais désormais ce sont l'Italie, la Suède qui tombent dans la marmite. Sans oublier la France où tout de même Marine Le Pen a failli l'emporter.
Et le monde n'est pas mieux
La démocratie est une denrée rare sur la planète. La Chine et l'Inde, chacun a sa manière cultive sa dictature. Si on y ajoute la Russie mais aussi bon nombre de pays africains, on doit bien constater que l'espèce humaine vit largement sous le joug de systèmes antidémocratiques. Et les religions sont souvent les habits de ces guerres de pouvoir et de territoires. L'Inde de Modi professe un hindouisme ravageur pour le christianisme et l'islam.
Le christianisme et le judaïsme ont quasiment disparu de leur berceau moyen oriental, au prix de massacres incessants. Aux États-Unis, le confessionnalisme évangélique, pro Trump, revendique près de cent millions de citoyens et étend désormais ses tentacules dans le monde entier, première ligne d'une offensive américaine généralisée.
Alors le fascisme serait-il de retour ?
Notre époque est différente de celle des années 1930 au moins sur un point essentiel. La crise n'a pas permis que se développent les idéologies totalitaires à vocation universalistes. Les forces de l'Axe (Allemagne nazie, Italie fasciste et le Japon impérial) n'existent pas même si on peut noter de tentatives de regroupement ultra-réactionnaire comme le groupe de Visegrad. Le stalinisme n'a jamais fait souche quand bien même la Russie de Poutine traduit indéniablement une volonté de recréer l'empire russe. Un facteur déterminant a donc disparu : la puissance de volonté idéologique.
Plus aucun régime ne prétend apporter le bonheur sur terre avec ou au détriment des peuples. La crise actuelle est le produit de la rencontre d'une crise systémique et financière avec une mondialisation qui écrase sans pitié les faibles avec ses conséquences diverses notamment sur le climat et l'immigration.
C'est sur ce facteur de plus en plus important que se focalisent les couches les plus humbles des peuples qui trouvent là un bouc émissaire facile et craignent de perdre le peu d'acquis qui leur restent. En niant ce phénomène, la gauche s'est lentement suicidée laissant à la droite la plus extrême une autoroute à emprunter. La montée relative de l'extrême droite (toujours sur fond d'abstention massive) a pris d'autant plus de relief que les partis de gauche ont donné le sentiment de ne plus défendre qu'une moyenne bourgeoisie avide de mondialisation. Des pans entiers de l'électorat communiste se sont réfugiés dans l'abstention ou dans le vote de la droite extrême. Le wokisme, ce vent d'intolérance venu d'outre-Atlantique a précipité ce qu'il convient de nommer un vote « petit blanc » sans qu'on y voie une quelconque connotation méprisante.
Une tendance générale et de longue durée
Le monde se replie sur les nations ou recherche la grandeur passée des empires, les individus sur leurs stricts intérêts vitaux. Plutôt que hurler au fascisme, les forces de gauche devraient comprendre que lorsque la situation change au niveau planétaire, il faut savoir l'analyser et en tirer des conséquences pour aller jusqu'aux marges de l'acceptable. L'idée de partage n'est plus de mise. Alors peut-être faudrait-il continuer à se battre pour les rêves d'un socialisme planétaire. Mais alors il va aussi falloir accepter une très longue traversée du désert. Le choix est désormais entre se droitiser ou crever.
GXC
Alors que l’alliance des droites remporte la victoire en Italie, les droites extrêmes dévorent chaque année des territoires hier dévolus à la gauche.
