Exposition à " L'Arsenal" , l'Ukraine au coeur jusqu'au 17 septembre
L'Ukraine au coeur jusqu'au 17 septembre
Exposition à « L’Arsenale »
L’Ukraine au cœur
Bombes. Massacres. Snipers. Tortures. Exode. Exil. L’actualité de l’Ukraine est bouleversante. Dérangeante. Cruelle. Inadmissible. A quoi assiste-t-on sinon à la défense de la démocratie contre une invasion impérialiste façon conquête coloniale d’avant-hier ! C’est ce que nous conte l’exposition de photographies organisée par l’association Sguardi à « L’Arsenale » de la citadelle de Bastia.
Neuf photographes. Neuf témoins. Convoqués par le commissaire de l’exposition, Christian Buffa. Une expo qui dit la souffrance d’un peuple et ses deuils. Une expo qui ne se cantonne pas au dolorisme mais qui plaide pour l’humain, qui renonce à mettre à l’avant le pathos mais qui mise sur l’empathie dénuée de pleurnicherie. Comment refuser le malheur, la soumission sinon en se battant. En défendant par là même l’idée que l’homme n’est pas seulement une larve, un nuisible à écraser.
De l’Ukraine le photographe Edouard Elias nous montre une guerre de tranchées et ce depuis les accords de Minsk qui n’ont jamais été respectés, échec qui a abouti à l’annexion de la Crimée ainsi qu’aux affrontements dans le Donbass entre forces loyalistes et séparatistes. On croirait revivre le conflit mondial de 14 – 18 !
Éric Bouvet, lui, insiste sur ces réfugiés contraints de fuir leurs maisons, leurs villes sur les chemins risqués et douloureux de l’exode. Il y a en particulier cette image d’un gamin ravagé de larmes devant l’horreur qu’on lui balance sous les yeux, horreur dont son jeune âge devrait lui être épargnée. D’Antoine d’Agata on scrute avec angoisse ces carcasses d’immeubles suppliciés par les bombardements et les incendies. Ces immeubles où auparavant s’épanouissait la vie. Ces immeubles dont les squelettes de béton accusent et récusent cette « opération militaire » qui camoufle une guerre.
Un cadavre au bord d’une route voilà ce que nous donne à voir Véronique de Viguerie. Un cadavre, en sa solitude et sa désolation, dénonçant les massacres d’Irpin et Boutcha. Un cadavre signe d’un temps effroyable où toute normalité sociale est bannie. Dégoût… Laurent Van der Stockt évoque l’exil des Ukrainiens réduits à observer des photos de leur monde d’avant, photos qu’ils ont collé au mur de leurs refuges pour se souvenir, pour être plus forts. Il profile la silhouette d’une femme exilée dans un wagon de métro parisien, qui semble ailleurs au milieu d’anonymes. Rêve -t-elle au pays perdu ?
Un couple enveloppé d’une lumière tamisée. Un couple entre ombre et lumière, qui joignent les mains… pour conjurer le sort… pour reprendre confiance en l’avenir… Le cliché de Patrick Wack interpelle sur le million de Russes qui a fui son pays depuis le déclenchement des hostilités par Poutine. Guillaume Herbant semble opter pour une démarche plutôt étonnante avec sa prise de vue d’un soldat accroché à son arme devant un panoramique de Blanche Neige et les sept nains. Contraste saisissant entre l’univers sucré de Disney et la réalité du terrain guerrier. Contraste éloquent.
Maxim Dondyuk nous renvoie aux événements de Maïdan, à l’époque de la révolution de l’hiver 2014 – 2014 où les Ukrainiens manifestaient pour s’opposer à la décision du président d’alors de suspendre le processus d’adhésion à l’UE. Image de flots incendiaires broyant la nuit. Vision brutale et esthétique à la fois. Perturbant… L’exil vu en Corse c’est que nous propose Marc Pollini. Portrait de face d’une femme à l’expression grave et déterminée. Une femme à la blouse typique de l’Europe de l’Est avec ses broderies de fleurs au point de croix. Des broderies qui disent tout…. De profil, un duo mère – fille. L’enfant, peut-être, huit ans. La mère au regard d’une étrange inquiétude, pourtant mêlée de sérénité.
Michèle Acquaviva-Pache
- · Jusqu’au 17 septembre.
- · Le président de l’association Sguardi est Jean Marc Raffaelli dont on regrette la plume fine et pertinente dans le « quotidien » de l’île !