La mort programmée du livre
Une période de calme relatif va désormais règner sur la France.......
La mort programmée du livre
Une période de calme relatif va désormais régner sur la France après l'ultime mobilisation du premier mai. Une grande blessure a déchiré le corps social, faite d'incompréhension et de violence, tandis que le débat sur la réforme des retraites a divisé profondément les français.
On a parlé de la méthode, on a avancé pour justifier les rages une absence de tact et de considération, tout cela est vrai mais ne suffit pas à expliquer les outrances que l'on a vues. Il faut en prendre son parti, la société s'ensauvage et perd de la cohésion, immanquablement en raison de la fragmentation de son tissu culturel et social, qui est le produit d'une immigration de masse, appelée à gonfler irrémédiablement du fait de la dénatalité qui accable l’Occident, et la France en particulier, en dépit de ce qu’on nous raconte.
La vertigineuse destruction du système éducatif français se mesure à la perte de l’orthographe qui en est l’un des signes les plus patents. Les européens sont guettés de plus en plus par l’analphabétisme qui est la conséquence immédiate de la manipulation effrénée des téléphones portables et de leur utilisation par le biais de messages abrégés. La paresse intellectuelle se conjugue ainsi avec le désir de rapidité propre à la jeunesse. La lecture se perd et l’occidental-type oublie au fur et mesure de son chemin que c’est lui qui a inventé l’imprimerie. C’est la mort programmée du livre dans une indifférence générale des gouvernants.
L’Europe creuse la tombe des ses ambitions, tandis que le nationalisme se réveille en orient et en Asie. Cet éternel retour du même illustre la malédiction inhérente à toute ambition humaine et accomplit la prophétie des écritures destruam et edeficabo , je détruirai et je construirai. C’est ce que nous vivons aujourd’hui, tandis que le mouvement woke s’acharne à dépaver le bâti de toute culture européenne par puérilité et impuissance à ingénier du neuf qui ne soit pas rancunier.
Toute révolte des esclaves conduit au chemin de croix des partisans de Spartacus, exposés sur la Voie Appienne pour parfaire l’édification des enfants de l’aristocratie romaine et la stupéfaction rigolarde de la plèbe. C’est la trame des jours de demain qu’une absence de réflexion et de connaissance de l’histoire de nos élites prépare.
L’ignorance a un prix qu’il faut payer, et ce prix c’est la guerre. Par un retournement comique des significations, c’est à la génération la moins préparée à pouvoir le faire qu’il échet de répondre au retour du tragique. Jean-Marie Domenach l’avait écrit déjà dans un livre éponyme au cours des années soixante-dix. Nous y sommes.
C’est au film magnifique de Roger Corman intitulé Le masque de la mort rouge tiré d’un conte d’Edgar Poe, interprété par l’extraordinaire Vincent Price, que fait penser la situation présente.
La disparition de la lecture en cette nouvelle donne fait la part belle aux croyances les plus saugrenues. C’est un autre signe patent de la montée de la barbarie. On reste frappé de la régression intellectuelle qui affecte les populations nouvellement regroupées et par la pauvreté des liens qui les relient.
Ne pas comprendre rend fou bien sûr, et c'est ce que l'on voit se produire sous nos yeux. L’imbécillité conduit aux rodéos urbains.Tout est à redouter devant la survenance de ce bouillon des sorcières.
Il y a lieu de penser que l’effondrement constaté participe à un ébranlement général de la cohésion du monde occidental, contesté par le réveil de ses anciens vassaux. Les démons ont la vie dure et il ne suffit pas de les nommer pour les abattre.
L’émergence de pays dogmatiques à la tyrannie quasi religieuse est le défi que le monde païen oppose au triomphe passé et éphémère de la raison romaine, qui arrive au terme de deux mille ans de domination.
C’est celui de demain, Cicéron contre Dagon, Aristote et Platon contre Xerxès.
Jean-François Marchi