<< Aider à écrire un projet de santé >> Igor Giusti
Ce samedi à Pigna la FCCIS organise la journée régionale de l'exercice coordonné. Objectif améliorer l'accés à des services de santé.....
Igor Giusti : « Aider à écrire un projet de santé »
Ce samedi à Pigna, la Fédération Corse pour la Coordination et l’Innovation en Santé (FCCIS) organise la journée régionale de l'exercice coordonné. Ayant pour objectif d’améliorer l’accès à des services de santé de qualité via les équipes en exercice coordonné, cette structure regroupe uniquement des professionnels de santé libéraux. Directeur de la FCCIS depuis 2019, Igor Giusti détaille l’organisation et les missions de cette association née il y a dix ans.
Créée en 2012, la Fédération Corse pour la Coordination et l’Innovation en Santé s’est davantage structurée depuis 2019. Pour quelles raisons ?
Elle a été créée en 2012, peu après l’ouverture de la première Maison de santé de Corse à Calenzana par le docteur François Agostini, qui est l’actuel président de la Fédération. De 2012 à 2019, elle n’avait pas de salariés et disposait d’un conseil d’administration composée de professionnels libérau qui n’avaient pas le temps de s’en occuper. Après être un peu restée en sommeil, le premier salarié a donc été recruté en septembre 2019. Cela s'est fait de concert avec l’Agence Régionale de Santé qui voyait qu’en Corse il y avait un certain retard à l'allumage sur l’exercice coordonné. Il a donc été décidé de promouvoir une expérimentation pour que les professionnels libéraux puissent s’essayer à cette forme d'exercice. Du coup, c’est la Fédération qui est devenue la structure dédiée à l’exercice coordonné. Nous sommes désormais quatre salariés de cette association loi 1901 à but non lucratif, uniquement composée de professionnels de santé libéraux.
Au niveau des équipes, toutes les professions de la médecine y sont représentées ?
On distingue plusieurs types d’équipes : il y a celles de soins primaires (ESP) qui constituent la première marche de l'exercice coordonnée censé aboutir à une Maison de santé pluriprofessionnelle. Dans cette MSP, on va retrouver notre médecin traitant mais aussi tous les professionnels impliqués dans les soins premiers recours (kiné, infirmier, pharmacien, sage-femme) et également des professionnels non conventionnés (diététicien, psychologue, moniteur d'activité physique...) On a donc un panel de professionnels qui va au-delà des professions de santé réglementées, c'est-à-dire conventionnées avec l'Assurance maladie. C’est très intéressant pour eux car ça leur permet d'avoir un regard très global sur les patients et non segmenté par profession. Après, il y a les équipes de soins spécialisés. Celles-ci se montent davantage entre spécialistes. On a peu de recul car il n’y en a qu’une petite dizaine en France. En Corse, on a déjà des spcécialistes intéressés pour en monter quelques-unes dans différents domaines (cardio, gynéco, dermato…).
Ces créations se matérialisent-elles obligatoirement par la création d’un pôle ou d’une structure physique ?
Se regrouper en MSP ou en ESP n'implique pas nécessairement un regroupement physique. Il est vrai que quand on parle d’une Maison de santé, on pense souvent à un regroupement physique de professionnels dans un même endroit. Ce sont les conditions idéales mais ce n’est pas toujours facile, notamment en ville où on a des professionnels qui sont un peu éclatés partout. De plus, trouver des locaux dans les centres d’Ajaccio et de Bastia est assez compliqué. Néanmoins, cela n’est pas un obstacle pour constituer une Maison de santé car ce qui la caractérise, ce ne sont pas des locaux communs mais l'écriture d'un projet autour duquel adhère l'ensemble de l'équipe. C'est la désignation et la formation d'un coordinateur ou d'une coordinatrice, c'est-à-dire quelqu'un qui est chargé de discuter avec les autres professionnels pour réaliser les projets qui ont été convenus dans le projet de santé. Il va suivre l'évolution de la MSP, va servir de lien avec la Fédération, avec l'ARS avec l’Assurance maladie. Il va aussi écrire des appels à projets pour que l'équipe puisse porter des actions de prévention un peu plus ambitieuses et collectives. Ça n'implique donc pas forcément une unité de lieu physique mais c'est ça implique quand même, à un moment donné, un lieu où les professionnels peuvent se réunir pour discuter du projet et des patients.
Ces Maisons de santé sont aussi un moyen de lutter contre les déserts médicaux…
En Corse, bien évidemment, la thématique des Maisons de santé est essentielle vu la réalité du territoire et l’isolement qui en découle. Néanmoins, il se pourrait qu'avec des structures d'exercice coordonnée, on dispose finalement d’un meilleur accès aux soins dans le rural qu’en ville.
