La Méditerranée et l'océan atlantique sous l'effet de la canicule marine
Le désastre canuculaire marin
La Méditerranée et l’océan atlantique sous l’effet de la canicule marine
Un différentiel de 6,5 °C par rapport à la normale saisonnière a été mesuré par satellite le 19 juillet au large de Marseille. C’est depuis le mois de mai, soit plus de soixante-dix jours en cumulé, que la mer présente toutes les caractéristiques de la canicule marine. C’est un record. Même constat pour l’océan atlantique.
Le désastre caniculaire marin
Rubén del Campo, porte-parole de l’Agence nationale de météorologie espagnole, explique les effets de cette canicule marine. Ces canicules marines se déclenchent lors d’une situation durable de hautes températures et de conditions stables, un soleil sans nuages, des vents calmes. L’eau de surface ne bouge plus et les eaux froides de profondeur ne peuvent plus remonter, faisant énormément souffrir les coraux, les crustacés, les poissons…La canicule marine est le constat que la régulation de la température par celle de l’eau n’existe quasiment plus. Cette année, la canicule marine a frappé la partie occidentale de la Méditerranée, sur environ 50 % à 60 %de sa superficie, contre 90 % durant la canicule de l’été 2003. Paradoxalement, l’eau est plus froide au large du Maghreb, de la Grèce et de l’Égypte, signe que la dérégulation climatique touche l’air et l’eau. Cela signifie très concrètement la disparition à court terme d’une grande partie de la faune et de la flore sous-marine et notamment des prairies de posidonies. Or les posidonies non seulement protègent la faune, mais stockent entre 11 %et 42 % du CO2 émis depuis la révolution industrielle par les pays du pourtour méditerranéen. L’affaiblissement de ces puits à oxygène va accélérer le réchauffement aquatique.
Un désastre écologique
La canicule marine favorise la mort des espèces endémiques et leur remplacement par les espèces tropicales. Déjà en juin 2021, un rapport du WWF prévoyait un désastre causé par la « tropicalisation » en cours en Méditerranée, où le réchauffement de l’eau serait «20 % plus rapide» que dans les autres mers et océans. Il signalait notamment l’intrusion d’espèces animales herbivores originaires de l’océan Indien et entrées par la mer Rouge, via le canal de Suez tel que les poissons-lapins. Les scientifiques ont déjà recensé 986 espèces étrangères dont 126 de poissons qui désormais habitent les eaux méditerranéennes. Concernant les mollusques, le massacre est terrible. Les larves d’huîtres ne survivent pas à une température supérieure à 28 ou 29 °C. Et les scientifiques d’annoncer unanimement qu’aujourd’hui la mutation méditerranéenne est hors de contrôle humain.
L’océan atlantique suffoque aussi
L’Atlantique Nord, qui s’étend de l’Islande au nord de l’Afrique, est frappé par une canicule marine sans précédent, où les écarts peuvent dépasser jusqu’à quatre ou cinq degrés par rapport à la normale des températures de surface comme au large des îles britanniques. Le 21 juin dernier, la température à la surface de l’eau dans la partie nord de l’océan Atlantique était de 23,3 °, soit 1,28 ° de plus que la moyenne historique (1971-2000) à cette période, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). D’ailleurs, l’agence américaine a classé certaines zones au nord de l’Irlande et à l’ouest du Royaume-Uni en catégorie cinq, « au-delà de l’extrême », soit la catégorie la plus élevée sur l’échelle des canicules marines.
Et pendant ce temps la banquise disparaît
Un des grands acteurs du climat est la banquise dont la glace refroidit l’eau. Les études scientifiques montrent que l’on a déjà perdu plus de 40 % de celle-ci en l’espace de 40 ans, à cause des activités humaines. Mais, le point essentiel à retenir est qu’aujourd’hui, et quoi que l’on fasse, nous aurons des étés sans banquise en Arctique dès les années 2030. La banquise est avant tout le climatiseur de l’Arctique. C’est une surface blanche gigantesque évaluée entre 10 et 14 millions de km² en 2022 qui permet de renvoyer le rayonnement solaire en direction de l’espace, comme un miroir, et ainsi de garder l’Arctique froid. Cette glace de mer est également essentielle aux écosystèmes, à la faune et la flore. Beaucoup d’espèces marines ou sous- marines en dépendent. Par ailleurs, la disparition de la banquise pendant l’été risque d’accélérer la fonte du Groenland et l’élévation du niveau des mers. Dans son ouvrage la glaciologue Heïdi Sevestre écrit d’une manière très volontariste : « J’ai l’espoir et la conviction que nous sauverons les glaciers et nous-mêmes… Il est trop tard pour la banquise et la moitié des glaciers qui sont amenés à disparaître d’ici à la fin du siècle. Mais l’avenir de l’autre moitié des glaciers sur Terre est entre nos mains. Scientifiques, glaciologues, nous ne devons pas lâcher l’affaire afin de motiver tout le monde à passer à l’action. Cela ne sera possible que s’il y a encore l’espoir de sauver des écosystèmes et de se sauver nous-mêmes. »
GXC
Un différentiel de 6,5 °C par rapport à la normale saisonnière a été mesuré par satellite le 19 juillet au large de Marseille. C’est depuis le mois de mai, soit plus de soixante-dix jours en cumulé, que la mer présente toutes les caractéristiques de la canicule marine. C’est un record. Même constat pour l’océan atlantique.
