Ras l'incivilité
L'incivilité règnerait en maître relèguant les bonnes manières aux arrière-bans de la société, réservées aux élites.
Ras l’incivilité
Alors que l’ensauvagement de la société fait débat, au-delà de la terminologie, l’état de la France est paradoxal. L’incivilité règnerait en maître reléguant les bonnes manières aux arrière-bans de la société, réservées aux élites.
Une sorte de combat des barbares contre les civilisés qui augmente le climat rendu déjà bien anxiogène par la crise sanitaire et mettant sous le tapis les causes réelles du malaise.
La vérité des chiffres
L’agression mortelle du chauffeur de bus à Bayonne, et son ultra médiatisation, a eu pour effet de remettre la violence sous le feu des projecteurs. Et le ministre de l’Intérieur y est allé de sa petite phrase évoquant « l’ensauvagement d’une partie de la société ».
Ça oppose bien deux France, l’une qui use de la violence comme moyen d’expression, et l’autre qui a peur. Enfin, qui regarde froidement les chiffres.
Selon les statistiques d’Eurostat, la délinquance s’est transformée au cours des dernières décennies. Nous sommes passés, en moins de quarante ans, d’une délinquance violente (hold-up et prises d’otage) à une délinquance numérique (« rançongiciels ») qui laisse peu de traces.
Donc la délinquance n’a pas baissé, elle s’est adaptée et est devenue moins visible. Les homicides d’aujourd’hui sont donc moins économiques que liés à d’autres facteurs (communautaires, psychologiques…).
Ce type de nuances n’est pas encore reflété dans les chiffres. Qui montrent une stabilité de la délinquance. Pourtant, les faits divers sont sans appel sur la violence.
En Corse aussi. Comme pour ces jeunes étudiants arrivant à la fac de Corte. Ou pour ce jeune couple de Saint-Florent violemment frappé par une dizaine de personnes. Amenant cette question de la gestion de cette violence.
Les séparatistes
Les discours politiques ont depuis longtemps stigmatisé ceux qui s’opposent, violemment à l’État. Les séparatistes désignent aussi tous les mouvements régionalistes ou autonomistes bretons, basques, corses…
En son temps, le général de Gaulle utilisait ce terme pour désigner les communistes, les militants de la CGT, qu’il accusait « d’exploiter les misères et d’attiser les colères ».
En 2015, après les attentats, l’adjectif islamiste est venu compléter le terme. Cela met en opposition ceux qui représentent une menace pour la nation, pour l’identité et l’unité de la France et ceux qui défendent les valeurs nationales. L’épouvantail de la sécurité, de la guerre civile, des combats de rue est jeté en pâture.
Les thèses sécuritaires fleurissent sur la base des peurs, attisées par un climat social fragile en cette période de crise sanitaire dont l’effet rebond va être économique. L’ennemi est intérieur, celui qui veut diviser alors que la crise sanitaire réclame une unité nationale.
Et pendant ce temps, les plans sociaux se multiplient et les chantages à l’emploi donnent plein pouvoir au patronat pour négocier des accords dits de compétence collective. La réponse du gouvernement à ce climat social se traduit par des mesures sécuritaires, l’ennemi n’étant pas l’économie et le patronat, mais les séparatistes, racistes, les barbares. Et dans la population, la colère enfle, semant la discorde et laissant la violence s’exprimer comme seule réponse à cette peur.
Les nouveaux sauvages
À l’occasion du 150e anniversaire de la République, Macron a dénoncé le séparatisme plutôt que le communautarisme, qu’il tolère. Le locataire de l’Élysée affirme « qu’il n'y aura jamais de place en France pour ceux qui, souvent au nom d'un Dieu, entendent imposer la loi d'un groupe ».
Robert Badinter, dans une interview télévisée virale sur les réseaux sociaux, rappelle quant à lui que la République est une et indivisible et qu’il ne saurait y avoir une mosaïque de communautés, qui n’est pas l’esprit de la République française.
Selon l’ancien Garde des Sceaux, « le communautarisme, c’est la mort de la République ». Et de rappeler le rôle fondamental de l’éducation et des parents dans la transmission élémentaire de la civilité. « Rien n’est plus insupportable que la mauvaise éducation, la brutalité et la grossièreté ».
La violence gratuite puise son mal dans une faillite du système et de l’éducation. Loin des déterminismes sociaux comme le suggère la petite phrase du ministre de l’Intérieur. Car ramener le fond du problème à « une autre France », c’est nier la responsabilité personnelle et accepter le désengagement de l’État. Or, mieux vaudrait ne pas offrir à la violence le terreau pour prospérer.
