La mort héroique de Jean Nicoli
Nous mourons heureux pour la cause que nous avons servie
La mort héroïque de Jean Nicoli
D’après les derniers renseignements soutirés à des soldats italiens et attestés par les cheminots corses, Jean Nicoli et ses camarades allaient être transférés le 26 août par la micheline, u trinicheddu, qui relie Ajaccio à Bastia afin d’y être jugés et ils allaient être fusillés. Les autorités italiennes estimaient ce moyen plus sûr que la route. Le Front national décida de tout mettre en œuvre pour les libérer.
L’embuscade ratée
Pierre Pagès, l’un des militants du Front national, fut chargé de repérer les abords de la voie ferrée, accompagné d’un autre camarade résistant.
Ils dépassèrent l’embranchement de Tavera. Là, ils éclatèrent de rire en apercevant une vache paresseusement couchée sur les rails. Le visage de Pagès se transforma :
— Voilà l’idée ! Le jour où Jean est transféré, on va s’arranger pour placer le cadavre d’une vache sur les rails ! Le conducteur de la Micheline s’arrêtera et nous attaquerons quand les carabiniers descendront pour dégager la voie.
Ils suivirent la voie ferrée jusqu’à un lieu qui se prêtait à l’embuscade. Les partisans pouvaient facilement se cacher en hauteur pour tirer sur le train. Une autre équipe devrait arriver par les contrebas et tuer les gardiens de Jean Nicoli pour le délivrer.
— Si ce sont des salopards de l’OVRA ou des Chemises noires qui l’entourent, il faudra être rapide et précis pour qu’ils ne le liquident pas, conclut Pagès.
Revenus à Ajaccio, les deux hommes firent part de leurs remarques aux autres responsables du Front national.
Puis ils rencontrèrent les cheminots afin qu’ils participent à l’action. Aucun d’entre eux ne chercha à se défiler. Ils estimèrent que mieux valait faire dérailler le train. Ainsi les Italiens ne pourraient pas faire marche arrière.
Échanger les patriotes contre des officiers italiens
En cette fin de mois d’août 1943, des contacts avaient été pris avec la direction militaire italienne afin de lui faire passer un message tout simple : la mort d’un seul partisan se paierait par celles de dizaines de carabiniers. Dans un même temps, des milliers de tracts en langue italienne furent distribués aux soldats ennemis les incitant à déserter et à rejoindre le camp antifasciste.
Le général Magli qui commandait les troupes italiennes en Corse hésitait sur la conduite à tenir. Il s’était rendu à deux reprises en Italie pour prendre les ordres de l’état-major qui négociait une reddition avec les Alliés présents dans la péninsule. Devait-il seconder les SS ou rester neutre ? Que devait-il faire des partisans emprisonnés ? Mais pour l’heure, les autorités italiennes présentes en Corse renforçaient encore et toujours leurs moyens de répression sur les résistants.
La direction du Front national avait particulièrement travaillé sur différents plans pour sauver Jean Nicoli et ses camarades. Elle avait même envisagé d’enlever un officier supérieur italien et l’échanger contre Nicoli. Une embuscade fut tendue sur la route d’Ortiporio, sortie sud de Campile. Les partisans attendirent l’officier trois jours en vain.
Il fut confié au secteur du sud de préparer une opération similaire. Joseph Pietri, l’un des responsables militaires de la région de Porto Vecchio, décida d’organiser un barrage au col de Bacinu et un autre sur la route de l’Ospedale, chemin qu’empruntait régulièrement un officier italien d’importance. Là encore les partisans firent chou blanc.
L’entrevue avec le colonel Cagnoni
Il ne restait plus qu’une solution : prendre contact avec le colonel Cagnoni, des Chemises noires.
L’entrevue eut lieu dans un café près du centre de la ville. L’officier italien semblait nerveux :
— Je crois que le général Magli se méfie de moi. Il est bien renseigné. Il avait des informations sur l’embuscade que vous avez montée à Ajaccio.
