Atlas de la Corse contemporaine, un ouvrage utile et complet
La maison d’édition Actes Sud a eu une excellente initiative en publiant de cet ouvrage écrit sous la direction de Didier Rey, docteur en histoire, maître de conférences à l’université de Corse Pasquale-Paoli et par ailleurs secrétaire général adjoint de
Atlas de la Corse contemporaine : un ouvrage utile et complet
La maison d’édition Actes Sud a eu une excellente initiative en publiant de cet ouvrage écrit sous la direction de Didier Rey, docteur en histoire, maître de conférences à l’université de Corse Pasquale-Paoli et par ailleurs secrétaire général adjoint de la revue Études corses. C’est un ouvrage d’une petite centaine de pages illustrées par des cartes dessinées par Alexandre Nicolas, nécessaires pour la compréhension d’un texte composite et très complet. La couverture d’une sobriété austère rappelle celles des rapports de la DATAR, un acronyme qui ne parlera qu’aux plus anciens. Son austérité intrigue, mais après elle dit bien ce qu’elle veut dire « Atlas de la Corse contemporaine ».
De nombreux collaborateurs
Qui dit « dirigé par » implique une nombreuse collaboration. Il serait injuste de ne pas citer les noms de Joseph Martinetti, de Christophe Luzi, de Sylvain Gregori, de Didier Rey lui-même, de Ludovic Martel, d’Alain di Meglio, de Lisa d’Orazio, de Lorenzo di Stefano, d’André Fazi et de Christophe Soraï. Chacun a écrit un sous-chapitre de l’ouvrage qui couvre des domaines aussi divers que la géographie, l’histoire, l’économie, la culture, la langue et des sujets actuels comme le clanisme, le nationalisme, la violence, la délinquance, le racisme. Chaque chapitre occupe une double page richement illustrée de documents, de cartes ou de graphiques à chaque fois conclus par une courte bibliographie. C’est à la fois descriptif et dynamique. En d’autres termes, l’ouvrage ne se contente de constater ou de décrire. Il donne des perspectives par exemple pour ce qui concerne la démographie, le vieillissement ou l’usage de la langue. Parfois, l’ouvrage aborde les questions d’une façon subjective. Ainsi en matière d’évolution institutionnelle André Fazi affiche-t-il sa préférence pour la solution autonomiste. Mais parce que c’est exposé de façon intelligente et sans sectarisme, le propos est aisément accepté. D’autant qu’il est aujourd’hui majoritaire parmi les électeurs de notre île. Le propos peut être audacieux et vrai. C’est le cas de la double page intitulée « Une société menacée par des tendances mafieuses » dont le seul intitulé est à lui seul une prise de position. On ne peut que se féliciter du tableau très juste relatif à la langue corse proposé aux pages « Langue corse : d’une diversité géographique à une “revernacularisation.”
Un ouvrage de “sachants” et de “savants”
Souvent, les ouvrages qui prétendent traiter un phénomène dans toute sa complexité tombent dans l’excès savant : langue trop riche, difficultés à expliquer les phénomènes de façon simple. Ça n’est pas le cas de cet Altas écrit par des sachants également savants, mais conscients qu’un contenu filandreux ratera sa cible. Très franchement, il me semble que cet ouvrage devrait être recommandé dans le circuit scolaire et commenté. Chaque double page apprendra aux lecteurs l’histoire ancienne et moderne de son île en n’omettant aucun domaine. L’exception corse y apparaît comme une évidence même si les solutions restent dans le flou. Mais ça n’est pas la faute des auteurs, mais plutôt celle des politiques qui eux ont du mal à s’extraire du maquis corse.
Quels enjeux pour demain ?
L’ultime chapitre, situé avant une bibliographie quasi exhaustive, pose la question du devenir de notre petite société notamment en matière d’énergies renouvelables. Je me permettrai cependant une critique, une seule à l’ouvrage. Il aborde la question de l’environnement méditerranéen de la Corse, mais n’a pas un mot pour l’un des dangers qui pourrait s’avérer terrible : le changement climatique. Il est évident que si la sécheresse frappe notre île comme elle commence à dévorer le sud de l’Espagne, tout ce qui a été prévu sera remis en cause. D’autant que la montée des eaux menacera les infrastructures portuaires, routières et aéroportuaires déterminantes pour la circulation intérieure et extérieure. Quelques cartes prévisionnelles et une tentative de perspectives climatiques auraient été bien utiles tant il est vrai que chaque chapitre de ce remarquable ouvrage pose la question de notre futur. Le dernier atlas date d’une vingtaine d’années. Il est à craindre que les bouleversements climatiques qui bouleversent déjà des continents entiers n’obligent les rédacteurs du présent ouvrage à rééditer leur geste bien avant une telle durée. Pour le présent ouvrage, il est à consommer sans modération.
GXC
- Atlas de la Corse contemporaine dirigé par Didier Rey
- Éditeur : Actes Sud
- Relié : 96 pages
- ISBN-10 : 2 330 165 811
- ISBN-13 : 978-2330165819
- Prix : 24 €