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L'anticorsisme républicain

Après le Second Empire et la défaite de Sedan , ....

L’anticorsisme républicain


Après le Second Empire et la défaite de Sedan, la débâcle de la France est attribuée par une minorité agissante à la Corse. La meute, malheureusement républicaine, qui déteste la Corse appelle à la curée.


La Corse pour un franc symbolique

Le 4 septembre 1871, Henri Rochefort, homme de gauche et journaliste fameux, lance l’hallali dans la Lanterne, proposant « la restitution de la Corse à l’Italie pour un franc symbolique ». Le 15 février 1871, le docteur Peyrusseau présente à l’Assemblée nationale une pétition qui demande « avec urgence la séparation de la Corse d’avec la France et l’exclusion immédiate des députés corses de ses séances, sans préjudice, au besoin, de leur expulsion du territoire français». On ne saurait être plus clair ni plus odieux dans la formule.

Cette demande étant restée sans effet, le député Lockroy et le socialiste Édouard Simon reviennent à la charge le 3 mars, appuyés trois jours plus tard par Georges Clemenceau, afin « que la Corse cesse immédiatement et irrévocablement de faire partie de la République française ». Le Parlement ne cédant toujours pas, l’opinion de gauche s’en émeut.

La Corse, île de bandits

Jules Vallès, écrivain et homme politique, qui s’affiliera à la Première Internationale et à la Commune de Paris, regrette que la Corse n’ait pas été cédée à la Prusse plutôt que l’Alsace, dans un article de son journal le Cri du peuple. Il ajoute : « La vérité qu’il faut dire, c’est que la Corse n’a jamais été et ne sera jamais française. Voilà cent ans que la France traîne à son pied ce boulet, nous l’en voyons estropiée et meurtrie. Le Corse est naturellement mouchard et assassin.» Chapeau ! l’insurgé…Georges Darien, excellent écrivain et anarchiste, a passé quelques années dans le bagne militaire de Biribi qu’il dénonce avec justesse jusqu’au dérapage corsophobe : « Ah ! çà, pour qui me prend-il, ce Corse ? Est-ce qu’il se figure que j’ai, comme lui, dans les veines, du sang de ces bandits sinistres qui sont brigands dans les maquis ou garde-chiourmes dans les bagnes ?

“Caporal, vous êtes français, vous ! Vous n’êtes pas corse ! Les Français ne savent pas mentir ! Vous n’allez pas faire condamner un innocent

‘Ah ! oui, des brutes et des canailles, ces sous-officiers et ces caporaux aussi dénués de cœur que d’intelligence, ces hommes qui demandent à aller exercer contre ceux qu’ils devraient considérer comme leurs frères, des soldats comme eux, le métier de garde-chiourme… Le sentiment de la haine contre les malheureux qu’ils ont sous leurs ordres et qu’ils commandent revolver au poing, celui de la vengeance idiote et lâche à satisfaire à tout prix finit par étouffer chez eux tout autre sentiment. L’homme est annihilé et remplacé par la bête fauve. Les neuf dixièmes sont des Corses… Malgré leur zèle, ils étaient obligés de constater que rien ne manquait. Ils avaient envie d’en pleurer, les Corses surtout, cette race immonde qui n’a jamais su choisir qu’entre le couteau du bandit et le sabre du garde-chiourme.’

Assez de cette Corse

Même chorus chez les journalistes plus installés. Le Figaro, le Journal des débats, le Gaulois, le Rappel, l’Égalité, la Cloche hurlent de concert. « Les étrangers » sont dénoncés. Il faut larguer « le nid de vipères ».

La Réforme écrit : « Il faut en finir avec les brigands corses qui depuis un siècle ravagent la France après s’être élevés par l’assassinat.» La Cloche renchérit : « Ah ! assez de cette Corse ! Cœur de mon pays, comprendrez-vous que si nous sommes affaissés, languissants, honteux, aplatis, dégradés, sans animation et sans caractère, dépourvus de vie sociale, sans battements, à vendre… si le ventre grandit et domine, c’est dans cette étreinte corse qui, durant des lustres, l’a griffé dans ses serres sauvages.»

Dans le Réveil, Delescluze demande l’épuration de l’administration « de tout ce qui porte un nom corse ».

En 1890, Louis Noir écrit, dans l’Intransigeant : « La Corse est la vraie patrie des assassins gagés… Le Corse n’a pas l’horreur du meurtre : avide d’argent, il tuera volontiers pour de l’argent ; au lieu d’être le soldat d’un gouvernement, il sera le soldat de quelqu’un ; il est mercenaire et sert qui le paie.»

Une tendance de fond

L’anticorsisme a de nouveau donné ses fleurs vénéneuses après l’assassinat du préfet Erignac. Peut-on parler de racisme ?Certainement pas parce qu’il serait difficile de catégoriser les Corses dans ce terme absurde de race. Mais qu’il existe un fort sentiment anticorse sur le continent est indéniable, et ce pour différentes raisons : le particularisme et donc la différence, l’insularité, cette tendance à toujours demander plus par crainte d’avoir moins. Mais aussi parfois l’incroyable bêtise en retour de Corses qui traitent les continentaux de « Gaulois» ou de « Français de merde ». Conclusion : le rejet de l’autre, quel qu’il soit, est le signe d’un insondable manque d’intelligence.


GXC
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