Le Ghetto de Varsovie...
Il ya quatre-vingts ans , le ghetto de Varsovie se soulevait
Il y a quatre-vingts ans, le ghetto de Varsovie se soulevait
Il y a quatre-vingts ans, des résistants juifs du ghetto de Varsovie se soulevaient alors que les nazis avaient programmé la mort en chambres à gaz des 40 000 derniers habitants juifs de ce quartier de la capitale polonaise. Mordechai Anielewicz, l’un des dirigeants de cette révolte héroïque déclara alors qu’ils ne se battaient pas pour vivre mais pour choisir leur mort.
Témoigner pour la dignité humaine
Du 19 avril au 16 mai 1943, cinq cents résistants juifs parvinrent à arrêter l’offensive menée par les SS et leurs supplétifs lettons et ukrainiens dans le ghetto. Ils avaient hissé sur les ruines de ce quartier de la capitale polonaise le drapeau qui deviendra celui de l’État d’Israël afin de signifier à Hitler que devant l'Histoire il avait perdu. « Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d’ici. Nous voulons sauver la dignité humaine. » déclara Arie Wilner, l’un des combattants. Le ghetto avait été muré dès le 16 novembre 1940.
Il s’étendait sur trois cents hectares et 400 000 personnes y avaient été enfermées dans des conditions effroyables. En deux années, cent mille personnes allaient y périr de malnutrition ou de maladie. Le gouverneur général de Varsovie, l’officier nazi Ludwig Fischer, affirma au cours d’une réunion le 3 avril 1941 que « la faim et la misère entraîneront la disparition des juifs.
De la question juive, il ne restera qu’un cimetière. » À partir de l’été 1942, les autorités nazies locales, pressés par Heinrich Himmler en personne, organisèrent le départ quotidien de sept mille juifs pour le camp d’extermination de Treblinka où ils étaient immédiatement gazés puis incinérés.
Le début de la résistance
Alors qu’il ne restait plus que soixante mille personnes dans le ghetto, l’Organisation juive de combat fut créée le 28 juillet 1942. Elle comptait environ cinq cents combattants sous la direction de Mordechaï Anielewicz, un jeune militant polonais sioniste d’extrême gauche âgé de 23 ans. Un autre mouvement, l’Union militaire juive — un mouvement sioniste de droite —, réunissait lui deux cent cinquante adhérents.
Ces résistants vont systématiser les contacts avec la résistance polonaise à l’extérieur du ghetto pour communiquer et se procurer des armes. Le 18 janvier 1943, alors que les Allemands entrent dans le ghetto pour effectuer une nouvelle rafle, ils sont accueillis par des tirs d’armes à feu. Les déportations sont interrompues, ce qui encourage les combattants à poursuivre la résistance dans l’espoir que les Alliés arrivent rapidement ce qui ne se produira jamais bien que ceux-ci ont été au courant de la situation. Le 19 avril 1943, jour de Pessah, la Pâque juive, des centaines de soldats allemands entrent dans le ghetto. Immédiatement, la résistance juive donne le signal du combat. Les Allemands doivent battre en retraite.
Pour faire face à cette guérilla urbaine, 2 000 policiers, supplétifs et SS reviennent équipés de chars, d’artillerie et de lance-flammes, et commencent à détruire le ghetto en incendiant les immeubles un à un afin d’obliger les juifs à sortir des bunkers. Ils utilisent des gaz toxiques. En face, il n’y a que des revolvers et des grenades. Le 8 mai, Mordechaï Anielewicz se suicide. Le 16, le ghetto est liquidé. La quasi-totalité des résistants est tuée et la population est entièrement déportée à Treblinka où elle est gazée.
Ne jamais oublier
Tous les ans en Israël, le 27 du mois de Nissan, le début de Pessah, la Pâque juive, est commémoré Yom HaShoah, le jour du souvenir de la Shoah. À cette occasion, des sirènes retentissent dans le pays. Tout s’arrête, on descend même de voiture, on se recueille en silence pendant une minute, et on pense aux victimes. Le 19 avril est sorti en France un film « La conférence » qui décrit par le menu ce que fut la conférence de Wannsee qui s’est tenue le 20 janvier 1942. Autour de la table, ce jour-là, quinze hauts responsables nazis ont réglé les modalités techniques de ce qu’ils appelaient « la solution finale de la question juive ». Comprendre : leur plan pour exterminer, escomptaient-ils, tous les Juifs d’Europe.
Lorsque la guerre s’est achevée, près de six millions de Juifs avaient été assassinés. 95 % des Juifs d’Europe centrale avaient été liquidés d’abord par le moyen de fusillades de masse (la Shoah par balles) puis par le gazage des déportés. L'Allemagne, l'une des nations les plus « civilisées » du monde, la patrie de Kant, de Gutemberg, de Bach, de Beethoven, de Mozart, avait avec détermination et intelligence détruit six millions de personnes parce qu’elles étaient juives ou tziganes. Deux millions de Polonais avaient également été massacrés. C’était il y a quatre-vingts ans. Ne jamais oublier la mécanique infernale qui permit cela.
GXC