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Etoffer l'offre de soins

Les déserts médicaux sont une réalité .

Étoffer l’offre de soins



D’un côté, une demande de soins en augmentation régulière, due en partie au vieillissement de la population, de l’autre, une difficulté d’accéder à ces mêmes soins en raison du manque de médecins… Les déserts médicaux sont une réalité, voire une impasse sanitaire dont il est difficile de sortir.


Densité médicale

La Corse est confrontée, comme d'autres régions françaises, au problème des déserts médicaux, où l'accès aux soins de santé peut être limité en raison d'un manque de professionnels de la santé. Sur les 360 communes insulaires, 192 sont des déserts médicaux (53 % des communes) et seulement 22 communes sont considérées comme des territoires médicaux avec un bon accès aux soins. La Corse est la seule région française à ne pas posséder un établissement du type CHU. L’île souffre d’une insuffisance criante en matière d’offre et d’équipements hospitaliers. Par conséquent, près de 30 000 patients se rendent chaque année sur le continent. Un sondage Paroles de Corse – Opinion of Corsica – C2C Corse établit que 68 % des Corses jugent l’offre de soins de mauvaise qualité.

Inégalités d’accès

Selon des études de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé, des inégalités d’accès persistent tant pour les spécialités les plus courantes que les plus rares. Les régions rurales, à faible densité de population, cumulent l’éloignement des soins de proximité et de la plupart des soins spécialisés, ce qui peut entraîner des délais d'attente plus longs pour les consultations et les traitements. Depuis 1990, la distance moyenne d’accès aux soins a diminué pour certains spécialistes, notamment les urologues, mais a augmenté pour d’autres, en particulier les pédiatres. Ainsi, en 2018, 11,1 % de la population vit dans une commune où l’accès à un médecin généraliste est limité (contre 7,6 % en 2012). Par ailleurs, le nombre de médecins généralistes a baissé de 13 % entre 2010 et 2025 et le nombre de personnes effectuant des consultations hors parcours de soins – c’est-à-dire sans passer un médecin traitant – atteint aujourd’hui 5 millions. Sans compter que les personnes fragiles renoncent à se faire soigner. En France, les études de l’ODENORE (Observatoire des non-recours aux droits et aux services) sur 18 départements montrent qu’en moyenne 25 % des personnes qui se rendent aux accueils de la Sécurité sociale renoncent à des soins, principalement pour des raisons financières (3/4 des cas) ou en raison de la complexité et de la méconnaissance des circuits administratifs et médicaux. Les personnes les plus touchées par le renoncement sont les femmes, les personnes vivant seules et les familles monoparentales. La plupart des usagers accèdent dans d’assez bonnes conditions à notre système de santé, mais, pour les plus fragiles et les plus démunis, les facteurs de vulnérabilité et les obstacles du système de santé (absence de réponse, inadéquation de la réponse, méconnaissance de l’offre, dysfonctionnements…) se conjuguent pour compliquer, voire freiner l’accès à la santé.

Améliorer l’accès aux soins

Encore très récemment, une proposition de loi contre les déserts médicaux déposée à l’Assemblée nationalesuggérait de contraindre l’installation des médecins dans des territoires sous dotés : cette dernière serait soumise, pour les médecins et les chirurgiens-dentistes, à une autorisation délivrée par les Agences régionales de santé (ARS). En Corse, il existe des incitations financières (aides à l'installation, exonérations fiscales ou subventions) pour encourager les professionnels de la santé à s'installer sur l’île. En outre, les progrès technologiques ont également permis d'améliorer l'accès aux soins de santé dans certaines régions éloignées. La télémédecine, par exemple, permet aux patients de consulter des médecins à distance via des consultations en ligne ou des vidéoconférences, ainsi que les obstacles géographiques. Autre initiative récente, inscrite dans la nouvelle convention médicale entre les médecins de ville et la Sécu, la généralisation d'ici la fin de l'année des services téléphoniques d'accès aux soins, accessibles via le numéro 15. L’objectif est de mieux orienter les personnes confrontées à un problème médical et désengorger les urgences. Une grande campagne de recrutement va être lancée pour ces assistants de régulation médicale. Un SAS (service d’accès aux soins) qui pourrait donner de l’air aux soignants et de l’espoir aux malades.

Maria Mariana
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