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La Corse universelle

Une chanson passe tous les jours sur certaines radios libanaises en forme d'hommage aux morts et disparus de la grande explosion qui a ravagé un tiers de la ville le 4 aôut.
Une chanson passe tous les jours sur certaines radios libanaises en forme d’hommage aux morts et aux disparus de la grande explosion qui a ravagé un tiers de la ville le 4 août. Cette chanson s’intitule “À l’altru mondu”. Elle a été écrite par les regrettés frères Vincenti qui restent parmi les plus grands paroliers de langue corse. “À l’altru mondu” avait été interprétée de façon remarquable par Antoine Ciosi.

Un hommage dans les deux sens


On ne peut que s’incliner devant le long martyre que subit le Liban depuis une génération. Guerre civile… Invasions étrangères… Massacres… Et maintenant ce lent naufrage économique et politique hélas ponctué par l’explosion gigantesque du 4 août.
Le Liban partage des liens étroits avec la France qui l’a créé diplomatiquement il y a un siècle alors que s’achevait la Grande Guerre. Nombreux sont les Corses qui, d’une façon ou d’une autre, ont eu, eux aussi, à faire avec ce pays qui cherche désespérement à échapper au drame du communautarisme pour s’affirmer en tant que nation.
Aussi est-ce avec beaucoup d’émotion que la Corse a découvert la reprise de ce si beau chant d’espérance interprété par Pascale Ojeil et Charles Eid, deux artistes libanais. Auparavant, il l’avait donc été par Antoine Ciosi en solo, puis avec Diana Saliceti. A Filetta l’avait adopté ainsi que Mai Pesce et Maurane.
Cet hommage au Liban rendu grâce à la générosité de la famille Vincenti est à double sens tellement l’impact a été grand sur le peuple libanais qui a ainsi salué l’universalisme de l’art corse. “Cette chanson du répertoire des frères Vincenti, chanteurs-compositeurs corses aux musiques inspirées par leur terre et ses traditions, déroule des mots de consolation adressés depuis l’au-delà par un jeune homme décédé à sa mère.
Et c’est en pensant à l’incommensurable douleur des mères des disparus du 4 août que Pascale Ojeil a eu l’idée de la leur dédier. La jeune femme qui s’active depuis plusieurs mois en tant que bénévole auprès de l’association Achrafieh 2020 et qui depuis la double explosion se démène encore plus pour aider les survivants à réparer leurs appartements saccagés, sait qu’aucune maison reconstruite, aucun gravatdéblayé ne peuvent soulager la douleur de la perte d’un enfant.” explique le quotidien L’Orient-Le jour.

L’espérance d’un autre monde


En ouverture de son opus musical, Pascale Ojeil a également choisi d’insérer “Le cri du cèdre” de Sandra Sahyoun, une œuvre picturale devenue le symbole de la douleur et la rébellion des Libanais meurtris par cette année 2020. « D’autant que je lui trouve aussi des similitudes avec la figure au bandeau illustrant le drapeau corse », ajoute la chanteuse libanaise amoureuse inconditionnelle de l’île de beauté.
Et de conclure en signalant qu’elle a offert cette reprise, diffusée régulièrement sur la MTV, à l’association Achrafieh 2020. Les filles des frères Vincenti ont tenu à témoigner de leur admiration pour l’interprétation dans une lettre particulièrement touchante : “Bonjour Pascale. Quel cadeau sublime vous nous faites aujourd’hui… Je suis la fille de Dominique, et la fille de François se joint à moi, pour simplement vous dire merci… Les mots nous manquent pour pouvoir vous dire à quel point nous sommes touchées ; touchées au plus profond de notre âme, car c’est la plus belle version que nous avons pu entendre de cette chanson ; votre douceur, votre sincérité et celles de ceux qui vous accompagnent touchent au sublime, à l’indicible.
La puissance de cet hommage à votre peuple meurtri a donné à cette chanson toute sa dimension universelle ; peut-être qu’un jour la vie nous permettra de vous rencontrer, nous l’espérons. Encore merci pour cet immense cadeau qui restera à jamais gravé dans nos mémoires. Et c’est avec un profond respect que nous nous joignons à la souffrance du Liban dans ces moments si terribles. Avec toute notre amitié et notre reconnaissance. »

La Corse universelle


C’est une fierté d’écouter cette musique si corse reprise par des artistes libanais au nom d’un peuple lui aussi universel à travers ses souffrances et ses espérances. C’est dans de pareils moments qu’on ressent un réel bonheur à pouvoir se revendiquer de cette âme dont l’absolu permet de croire à un autre monde mais bien terrestre celui-là.

À l'altru mondu, canta un culombu è paura ùn hà,
Per cacciadore ci hè u Signore, O Mà, ùn ti ne fà !


GXC
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