Pourquoi ?
Parce qu’on a des équipes dans le rural qui s'organisent et se coordonnent. Même si on dispose en ville de tous les services présents, les patients dont les cas sont complexes – notamment ceux qui doivent voir plusieurs spécialistes – pourraient être davantage livrés à eux-mêmes en ville. L’absence de proximité pourrait davantage se faire sentir que dans des strutures organisées. Pour aller à contre-courant de ce que l’on dit aujourd’hui, on pourrait peut-être avoir certaines situations où l’accès aux soins serait meilleur dans le rural qu’en ville. Après, bien évidemment, c'est un enjeu majeur dans les territoires ruraux. En effet, aujourd’hui dans le rural, on sait que les jeunes médecins ne vont s'installer que dans ces structures-là. Et si un territoire rural veut garder son attractivité et ses médecins, il faut que ces structures se montent et que les jeunes professionnels qui arrivent se sentent finalement entourés et aidés, surtout dans des territoires où il y a une demande importante et où on manuqe de médecins.
Depuis 2019, la Fédération a été relancée et a dû traverser deux ans de crise sanitaire. Quel bilan tirez-vous de ces trois années passées ?
Il est positif. En 2019, quand la Fédération s’est dotée d'une équipe salariée, il y avait quatre Maisons de santé pluriprofessionnelle actives en Corse : Ile Rousse, Calenzana, San Nicolao et Cargèse. Là, on sort de deux années particulières dues au Covid qui n’ont pas été sans conséquences pour nous. Au contraire. Ça a montré encore une fois l'intérêt de l'exercice coordonnée même si ça ne s'est pas forcément traduit de façon opérationnelle concrète. Ça a fait maturer les esprits. Avec le Covid et le gros effeort de vaccination, les projets sont un peu passés en seconde intention. Malgré tout, d’ici janvier 2023, on va normalement doubler le nombre de MSP existantes. Plusieurs ont été validées : Folelli, Bastia, Bastelicaccia. On en espère aussi une à Sagone-Vico. D’ici 2024, on devrait tripler par rapport à 2019. Ces MSP devraient être toutes physiques avec un local.
À terme, le but est de mailler l’ensemble du territoire. Où en est-on actuellement ?
À l’échelle de la Corse, c'est déjà pas mal. De plus, il y a aussi les Équipes de soins primaires (ESP). On en a entre 30 et 40 sur tout le territoire insulaire. On commence à avoir une représentativité dans quasiment toutes les microrégions de l’île : Sartenais-Valinco, Taravu, grand Ajaccio, l'Ouest dans le secteur Cargèse-Piana-Porto, puis sur Sagone-Vico et toute la vallée derrière, la Cinarca. En Balagne, on a déjà 3 équipes et bientôt une quatrième. Il y a beaucoup d’équipes sur le grand Bastia qui sont en train de se monter. Dans le grand Sud, une ESP est validée à Pianottoli, on a deux équipes à Porto-Vecchio. Le maillage est également important en Plaine orientale. Le Centre-Corse était un peu le point noir car la zone était en déficit en termes d’attractivité médicale. Mais là, de jeunes médecins se sont installés à Corte et ont l’intention de monter un projet.
On imagine que les objectifs ne sont pas uniquement quantitatifs. Quels seront les autres défis à relever ?
On a forcément des objectifs quantitatifs en tête. Néanmoins, nous sommes quand même très prudents vis-à-vis de cela parce qu’on reste une association de professionnels de santé. Notre objectif, c'est d'aider en premier lieu les professionnels de santé. Nous ne sommes pas là pour cocher des cases et dire « Regardez, on a tant d’équipes. » À Pigna, ce samedi, on va aussi aborder le fait que tout cela n’est pas un long fleuve tranquille. Créer une structure d'exercice coordonné, c'est essayer de générer une dynamique d'équipe chez des professionnels qui depuis l'existence du libéral exercent relativement seul leur profession. Derrière toutes ces professions, il peut y avoir des interactions très importantes que l’on peut améliorer et formaliser. Nous sommes là pour aider à écrire un projet de santé et pour former les coordinateurs qui vont permettre au projet de prendre vie. On les accompagne et on est systématiquement en lien avec eux. Nous ne sommes pas dans une politique du chiffre parce que derrière, si on crée des structures vides, ça va être compliqué pour nous de faire de l'accompagnement. Raison pour laquelle, dès le début, on essaie de vraiment faire en sorte qu'il y ait un terreau solide qui prenne afin de pouvoir continuer à travailler avec les professionnels de santé.
