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Corse : des chierns à la frecherche de la covid

Le projet s'appelle Nosaïs.
Le projet s’appelle Nosaïs. Avec lui, la Corse est devenue une région pionnière pour une recherche qui se déroule dans le monde entier. Cette passionnante expérimentation, si elle réussit à surmonter divers obstacles (notamment l’incidence financière pour les laboratoires) pourrait révolutionner la lutte contre la Covid.

La Corse région en pointe :

Cette recherche a été développée par le professeur Dominique Grandjean de l'école nationale vétérinaire d'Alfort. Elle table sur les compétences cynotechniques afin de repérer des odeurs particulières qui sont émises par des patients positifs au coronavirus. “L'hôpital a besoin de moyens de dépistage nombreux et fiables.
Aujourd'hui, le test PCR a une fiabilité de 70 %. Il s’agit de croiser ce test avec d’autres types de dépistage” a déclaré Jean-Luc Pesce, le directeur de l'hôpital d'Ajaccio. "Si on arrive à valider cette expérimentation, le but est d'apporter une solution complémentaire aux tests qui existent déjà" pour dépister la maladie, a expliqué à l'AFP, Aymeric Benard, vétérinaire-chef et conseiller cynotechnique du Service d'Incendie et de Secours de la Corse-du-Sud (SIS 2A).`
C’est avec le soutien de la préfecture de Corse-du-Sud, de l'Agence Régionale de Santé de Corse, et des hôpitaux ajacciens de la Miséricorde et Eugénie qu’à l’origine six chiens ont entamé leur apprentissage.
Ils ne sont plus aujourd’hui que trois mais ont démontré leur fiabilité qui, semble-t-il, avoisine les 96 %.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Brice Leva, chef d'unité chez les pompiers dresseurs de chiens à Ajaccio, explique qu’il y a une odeur commune à la maladie. "Le chien, c'est 220 millions de cellules olfactives", contre 5 millions pour l'homme précise-t-il. L’une des vedettes est Maïka, un berger malinois, qui a réussi tous les examens de passage. « Le virus en lui-même n’a pas d’odeur, mais lorsqu’il infecte les cellules, celles-ci libèrent des molécules différentes de celles libérées par les cellules saines. Certaines d’entre elles sont volatiles et sont spécifiques du virus », explique Philippe Choquet, enseignant-chercheur au CHU de Strasbourg et au laboratoire des sciences de l’ingénieur, de l’informatique et de l’imagerie (ICube, CNRS), qui a monté le projet Covidog avec le virologiste Christophe Ritzenthaler et le professeur Yves Rémond, en association avec le laboratoire HepSYS (université de Strasbourg, Inserm). Ce sont des composés organiques volatils (COV), notamment transportés par les gaz respiratoires. L’hypothèse étant que ces COV spécifiques soient présents chez toutes les personnes infectées, malades ou asymptomatiques. On recueille donc la transpiration du sujet à traiter en lui appliquant durant dix minutes une compresse sous les aisselles ou de petits tubes polymères.

Une étude internationale :
Plusieurs études sont menées en Corse, mais aussi au Liban, avec l’université Saint-Joseph de Beyrouth, aux Émirats arabes unis, etc. Dans le centre d'entraînement situé à Milton Keynes, en Angleterre, les chiens sont dressés à reconnaître l'odeur du virus parmi plusieurs échantillons. Ils doivent alors signaler quand ils l'ont trouvée, avant d'être récompensés. Claire Guest, fondatrice et directrice générale de l'association Medical Detection Dogs se réjouit des résultats obtenus : « Nous avons la preuve que les chiens peuvent détecter des bactéries et d'autres maladies, nous pensons donc que ce projet fera une énorme différence dans la capacité à contrôler la propagation de Covid-19 ». Le paludisme, certains cancers, la maladie de Parkinson sont déjà détectables par les chiens.
Une recherche menée par Isabelle Fromantin a abouti à un résultat spectaculaire : parmi les 130 lingettes présentées, Thor et Nykios, les deux malinois de Jacky Experton, repèrent 100 % des 79 tissus imbibés par la sueur de femmes souffrant d’un cancer du sein. Des obstacles à lever Les acteurs de cette passionnante recherche restent toutefois prudents. Les chiens pourraient ne pas réagir de la même manière dans un aéroport ou une gare et dans un laboratoire.
Ensuite il faut trouver des cobayes pour comparer avec les tests. Aymeric Benard et les autres responsables de l’opération sont donc à la recherche de volontaires. En Corse, les équipes du SIS-2A vont collaborer avec le laboratoire de l’université de Corte pour analyser les prélèvements. « Ce serait la cerise sur le gâteau de détecter des composés ou des pics de composés dans les analyses de sueur, mais on est dans l’inconnu, insiste Aymeric Benard.
Le chien a des capacités olfactives exceptionnelles, qu’on est loin d’imaginer. Il est possible qu’il détecte des traces infimes qui ne seraient pas identifiables en laboratoire. » Une magnifique synergie pour les scientifiques de notre île et vraisemblablement au bout une grande avancée pour lutter contre la pandémie. Longue vie au projet Nosaïs.

GXC
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