— Comment ça ? lança le responsable local du Front national. Quelles informations ?— Elles n’étaient pas suffisamment précises sinon il vous aurait pris à votre propre piège. Mais il a su que le train serait attaqué quelque part. C’est pour cette raison que les prisonniers ont été transportés par la route. Des SS l’avaient en partie sécurisée.
— Ça, c’est du passé. Maintenant, pensez-vous pouvoir faire évader notre camarade ?
— S’il y a une opportunité, je la saisirai. De toute manière, je pense que la capitulation de l’Italie n’est qu’une question de semaines ou peut-être même de jours. Si le peloton d’exécution est choisi parmi mes hommes, je vous promets que votre camarade sera épargné.— Colonel, conclut le membre de la direction du Front. Faites passer le message : si nos camarades sont exécutés, le général Magli le sera aussi… En Corse ou ailleurs, convention de Genève ou pas !
Nous mourons heureux pour la cause que nous avons servie
Jean Nicoli ne craignait pas la mort. Il l’avait mille fois envisagée et il l’acceptait comme le prix à payer pour son engagement communiste. Il demanda du papier et un stylo et il écrivit. Au début de la nuit, il réussit à glisser à ses camarades incarcérés dans la cellule voisine, un encouragement à mourir comme des partisans :
« Nous montrerons au procureur du roi qu’il y a des Corses qui sont encore dignes de leurs aïeux et qui sauront mourir en dignes fils de Cyrnos. Nous lèverons haut l’étendard, soyez tranquilles ! Nous espérons que notre sang vous donnera ·le courage de supporter toutes les tristesses de la prison et qu’il vous donnera l’espoir en des jours meilleurs que nous sentons proches, nous qui mourons. Nous mourons heureux pour la cause que nous avons servie. Votre souvenir à vous, amis de la cellule 3, Acquaviva, Giuntini, Franchi, Faggianelli, nous sera cher et une pensée sera pour vous. Puisse-t-elle vous porter bonheur ! Nous mourrons en Corse française et le procureur du roi l’entendra de ses oreilles.»
Aux camarades, au Parti communiste
Quelques heures plus tard, en lisière de son exécution, il écrivit à ses camarades communistes :
« 30 août. 2 heures du matin.
On me fusille à 4 heures.
Au Parti : Camarades,
J’ai été trahi. Heureusement, dans la bande qui m’a vendu, pas un seul camarade. Dans le Parti seul, mes frères, il y a des hommes. Pourquoi ne vous ai-je pas connus plus tôt ?J’aurais appris à me méfier. Je meurs content en mourant pour le Parti, ce grand Parti auquel j’avais voué mon action et auquel je donne de bon cœur ma vie.
30 août. 2 h 30.
J’ai sacrifié mes intérêts, ceux de mes enfants, j’ai donné ma vie pour la grande cause pour laquelle je reste, à la dernière minute, plus enflammé que jamais : celle de la Corse et du Parti.
Comme je vous aime, mes amis communistes, mes frères ! Comme je vous aime ! J’ai le dégoût des hommes qui m’ont trahi, vendu, et vous seuls êtes présents à ma dernière heure pour me faire comprendre l’homme. Vous seuls êtes ici présents dans ma cellule, vous seuls et mes enfants et je vous embrasse ous, un à un. Je vous serre sur mon cœur, vous, les hommes, les grands, les nobles. Comme c’est beau d’être communiste !
‘Si vous saviez quel courage donne notre idée au moment de mourir. Si vous saviez, le bonheur qui descend sur vous en pensant que vous mourez pour eux, les spoliés de la terre.
Que mon sang vous donne du courage à la tâche. S’il vous arrive de mettre en danger votre vie pour le Parti, mettez-la de bon cœur, car on meurt heureux en mourant communiste. Je peux en parler, moi, qui suis à deux heures de la mort. Je comprends maintenant à cette heure suprême le sourire des martyrs. Ils avaient devant les yeux une grande idée. Eh bien, voyez-vous, le communiste convaincu que je suis regrette de ne vous avoir pas connus plus tôt. Je souris déjà à la mort en pensant que je meurs en servant le Parti et la Corse.
