Baléares : un tourisme dépendance de plus en plus insupportable
Le ras le bol de la population.
Baléares : un tourisme dépendance de plus en plus insupportable
Au moins trois-quart de la population majorquine supporte de plus en plus difficilement les désagréments conjoncturels et structurels qu’engendre la surfréquentation touristique.
Soleil, plages dorées, mer turquoise, proximité de grandes et riches métropoles, destination commercialisée par les principaux tLe ras le bolours opérateurs européens, dessertes de service public, charters et low cost, infrastructures et services, loisirs diurnes et nocturnes, culture de l’accueil : les îles Baléares ont tous les atouts pour attirer chaque été des millions de touristes. Les bilans et les chiffres le confirment. Les îles Baléares sont la deuxième région touristique d'Espagne derrière la Catalogne, la première si l’on ne prend en compte que la clientèle étrangère, et le secteur touristique génère directement plus de 45 % du PIB. En 2019, elles ont reçu près de 16,4 millions de visiteurs. Record historique ! En 2021, avec la survenue de la pandémie Covid-19, le nombre de visiteurs a chuté (8,7 millions).
Cela n’a toutefois pas duré. Dès l’an passé, l’archipel a retrouvé de hauts niveaux de fréquentation. Cependant, comme dans d’autres destinations touristiques très prisées (Grèce, Italie), aux Baléares aussi, on s’interroge. La pandémie a brutalement révélé une tourisme dépendance. De nombreux habitants estiment que le tourisme représente une source de moins en moins supportable de nuisances, de déséquilibres et de désordres. Certes, une grande majorité ne le rejette pas. Elle convient même volontiers qu’il crée de l’activité, de l’emploi et de la richesse. Lors d’une enquête du journal Diario de Mallorca réalisée à la fin de l’été dernier, il est en effet apparu que 71 %des habitants de Majorque (la plus grande et le plus peuplée des Îles Baléares, 3640 km² sur 5100 km², 923 600 habitants sur 1 180 000) affirmaient avoir constaté une grande amélioration des affaires grâce à l’augmentation de la fréquentation et de l’emploi ayant suivi la fin de la pandémie.
Lassitude et demande
Mais la même enquête a aussi révélé qu’au moins trois-quart de la population majorquine supporte de plus en plus difficilement les désagréments conjoncturels et structurels qu’engendre la surfréquentation touristique : 84 % des personnes interrogées ont répondu ressentir une saturation touristique et plus particulièrement un excès d’occupation l’été ; 77 % ont affirmé souhaiter que le tourisme se réinvente en évoluant vers un respect de l’environnement et de la qualité de la vie de la population locale. Cette lassitude et cette demande des Majorquains sont plus que compréhensibles si l’on considère quelques données durables à l’échelle de l’archipel. En effet, même durant la morte-saison, les effets négatifs de la surfréquentation touristique s’y font sentir. Sur le plan de l’environnement : des écosystèmes, des sites et des paysages restent dégradés et certains le seront à jamais. Sur le plan du marché immobilier : les prix flambent.
Ce qui a pour conséquences que les résidents peinent à accéder à la propriété ou à la location longue durée, que des fonctionnaires renoncent à occuper les postes vacants d’où des services publics chroniquement en sous-effectifs, que de nombreux originaires de l’archipel préfèrent aller habiter sous d’autre cieux. Sur le plan du marché de l’emploi, la saisonnalité crée les conditions d’une grande précarité. Quelques indicateurs ou situations sont d’ailleurs particulièrement éclairants. En 2022, à Ibiza, l’achat de logements par des étrangers a représenté plus de 40% du total des ventes, il faut débourser au 1 million d’euros pour acquérir une petite maison, il faut s’acquitter d’un loyer d’au moins 1200 € / mois pour louer un modeste appartement.
A l’échelle de l’archipel, le niveau de vie de 19 % de la population flirte avec le seuil de pauvreté et 5 % de la population est contrainte de survivre avec moins de 340 € /mois (78 % des Majorquains interrogés à l’occasion de l’enquête susmentionnée, ont d’ailleurs insisté sur la nécessité de fortes augmentations salariales et d’une amélioration de la qualité des emplois). Les autorités politiques locales (élus de la Communauté Autonome, maires...) ont conscience qu’il importe de prendre en compte la lassitude et la demande de la population de l’archipel. Depuis quelques mois, elles s’y emploient (cela sera évoqué dans le prochain article de la présente rubrique, ndlr).
