Le sport n'est pas apolitique !
Les débats autour du boyctt de la Coupe du Monde au Quatar....
Le sport n’est pas apolitique
Les débats autour du boycott de la Coupe du Monde au Qatar rappellent que le sport, contrairement à ce que Macron a déclaré, est politique. Chaque grand événement apporte sur le devant de la scène d’autres débats que ceux liés à la discipline ou la performance.
Au-delà du foot
La polémique de ce Mondial remonte à la désignation du pays hôte. Lorsque le Quatar avait été retenu, cela avait déjà fait couler bien de l’encre, sans que cette décision soit révoquée. Il y a douze ans, rien n’avait été exigé concernant les droits de l’homme. Le Quatar ne ferait pas d’exception à ses lois et règles pendant cet événement. Et les pays n’allaient pas se mettre mal avec celui qui possède les plus grandes réserves de pétrole au monde pour la défense des droits de l’homme, entre autres. Donc les politiques ont décidé de faire la sourde oreille aux polémiques, n’en déplaise aux militants et fans qui utilisent l’événement pour faire écho à bien des débats d’actualité : répression en Iran, droits LGBT, Palestine, environnement… Même si le sport est rarement l’objet de controverses politiques ouvertes, il arrive que des politiques s’immiscent dans les décisions des clubs. Comme lorsque Macron s’est opposé à la réforme de la Ligue des champions en 2019. Ou que le foot serve les intérêts politiques. Le slogan « Black-Blanc-Beur » popularisé après la victoire des Bleus à la Coupe du monde 1998, a politiquement servi Jacques Chirac. Comme le disait Jean-Marie Brohm et Marc Perelman, « Le football est une peste émotionnelle », autant que la « bagatelle la plus sérieuse du monde », selon le livre de Christian Bromberger. Dans sa passion du football, Patrick Mignon va jusqu’à dire que « ce sport reflète les modes de construction des identités collectives et individuelles, et les rapports entre classes, entre genres, entre races ».
Jeu de pouvoir
Le sport est un jeu de pouvoir. Pour preuve, la question de l’attribution des grandes compétitions mondiales. Paris 2024 s’est faite à grands coups de négociations entre Paris, le CIO et la ville concurrente de Los Angeles. N’oublions pas que la politique est aussi présente au sein des commissions municipales de sport, dans les délibérations des organes dirigeants des fédérations, dans celles des comités d’organisation des Jeux olympiques, dans les sites choisis, dans les législations âprement discutées par les lobbies des diverses catégories professionnelles intéressées par le sport. C’est encore plus vrai au niveau local. Dans les municipalités ou les régions, les élus de toutes tendances s’affichent régulièrement dans les enceintes sportives, et acceptent de financer les clubs d’élite, notamment en prenant en charge l’entretien des équipements. Ainsi, la Collectivité de Corse accompagne dans leur préparation et leurs déplacements les sportifs insulaires et de haut niveau ; elle soutient les manifestations régionales, nationales et internationales ainsi que les ligues, comités et comités et clubs de Corse.
Teinté d’idéologie
Les prises de position des sportifs et athlètes, encouragées par les événements mondiaux et les évolutions sociales, placent les institutions sportives devant leurs contradictions. Le foot n’est pas la seule discipline à être objet de controverses. Aux JO de Berlin, le sprinteur Jesse Owens avait défié Adolf Hitler. Les JO de Munich sont devenus un symbole du conflit israélo-palestinien. Les JO de Moscou puis de Los Angeles ont été boycottés dans un contexte de guerre froide. Les JO de Pékin avaient été ceux des polémiques autour de la liberté de la presse. Plus récemment, et outre-Atlantique, le quaterback de San Francisco Colin Kaepernick avait posé le genou à terre, devant le symbole de l’hommage aumouvement Black Lives Matter. Et la politisation dans les stades est aussi côté supporters. En 2012, Manuel Vals alors ministre de l’Intérieur, avait interdit le déplacement des supporters du club de football du SC Bastia lors de la rencontre avec l'OGC Nice. Les rapports entre le football continental et le football corse ont souvent été tumultueux, en raison notamment de la réputation sulfureuse des supporters corses, dont les débordements sont médiatiquement traités sous l’angle « contexte corse », alors que les violences des supporters sont loin d’être une spécificité insulaire. Qu’on le veuille ou non, sport et politique sont des domaines poreux : le sport est aussi un objet politique et le sport influence l’espace politique.
Maria Mariana