‘Vous serez un jour complètement compris par la Corse qui sera communiste et qui le sera définitivement.
Vive le Parti communiste français !
Ce seront mes derniers mots au poteau. Tous je vous serre bien fort sur mon cœur. Jean Nicoli. »
La lettre à ses enfants
Et l’ultime missive fut destinée à ses enfants, Francette et Don Jacques dit Zaza :
« À mes enfants.
3 heures du matin.
‘Tout à l’heure je partirai. Si vous saviez comme je suis calme, je dirais presque heureux de mourir pour la Corse, pour le Parti. Ne pleurez pas. Souriez-moi. Soyez fiers de votre papa, il sait que vous pouvez l’être. La tête de Maure et la fleur rouge, c’est le seul deuil que je vous demande. Au seuil de la tombe, je vous dis que la seule idée qui sur notre pauvre terre me semble belle, c’est l’idée communiste. Je meurs pour notre Corse et pour mon Parti. »
Mort aux fascistes
Cagnoni n’avait pu tenir sa promesse. Le général Magli avait refusé de déposer un appel à Rome ce qui aurait sauvé Jean Nicoli. Il voulait qu’il soit exécuté. Il exigea au dernier moment que le peloton d’exécution soit changé et il demanda aux bersaglieri de s’en charger. Ils vinrent chercher Jean Nicoli à 5 h 30.
Il refusa le bandeau et s’adressa aux soldats. Les bersaglieri baissèrent les armes.
Mis au courant, le général Magli ordonna aux carabiniers de procéder à l’exécution. Ces derniers voulurent procéder à la fusillade dans le dos. Jean Nicoli les traita de lâches et exigea qu’ils le regardent en face. Ils se jetèrent sur lui et le massacrèrent à coups de crosse, ne cessant le lynchage que pour le décapiter au poignard.
Francette revint à midi espérant un miracle. Le procureur la reçut et laissa tomber :
— Votre père ? Mais il a été exécuté ce matin.
Cette même matinée, Joseph Luigi et Michel Bozzi furent passés par les armes. Ils refusèrent également d’avoir les yeux bandés et de tourner le dos à leurs assassins.
Quand la nouvelle tomba, les partisans recherchèrent dans la Corse entière des carabiniers et en tuèrent des dizaines en hurlant à chaque coup de feu : ‘Hè di a parti di Ghjuvan Nicoli. Sangui pà sangui è morti à i fascisti. C’est de la part de Jean Nicoli. Sang pour sang et mort aux fascistes. »
GXC
D’après les derniers renseignements soutirés à des soldats italiens et attestés par les cheminots corses, Jean Nicoli et ses camarades allaient être transférés le 26 août par la micheline, u trinicheddu, qui relie Ajaccio à Bastia afin d’y être jugés et ils allaient être fusillés. Les autorités italiennes estimaient ce moyen plus sûr que la route. Le Front national décida de tout mettre en œuvre pour les libérer.
L’embuscade ratée
Pierre Pagès, l’un des militants du Front national, fut chargé de repérer les abords de la voie ferrée, accompagné d’un autre camarade résistant.
Ils dépassèrent l’embranchement de Tavera. Là, ils éclatèrent de rire en apercevant une vache paresseusement couchée sur les rails. Le visage de Pagès se transforma :
— Voilà l’idée ! Le jour où Jean est transféré, on va s’arranger pour placer le cadavre d’une vache sur les rails ! Le conducteur de la Micheline s’arrêtera et nous attaquerons quand les carabiniers descendront pour dégager la voie.
Ils suivirent la voie ferrée jusqu’à un lieu qui se prêtait à l’embuscade. Les partisans pouvaient facilement se cacher en hauteur pour tirer sur le train. Une autre équipe devrait arriver par les contrebas et tuer les gardiens de Jean Nicoli pour le délivrer.
— Si ce sont des salopards de l’OVRA ou des Chemises noires qui l’entourent, il faudra être rapide et précis pour qu’ils ne le liquident pas, conclut Pagès.