Le désastre caniculaire marin
Rubén del Campo, porte-parole de l’Agence nationale de météorologie espagnole, explique les effets de cette canicule marine. Ces canicules marines se déclenchent lors d’une situation durable de hautes températures et de conditions stables, un soleil sans nuages, des vents calmes. L’eau de surface ne bouge plus et les eaux froides de profondeur ne peuvent plus remonter, faisant énormément souffrir les coraux, les crustacés, les poissons…La canicule marine est le constat que la régulation de la température par celle de l’eau n’existe quasiment plus. Cette année, la canicule marine a frappé la partie occidentale de la Méditerranée, sur environ 50 % à 60 %de sa superficie, contre 90 % durant la canicule de l’été 2003. Paradoxalement, l’eau est plus froide au large du Maghreb, de la Grèce et de l’Égypte, signe que la dérégulation climatique touche l’air et l’eau. Cela signifie très concrètement la disparition à court terme d’une grande partie de la faune et de la flore sous-marine et notamment des prairies de posidonies. Or les posidonies non seulement protègent la faune, mais stockent entre 11 %et 42 % du CO2 émis depuis la révolution industrielle par les pays du pourtour méditerranéen. L’affaiblissement de ces puits à oxygène va accélérer le réchauffement aquatique.
Un désastre écologique
La canicule marine favorise la mort des espèces endémiques et leur remplacement par les espèces tropicales. Déjà en juin 2021, un rapport du WWF prévoyait un désastre causé par la « tropicalisation » en cours en Méditerranée, où le réchauffement de l’eau serait «20 % plus rapide» que dans les autres mers et océans. Il signalait notamment l’intrusion d’espèces animales herbivores originaires de l’océan Indien et entrées par la mer Rouge, via le canal de Suez tel que les poissons-lapins. Les scientifiques ont déjà recensé 986 espèces étrangères dont 126 de poissons qui désormais habitent les eaux méditerranéennes. Concernant les mollusques, le massacre est terrible. Les larves d’huîtres ne survivent pas à une température supérieure à 28 ou 29 °C. Et les scientifiques d’annoncer unanimement qu’aujourd’hui la mutation méditerranéenne est hors de contrôle humain.
L’océan atlantique suffoque aussi
L’Atlantique Nord, qui s’étend de l’Islande au nord de l’Afrique, est frappé par une canicule marine sans précédent, où les écarts peuvent dépasser jusqu’à quatre ou cinq degrés par rapport à la normale des températures de surface comme au large des îles britanniques. Le 21 juin dernier, la température à la surface de l’eau dans la partie nord de l’océan Atlantique était de 23,3 °, soit 1,28 ° de plus que la moyenne historique (1971-2000) à cette période, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). D’ailleurs, l’agence américaine a classé certaines zones au nord de l’Irlande et à l’ouest du Royaume-Uni en catégorie cinq, « au-delà de l’extrême », soit la catégorie la plus élevée sur l’échelle des canicules marines.
Et pendant ce temps la banquise disparaît
Un des grands acteurs du climat est la banquise dont la glace refroidit l’eau. Les études scientifiques montrent que l’on a déjà perdu plus de 40 % de celle-ci en l’espace de 40 ans, à cause des activités humaines. Mais, le point essentiel à retenir est qu’aujourd’hui, et quoi que l’on fasse, nous aurons des étés sans banquise en Arctique dès les années 2030. La banquise est avant tout le climatiseur de l’Arctique. C’est une surface blanche gigantesque évaluée entre 10 et 14 millions de km² en 2022 qui permet de renvoyer le rayonnement solaire en direction de l’espace, comme un miroir, et ainsi de garder l’Arctique froid. Cette glace de mer est également essentielle aux écosystèmes, à la faune et la flore. Beaucoup d’espèces marines ou sous- marines en dépendent. Par ailleurs, la disparition de la banquise pendant l’été risque d’accélérer la fonte du Groenland et l’élévation du niveau des mers. Dans son ouvrage la glaciologue Heïdi Sevestre écrit d’une manière très volontariste : « J’ai l’espoir et la conviction que nous sauverons les glaciers et nous-mêmes… Il est trop tard pour la banquise et la moitié des glaciers qui sont amenés à disparaître d’ici à la fin du siècle. Mais l’avenir de l’autre moitié des glaciers sur Terre est entre nos mains. Scientifiques, glaciologues, nous ne devons pas lâcher l’affaire afin de motiver tout le monde à passer à l’action. Cela ne sera possible que s’il y a encore l’espoir de sauver des écosystèmes et de se sauver nous-mêmes. »
GXC