Alexandra Sereni
Au moins trois-quart de la population majorquine supporte de plus en plus difficilement les désagréments conjoncturels et structurels qu’engendre la surfréquentation touristique.
Soleil, plages dorées, mer turquoise, proximité de grandes et riches métropoles, destination commercialisée par les principaux tLe ras le bolours opérateurs européens, dessertes de service public, charters et low cost, infrastructures et services, loisirs diurnes et nocturnes, culture de l’accueil : les îles Baléares ont tous les atouts pour attirer chaque été des millions de touristes. Les bilans et les chiffres le confirment. Les îles Baléares sont la deuxième région touristique d'Espagne derrière la Catalogne, la première si l’on ne prend en compte que la clientèle étrangère, et le secteur touristique génère directement plus de 45 % du PIB. En 2019, elles ont reçu près de 16,4 millions de visiteurs. Record historique ! En 2021, avec la survenue de la pandémie Covid-19, le nombre de visiteurs a chuté (8,7 millions).
Cela n’a toutefois pas duré. Dès l’an passé, l’archipel a retrouvé de hauts niveaux de fréquentation. Cependant, comme dans d’autres destinations touristiques très prisées (Grèce, Italie), aux Baléares aussi, on s’interroge. La pandémie a brutalement révélé une tourisme dépendance. De nombreux habitants estiment que le tourisme représente une source de moins en moins supportable de nuisances, de déséquilibres et de désordres. Certes, une grande majorité ne le rejette pas. Elle convient même volontiers qu’il crée de l’activité, de l’emploi et de la richesse. Lors d’une enquête du journal Diario de Mallorca réalisée à la fin de l’été dernier, il est en effet apparu que 71 %des habitants de Majorque (la plus grande et le plus peuplée des Îles Baléares, 3640 km² sur 5100 km², 923 600 habitants sur 1 180 000) affirmaient avoir constaté une grande amélioration des affaires grâce à l’augmentation de la fréquentation et de l’emploi ayant suivi la fin de la pandémie.
Lassitude et demande
Mais la même enquête a aussi révélé qu’au moins trois-quart de la population majorquine supporte de plus en plus difficilement les désagréments conjoncturels et structurels qu’engendre la surfréquentation touristique : 84 % des personnes interrogées ont répondu ressentir une saturation touristique et plus particulièrement un excès d’occupation l’été ; 77 % ont affirmé souhaiter que le tourisme se réinvente en évoluant vers un respect de l’environnement et de la qualité de la vie de la population locale. Cette lassitude et cette demande des Majorquains sont plus que compréhensibles si l’on considère quelques données durables à l’échelle de l’archipel. En effet, même durant la morte-saison, les effets négatifs de la surfréquentation touristique s’y font sentir. Sur le plan de l’environnement : des écosystèmes, des sites et des paysages restent dégradés et certains le seront à jamais. Sur le plan du marché immobilier : les prix flambent.
Ce qui a pour conséquences que les résidents peinent à accéder à la propriété ou à la location longue durée, que des fonctionnaires renoncent à occuper les postes vacants d’où des services publics chroniquement en sous-effectifs, que de nombreux originaires de l’archipel préfèrent aller habiter sous d’autre cieux. Sur le plan du marché de l’emploi, la saisonnalité crée les conditions d’une grande précarité. Quelques indicateurs ou situations sont d’ailleurs particulièrement éclairants. En 2022, à Ibiza, l’achat de logements par des étrangers a représenté plus de 40% du total des ventes, il faut débourser au 1 million d’euros pour acquérir une petite maison, il faut s’acquitter d’un loyer d’au moins 1200 € / mois pour louer un modeste appartement.
A l’échelle de l’archipel, le niveau de vie de 19 % de la population flirte avec le seuil de pauvreté et 5 % de la population est contrainte de survivre avec moins de 340 € /mois (78 % des Majorquains interrogés à l’occasion de l’enquête susmentionnée, ont d’ailleurs insisté sur la nécessité de fortes augmentations salariales et d’une amélioration de la qualité des emplois). Les autorités politiques locales (élus de la Communauté Autonome, maires...) ont conscience qu’il importe de prendre en compte la lassitude et la demande de la population de l’archipel. Depuis quelques mois, elles s’y emploient (cela sera évoqué dans le prochain article de la présente rubrique, ndlr).
Alexandra Sereni