Ce samedi à Pigna, la Fédération Corse pour la Coordination et l’Innovation en Santé (FCCIS) organise la journée régionale de l'exercice coordonné. Ayant pour objectif d’améliorer l’accès à des services de santé de qualité via les équipes en exercice coordonné, cette structure regroupe uniquement des professionnels de santé libéraux. Directeur de la FCCIS depuis 2019, Igor Giusti détaille l’organisation et les missions de cette association née il y a dix ans.
Créée en 2012, la Fédération Corse pour la Coordination et l’Innovation en Santé s’est davantage structurée depuis 2019. Pour quelles raisons ?
Elle a été créée en 2012, peu après l’ouverture de la première Maison de santé de Corse à Calenzana par le docteur François Agostini, qui est l’actuel président de la Fédération. De 2012 à 2019, elle n’avait pas de salariés et disposait d’un conseil d’administration composée de professionnels libérau qui n’avaient pas le temps de s’en occuper. Après être un peu restée en sommeil, le premier salarié a donc été recruté en septembre 2019. Cela s'est fait de concert avec l’Agence Régionale de Santé qui voyait qu’en Corse il y avait un certain retard à l'allumage sur l’exercice coordonné. Il a donc été décidé de promouvoir une expérimentation pour que les professionnels libéraux puissent s’essayer à cette forme d'exercice. Du coup, c’est la Fédération qui est devenue la structure dédiée à l’exercice coordonné. Nous sommes désormais quatre salariés de cette association loi 1901 à but non lucratif, uniquement composée de professionnels de santé libéraux.
Au niveau des équipes, toutes les professions de la médecine y sont représentées ?
On distingue plusieurs types d’équipes : il y a celles de soins primaires (ESP) qui constituent la première marche de l'exercice coordonnée censé aboutir à une Maison de santé pluriprofessionnelle. Dans cette MSP, on va retrouver notre médecin traitant mais aussi tous les professionnels impliqués dans les soins premiers recours (kiné, infirmier, pharmacien, sage-femme) et également des professionnels non conventionnés (diététicien, psychologue, moniteur d'activité physique...) On a donc un panel de professionnels qui va au-delà des professions de santé réglementées, c'est-à-dire conventionnées avec l'Assurance maladie. C’est très intéressant pour eux car ça leur permet d'avoir un regard très global sur les patients et non segmenté par profession. Après, il y a les équipes de soins spécialisés. Celles-ci se montent davantage entre spécialistes. On a peu de recul car il n’y en a qu’une petite dizaine en France. En Corse, on a déjà des spcécialistes intéressés pour en monter quelques-unes dans différents domaines (cardio, gynéco, dermato…).
Ces créations se matérialisent-elles obligatoirement par la création d’un pôle ou d’une structure physique ?
Se regrouper en MSP ou en ESP n'implique pas nécessairement un regroupement physique. Il est vrai que quand on parle d’une Maison de santé, on pense souvent à un regroupement physique de professionnels dans un même endroit. Ce sont les conditions idéales mais ce n’est pas toujours facile, notamment en ville où on a des professionnels qui sont un peu éclatés partout. De plus, trouver des locaux dans les centres d’Ajaccio et de Bastia est assez compliqué. Néanmoins, cela n’est pas un obstacle pour constituer une Maison de santé car ce qui la caractérise, ce ne sont pas des locaux communs mais l'écriture d'un projet autour duquel adhère l'ensemble de l'équipe. C'est la désignation et la formation d'un coordinateur ou d'une coordinatrice, c'est-à-dire quelqu'un qui est chargé de discuter avec les autres professionnels pour réaliser les projets qui ont été convenus dans le projet de santé. Il va suivre l'évolution de la MSP, va servir de lien avec la Fédération, avec l'ARS avec l’Assurance maladie. Il va aussi écrire des appels à projets pour que l'équipe puisse porter des actions de prévention un peu plus ambitieuses et collectives. Ça n'implique donc pas forcément une unité de lieu physique mais c'est ça implique quand même, à un moment donné, un lieu où les professionnels peuvent se réunir pour discuter du projet et des patients.
Ces Maisons de santé sont aussi un moyen de lutter contre les déserts médicaux…
En Corse, bien évidemment, la thématique des Maisons de santé est essentielle vu la réalité du territoire et l’isolement qui en découle. Néanmoins, il se pourrait qu'avec des structures d'exercice coordonnée, on dispose finalement d’un meilleur accès aux soins dans le rural qu’en ville.