Une Europe aux sombres couleurs
La victoire du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) d'extrême droite aux élections législatives autrichiennes l'année dernière a vu la constitution d'un gouvernement composé de six ministres sur treize issu de cette formation politique nationaliste et ouvertement xénophobe. Cette victoire conforte celle de l'extrême droite néonazie allemande le 24 septembre 2017, qui a littéralement envahi le Bundestag avec 92 élus issus du parti « anti-immigration », Alternative pour l'Allemagne (AfD). En Hongrie, depuis mai 2010, le Premier ministre Viktor Orbán, du Fidesz, le parti ultraconservateur, dirige le pays. Il a été réélu pour un second mandat en avril 2014, avec 44,5 % des suffrages et compose désormais avec le parti d'extrême droite Jobbik, arrivé lui, à 20 %. La Pologne est, elle aussi, sous le feu des projecteurs pour son virage réactionnaire : les lois contre la liberté de la presse, contre l'avortement, contre les étrangers, les menaces du PiS — le parti au pouvoir — contre les journalistes, contre les homosexuels, se succèdent et font planer une ombre menaçante sur ce pays de 38 millions d'habitants, membre de l'UE depuis 2004. Désormais, la Roumanie, la Bulgarie et en règle générale les satellites de l'ancienne URSS, incapables de trouver leur voie au sein du libéralisme, adopte une ligne de conduite d'extrême-droite. Mais désormais ce sont l'Italie, la Suède qui tombent dans la marmite. Sans oublier la France où tout de même Marine Le Pen a failli l'emporter.
Et le monde n'est pas mieux
La démocratie est une denrée rare sur la planète. La Chine et l'Inde, chacun a sa manière cultive sa dictature. Si on y ajoute la Russie mais aussi bon nombre de pays africains, on doit bien constater que l'espèce humaine vit largement sous le joug de systèmes antidémocratiques. Et les religions sont souvent les habits de ces guerres de pouvoir et de territoires. L'Inde de Modi professe un hindouisme ravageur pour le christianisme et l'islam.
Le christianisme et le judaïsme ont quasiment disparu de leur berceau moyen oriental, au prix de massacres incessants. Aux États-Unis, le confessionnalisme évangélique, pro Trump, revendique près de cent millions de citoyens et étend désormais ses tentacules dans le monde entier, première ligne d'une offensive américaine généralisée.
Alors le fascisme serait-il de retour ?
Notre époque est différente de celle des années 1930 au moins sur un point essentiel. La crise n'a pas permis que se développent les idéologies totalitaires à vocation universalistes. Les forces de l'Axe (Allemagne nazie, Italie fasciste et le Japon impérial) n'existent pas même si on peut noter de tentatives de regroupement ultra-réactionnaire comme le groupe de Visegrad. Le stalinisme n'a jamais fait souche quand bien même la Russie de Poutine traduit indéniablement une volonté de recréer l'empire russe. Un facteur déterminant a donc disparu : la puissance de volonté idéologique.
Plus aucun régime ne prétend apporter le bonheur sur terre avec ou au détriment des peuples. La crise actuelle est le produit de la rencontre d'une crise systémique et financière avec une mondialisation qui écrase sans pitié les faibles avec ses conséquences diverses notamment sur le climat et l'immigration.
C'est sur ce facteur de plus en plus important que se focalisent les couches les plus humbles des peuples qui trouvent là un bouc émissaire facile et craignent de perdre le peu d'acquis qui leur restent. En niant ce phénomène, la gauche s'est lentement suicidée laissant à la droite la plus extrême une autoroute à emprunter. La montée relative de l'extrême droite (toujours sur fond d'abstention massive) a pris d'autant plus de relief que les partis de gauche ont donné le sentiment de ne plus défendre qu'une moyenne bourgeoisie avide de mondialisation. Des pans entiers de l'électorat communiste se sont réfugiés dans l'abstention ou dans le vote de la droite extrême. Le wokisme, ce vent d'intolérance venu d'outre-Atlantique a précipité ce qu'il convient de nommer un vote « petit blanc » sans qu'on y voie une quelconque connotation méprisante.
Une tendance générale et de longue durée
Le monde se replie sur les nations ou recherche la grandeur passée des empires, les individus sur leurs stricts intérêts vitaux. Plutôt que hurler au fascisme, les forces de gauche devraient comprendre que lorsque la situation change au niveau planétaire, il faut savoir l'analyser et en tirer des conséquences pour aller jusqu'aux marges de l'acceptable. L'idée de partage n'est plus de mise. Alors peut-être faudrait-il continuer à se battre pour les rêves d'un socialisme planétaire. Mais alors il va aussi falloir accepter une très longue traversée du désert. Le choix est désormais entre se droitiser ou crever.
GXC