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DSP aérienne : deux compagnies en lice

Le groupement Air Corsica - Air France n'est plus le seul à avoir déposé son dossier.


DSP aérienne : deux compagnies en lice


Les candidatures pour la délégation de service public (DSP) dans l’aérien sont closes depuis le 13 juillet. Le groupement Air Corsica-Air France n’est pas le seul à avoir déposé son dossier. Pour la première fois depuis 20 ans, une autre compagnie, Volotea, s’est également positionnée. Ce qui suscite une certaine inquiétude dans l’île.


Il y aura donc un match entre deux compagnies pour l’attribution des lignes aériennes de la future délégation de service public (DSP) de l’île. Une bataille pour les ailes de la Corse qui se joue d’abord à terre entre Air Corsica et Volotea, qui ont toutes deux fait acte de candidature pour cette DSP 2024-2027 dont l’appel d’offres est clos depuis le 13 juillet.

Celui-ci concerne les liaisons entre les quatre aéroports insulaires et ceux de Paris-Orly, Marseille et Nice. Sur l’escale d’Orly, Air Corsica a effectué une candidature commune avec Air France, son partenaire historique. Sur le « bord à bord » avec Marseille et Nice, la compagnie corse s’est positionnée seule sur la totalité de l’offre.

Cependant, pour la première fois depuis 20 ans et l’épisode Air Littoral, une autre compagnie vient bousculer le « monopole » d’Air Corsica pour assurer la continuité territoriale avec l’Hexagone.

Dans un communiqué, Volotea a « confirmé » avoir répondu à l’appel d’offres qui « était ouvert à toutes les compagnies aériennes ». Un texte dans lequel l’opérateur spécialisé dans les vols low cost déclare se porter candidat « pour certaines lignes ». Selon nos informations, il pourrait s’agir de celles vers Paris et Marseille au départ d’Ajaccio et Bastia. A l’heure où nous mettions sous presse, le détail des offres n’avait pas encore été dévoilé officiellement par la compagnie espagnole.

De son côté, Air Corsica a candidaté sur toutes les lignes de la DSP. "Les offres sont conformes au cahier des charges, aux obligations de service public, y compris avec les évolutions qui sont celles décidées par les conseillers territoriaux qui ont voté ce cahier des charges, notamment des nouvelles dispositions en termes d'amplitude horaire pour certaines lignes", a indiqué Luc Bereni, président du directoire d'Air Corsica, au micro de France 3 Corse, juste après avoir déposé le dossier de la compagnie à l'Office des transports, à Ajaccio


« Création d’emplois au niveau local »

La candidature de Volotea vient en quelque sorte menacer Air Corsica et de ses quelque 700 salariés, ainsi que les 300 employés d’Air France dans l’île. Car la compagnie catalane semble avoir quelques arguments à faire valoir. Assurant des liaisons avec la Corse depuis dix ans, principalement en été, Volotea précise qu'elle représente « 80% de l’offre globale sur l’île avec 29 destinations desservies » en 2023. Elle dit vouloir « poursuivre le développement de sa desserte de ce territoire insulaire » et, si elle devait être retenue sur certaines lignes de la DSP, « elle s'engage à faciliter la création d'emplois au niveau local et à solliciter des partenaires basés sur les territoires qu'elle desservirait ». Et l’opérateur de mettre en avant son expérience en matière de service public, soulignant le fait qu’il assure déjà une DSP entre Orly et l’aéroport de Tarbes-Lourdes.

Chez les syndicats d’Air Corsica et d’Air France, notamment au STC et à la CGT, le mot « inquiétude » est sur toutes les lèvres. « On va se battre, a indiqué sur France 3 Corse Xavier Papini, responsable personnels CGT à Air France, sur France 3 Corse. On fait confiance à nos élus par rapport à la casse sociale si Air France et Air Corsica venaient à être évincés de cet appel d’offres. Malheureusement, c’est possible, maison se battra parce que ce sont nos emplois et nos vies qui sont en jeu. »

En effet, la perte de l’escale d’Orly pourrait être préjudiciable au groupement Air Corsica-Air France. Pour l’heure, rien n’est joué. D’autant que Volotea est parfois pointée du doigt pour les - longs - retards de ces avions. Ce qui pourrait être préjudiciable à la compagnie dans cet appel d’offres où la DSP assure également une continuité territoriale médicale pour les nombreux Corses qui partent se faire soigner sur le continent.


Casse-tête juridique et financier

Cette candidature vient rebattre les cartes de la DSP aérienne et plonger la Collectivité de Corse dans un casse-tête juridique et financier qui s’annonce complexe. Dans l’analyse des dossiers, le montant de la compensation financière demandée par les compagnies pourrait être l’un des critères de sélection. L’offre de Volotea sera-t-elle inférieure sur ce point-là à celle d’Air Corsica ? Chaque année, la CdC - actionnaire principal d’Air Corsica - verse entre 90 et 95 millions d’euros par an aux actuelles compagnies délégataires. Mais la dotation de continuité territoriale de 186 millions d’euros concernant l’aérien et le maritime n’a plus été revalorisée depuis 14 ans. L’augmentation du coût du carburant et les différentes taxes ont depuis contribué à faire grimper le coût global des transports. A tel point que l’Etat a effectué une rallonge de 33 millions d’euros en novembre dernier. De plus, le tarif des billets résidents a également été revu à la hausse.

Reste à savoir désormais ce que donnera la procédure concernant ces deux offres. Des recours ne sont d’ailleurs pas à exclure. L’épisode de la DSP maritime et des quelque 90 millions d’euros que la Collectivité de Corse avait dû verser à la Corsica Ferries pour « concurrence irrégulière » est encore dans toutes les mémoires.

Désormais, les négociations entre les compagnies vont débuter. Ensuite, l’automne prochain, un vote de l’Assemblée de Corse devra entériner l’attribution des lignes de la future DSP qui entrera en vigueur le 1er janvier 2024.


A.S
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