Pourquoi ?
Parce qu’on a des équipes dans le rural qui s'organisent et se coordonnent. Même si on dispose en ville de tous les services présents, les patients dont les cas sont complexes – notamment ceux qui doivent voir plusieurs spécialistes – pourraient être davantage livrés à eux-mêmes en ville. L’absence de proximité pourrait davantage se faire sentir que dans des strutures organisées. Pour aller à contre-courant de ce que l’on dit aujourd’hui, on pourrait peut-être avoir certaines situations où l’accès aux soins serait meilleur dans le rural qu’en ville. Après, bien évidemment, c'est un enjeu majeur dans les territoires ruraux. En effet, aujourd’hui dans le rural, on sait que les jeunes médecins ne vont s'installer que dans ces structures-là. Et si un territoire rural veut garder son attractivité et ses médecins, il faut que ces structures se montent et que les jeunes professionnels qui arrivent se sentent finalement entourés et aidés, surtout dans des territoires où il y a une demande importante et où on manuqe de médecins.
Depuis 2019, la Fédération a été relancée et a dû traverser deux ans de crise sanitaire. Quel bilan tirez-vous de ces trois années passées ?
Il est positif. En 2019, quand la Fédération s’est dotée d'une équipe salariée, il y avait quatre Maisons de santé pluriprofessionnelle actives en Corse : Ile Rousse, Calenzana, San Nicolao et Cargèse. Là, on sort de deux années particulières dues au Covid qui n’ont pas été sans conséquences pour nous. Au contraire. Ça a montré encore une fois l'intérêt de l'exercice coordonnée même si ça ne s'est pas forcément traduit de façon opérationnelle concrète. Ça a fait maturer les esprits. Avec le Covid et le gros effeort de vaccination, les projets sont un peu passés en seconde intention. Malgré tout, d’ici janvier 2023, on va normalement doubler le nombre de MSP existantes. Plusieurs ont été validées : Folelli, Bastia, Bastelicaccia. On en espère aussi une à Sagone-Vico. D’ici 2024, on devrait tripler par rapport à 2019. Ces MSP devraient être toutes physiques avec un local.
À terme, le but est de mailler l’ensemble du territoire. Où en est-on actuellement ?
À l’échelle de la Corse, c'est déjà pas mal. De plus, il y a aussi les Équipes de soins primaires (ESP). On en a entre 30 et 40 sur tout le territoire insulaire. On commence à avoir une représentativité dans quasiment toutes les microrégions de l’île : Sartenais-Valinco, Taravu, grand Ajaccio, l'Ouest dans le secteur Cargèse-Piana-Porto, puis sur Sagone-Vico et toute la vallée derrière, la Cinarca. En Balagne, on a déjà 3 équipes et bientôt une quatrième. Il y a beaucoup d’équipes sur le grand Bastia qui sont en train de se monter. Dans le grand Sud, une ESP est validée à Pianottoli, on a deux équipes à Porto-Vecchio. Le maillage est également important en Plaine orientale. Le Centre-Corse était un peu le point noir car la zone était en déficit en termes d’attractivité médicale. Mais là, de jeunes médecins se sont installés à Corte et ont l’intention de monter un projet.
On imagine que les objectifs ne sont pas uniquement quantitatifs. Quels seront les autres défis à relever ?
On a forcément des objectifs quantitatifs en tête. Néanmoins, nous sommes quand même très prudents vis-à-vis de cela parce qu’on reste une association de professionnels de santé. Notre objectif, c'est d'aider en premier lieu les professionnels de santé. Nous ne sommes pas là pour cocher des cases et dire « Regardez, on a tant d’équipes. » À Pigna, ce samedi, on va aussi aborder le fait que tout cela n’est pas un long fleuve tranquille. Créer une structure d'exercice coordonné, c'est essayer de générer une dynamique d'équipe chez des professionnels qui depuis l'existence du libéral exercent relativement seul leur profession. Derrière toutes ces professions, il peut y avoir des interactions très importantes que l’on peut améliorer et formaliser. Nous sommes là pour aider à écrire un projet de santé et pour former les coordinateurs qui vont permettre au projet de prendre vie. On les accompagne et on est systématiquement en lien avec eux. Nous ne sommes pas dans une politique du chiffre parce que derrière, si on crée des structures vides, ça va être compliqué pour nous de faire de l'accompagnement. Raison pour laquelle, dès le début, on essaie de vraiment faire en sorte qu'il y ait un terreau solide qui prenne afin de pouvoir continuer à travailler avec les professionnels de santé.