• Maria Mariana
Alors que l’ensauvagement de la société fait débat, au-delà de la terminologie, l’état de la France est paradoxal. L’incivilité règnerait en maître reléguant les bonnes manières aux arrière-bans de la société, réservées aux élites.
Une sorte de combat des barbares contre les civilisés qui augmente le climat rendu déjà bien anxiogène par la crise sanitaire et mettant sous le tapis les causes réelles du malaise.
La vérité des chiffres
L’agression mortelle du chauffeur de bus à Bayonne, et son ultra médiatisation, a eu pour effet de remettre la violence sous le feu des projecteurs. Et le ministre de l’Intérieur y est allé de sa petite phrase évoquant « l’ensauvagement d’une partie de la société ».
Ça oppose bien deux France, l’une qui use de la violence comme moyen d’expression, et l’autre qui a peur. Enfin, qui regarde froidement les chiffres.
Selon les statistiques d’Eurostat, la délinquance s’est transformée au cours des dernières décennies. Nous sommes passés, en moins de quarante ans, d’une délinquance violente (hold-up et prises d’otage) à une délinquance numérique (« rançongiciels ») qui laisse peu de traces.
Donc la délinquance n’a pas baissé, elle s’est adaptée et est devenue moins visible. Les homicides d’aujourd’hui sont donc moins économiques que liés à d’autres facteurs (communautaires, psychologiques…).
Ce type de nuances n’est pas encore reflété dans les chiffres. Qui montrent une stabilité de la délinquance. Pourtant, les faits divers sont sans appel sur la violence.
En Corse aussi. Comme pour ces jeunes étudiants arrivant à la fac de Corte. Ou pour ce jeune couple de Saint-Florent violemment frappé par une dizaine de personnes. Amenant cette question de la gestion de cette violence.
Les séparatistes
Les discours politiques ont depuis longtemps stigmatisé ceux qui s’opposent, violemment à l’État. Les séparatistes désignent aussi tous les mouvements régionalistes ou autonomistes bretons, basques, corses…
En son temps, le général de Gaulle utilisait ce terme pour désigner les communistes, les militants de la CGT, qu’il accusait « d’exploiter les misères et d’attiser les colères ».
En 2015, après les attentats, l’adjectif islamiste est venu compléter le terme. Cela met en opposition ceux qui représentent une menace pour la nation, pour l’identité et l’unité de la France et ceux qui défendent les valeurs nationales. L’épouvantail de la sécurité, de la guerre civile, des combats de rue est jeté en pâture.
Les thèses sécuritaires fleurissent sur la base des peurs, attisées par un climat social fragile en cette période de crise sanitaire dont l’effet rebond va être économique. L’ennemi est intérieur, celui qui veut diviser alors que la crise sanitaire réclame une unité nationale.
Et pendant ce temps, les plans sociaux se multiplient et les chantages à l’emploi donnent plein pouvoir au patronat pour négocier des accords dits de compétence collective. La réponse du gouvernement à ce climat social se traduit par des mesures sécuritaires, l’ennemi n’étant pas l’économie et le patronat, mais les séparatistes, racistes, les barbares. Et dans la population, la colère enfle, semant la discorde et laissant la violence s’exprimer comme seule réponse à cette peur.
Les nouveaux sauvages
À l’occasion du 150e anniversaire de la République, Macron a dénoncé le séparatisme plutôt que le communautarisme, qu’il tolère. Le locataire de l’Élysée affirme « qu’il n'y aura jamais de place en France pour ceux qui, souvent au nom d'un Dieu, entendent imposer la loi d'un groupe ».
Robert Badinter, dans une interview télévisée virale sur les réseaux sociaux, rappelle quant à lui que la République est une et indivisible et qu’il ne saurait y avoir une mosaïque de communautés, qui n’est pas l’esprit de la République française.
Selon l’ancien Garde des Sceaux, « le communautarisme, c’est la mort de la République ». Et de rappeler le rôle fondamental de l’éducation et des parents dans la transmission élémentaire de la civilité. « Rien n’est plus insupportable que la mauvaise éducation, la brutalité et la grossièreté ».
La violence gratuite puise son mal dans une faillite du système et de l’éducation. Loin des déterminismes sociaux comme le suggère la petite phrase du ministre de l’Intérieur. Car ramener le fond du problème à « une autre France », c’est nier la responsabilité personnelle et accepter le désengagement de l’État. Or, mieux vaudrait ne pas offrir à la violence le terreau pour prospérer.
• Maria Mariana