En souhaitant que le dialogue reprenne en 2023
Le fait est que la justice ne facilite pas le dialogue
En souhaitant que le dialogue reprenne en 2023
Le fait est que la justice ne facilite pas le dialogue. Après les interpellations à Ajaccio et Bastia, après l'incarcération de Charles Pieri voilà que d'autres arrestations ont eu à Porto Vecchio. Il est à peu près certain qu'elles ne donneront pas grand-chose sinon l'impression d'une atmosphère pourrie peu propice au débat.
Une répression mal venue
Selon certaines indications descendues de Paris, c'est en haut lieu, qu'à la suite d'incendies à répétition de maisons appartenant à des continentaux, l'ordre est venu de sévir. Regardons avec honnêteté la situation : il est difficile de reprocher à la justice de faire appliquer la loi. D'autant plus qu'il y a peu certains nationalistes militants de Core in Fronte se plaignaient de ne pas être considérés comme des victimes par la justice et de ne pas être assez protégés; d’autres, militants de Patriottu osent sans rire comparer la France à une dictature latino américaine et parlent de l'heure la plus sombre de la Corse relativisant ainsi la période paoline et surtout la résistance) ; d'autant que les comités anti-mafias dirigés par des personnes qui continuent de se réclamer de la nation corse demandent voir exige un renforcement de la législation criminelle. On ne peut par ailleurs exclure, une fois encore, une nouvelle guerre entre la magistrature, notamment antiterroriste et le ministre de l'Intérieur. Bref dans le désordre actuel tout est envisageable, une chose et son contraire. Il faut l'aplomb et l’art de la ratiocination de Corsica libera pour parvenir à déceler au sein de ce foutoir une cohérence et un complot de l'État français contre la nation corse.
Des détails et l'essentiel
Essayons une fois encore d'être le plus objectif possible. Le plus grave jusqu'à ces jours est l'incarcération de Charles Pieri, vieux condottiere qui a passé un tiers de sa vie d'adulte derrière les barreaux et continue de mener le combat indépendantiste avec une persévérance qui n'exclut de nombreux dérapages. Voilà donc un combattant chenu qui apprend que son compère ajaccien Pierre Paoli a été arrêté et qui, quatre jours plus tard l'est à son tour a oublié chez lui deux armes de poing et un stock de munition. Il faut se croire protégé (des Dieux peut être) ou avoir perdu le sens commun pour laisser traîner de pareils objets chez lui alors qu'une perquistion menace.
D'autant que pareille mésaventure lui est déjà arrivée à deux reprises dans le passé. Le voilà donc une fois encore derrière les barreaux. Il ne fait aucun doute que cette incarcération ne va pas faciliter la reprise des discussions si tant qu'elles reprennent un jour. Nous voilà encore enferrés dans un de ces processus raté que la Corse connaît bien : un début, un vague prolongement puis plus rien. Car désormais, il ne s'agit plus simplement de mettre en préalable de la reprise des discussions la semi-liberté pour les deux derniers détenus du commando Erignac. Le cas Pieri va vraisemblablement servir de surenchère et les indépendantistes vont tout faire pour mettre en difficulté Gilles Simeoni.
Une question politique
Le plus désespérant en Corse est cette répétition d'échecs, de ces croisades privées d'une réelle volonté de réussir. À croire qu'en définitive, les nationalistes se satisfont de l'état actuel de la Corse et ne montent au créneau que par peur d'être dépossédés de ce qu'ils détiennent déjà. Qui peut croire un instant que l'incendie de maisons secondaires va faire avancer d'un seul pouce la situation ? Qui peut croire que l'indépendance est aujourd'hui une solution crédible si tant est qu'elle le soit un jour ? Que la France retire son aide et nous en reviendrons à une situation proche de celle du XIXe siècle. Il faut être bien puéril ou bien rêveur pour imaginer le contraire.
D'ailleurs à aucun moment un quelconque groupe indépendantiste n'a présenté de programme détaillé et crédible se contentant d'invoquer la déesse indépendance qui, soyons en certain, déverserait sur la Corse pensions, retraites et largesses sur la Corse enfin laissée à son seul destin. Il faut croire que les adversaires (peut-être faudrait-il écrire les ennemis) de Femu a Corsica préfère une défaite en rase campagne de leur propre famille recomposée à un succès même minime du mouvement de Gilles Simeoni. Alors, espérons tous ensemble qu'en 2023 les uns et les autres parviendront à dépasser leurs querelles, leurs ressentiments et trouveront la voie de la réconciliation et d'une démarche positive.
GXC