Revenus à Ajaccio, les deux hommes firent part de leurs remarques aux autres responsables du Front national.
Puis ils rencontrèrent les cheminots afin qu’ils participent à l’action. Aucun d’entre eux ne chercha à se défiler. Ils estimèrent que mieux valait faire dérailler le train. Ainsi les Italiens ne pourraient pas faire marche arrière.
Échanger les patriotes contre des officiers italiens
En cette fin de mois d’août 1943, des contacts avaient été pris avec la direction militaire italienne afin de lui faire passer un message tout simple : la mort d’un seul partisan se paierait par celles de dizaines de carabiniers. Dans un même temps, des milliers de tracts en langue italienne furent distribués aux soldats ennemis les incitant à déserter et à rejoindre le camp antifasciste.
Le général Magli qui commandait les troupes italiennes en Corse hésitait sur la conduite à tenir. Il s’était rendu à deux reprises en Italie pour prendre les ordres de l’état-major qui négociait une reddition avec les Alliés présents dans la péninsule. Devait-il seconder les SS ou rester neutre ? Que devait-il faire des partisans emprisonnés ? Mais pour l’heure, les autorités italiennes présentes en Corse renforçaient encore et toujours leurs moyens de répression sur les résistants.
La direction du Front national avait particulièrement travaillé sur différents plans pour sauver Jean Nicoli et ses camarades. Elle avait même envisagé d’enlever un officier supérieur italien et l’échanger contre Nicoli. Une embuscade fut tendue sur la route d’Ortiporio, sortie sud de Campile. Les partisans attendirent l’officier trois jours en vain.
Il fut confié au secteur du sud de préparer une opération similaire. Joseph Pietri, l’un des responsables militaires de la région de Porto Vecchio, décida d’organiser un barrage au col de Bacinu et un autre sur la route de l’Ospedale, chemin qu’empruntait régulièrement un officier italien d’importance. Là encore les partisans firent chou blanc.
L’entrevue avec le colonel Cagnoni
Il ne restait plus qu’une solution : prendre contact avec le colonel Cagnoni, des Chemises noires.
L’entrevue eut lieu dans un café près du centre de la ville. L’officier italien semblait nerveux :
— Je crois que le général Magli se méfie de moi. Il est bien renseigné. Il avait des informations sur l’embuscade que vous avez montée à Ajaccio.
— Comment ça ? lança le responsable local du Front national. Quelles informations ?— Elles n’étaient pas suffisamment précises sinon il vous aurait pris à votre propre piège. Mais il a su que le train serait attaqué quelque part. C’est pour cette raison que les prisonniers ont été transportés par la route. Des SS l’avaient en partie sécurisée.
— Ça, c’est du passé. Maintenant, pensez-vous pouvoir faire évader notre camarade ?
— S’il y a une opportunité, je la saisirai. De toute manière, je pense que la capitulation de l’Italie n’est qu’une question de semaines ou peut-être même de jours. Si le peloton d’exécution est choisi parmi mes hommes, je vous promets que votre camarade sera épargné.— Colonel, conclut le membre de la direction du Front. Faites passer le message : si nos camarades sont exécutés, le général Magli le sera aussi… En Corse ou ailleurs, convention de Genève ou pas !
Nous mourons heureux pour la cause que nous avons servie
Jean Nicoli ne craignait pas la mort. Il l’avait mille fois envisagée et il l’acceptait comme le prix à payer pour son engagement communiste. Il demanda du papier et un stylo et il écrivit. Au début de la nuit, il réussit à glisser à ses camarades incarcérés dans la cellule voisine, un encouragement à mourir comme des partisans :
« Nous montrerons au procureur du roi qu’il y a des Corses qui sont encore dignes de leurs aïeux et qui sauront mourir en dignes fils de Cyrnos. Nous lèverons haut l’étendard, soyez tranquilles ! Nous espérons que notre sang vous donnera ·le courage de supporter toutes les tristesses de la prison et qu’il vous donnera l’espoir en des jours meilleurs que nous sentons proches, nous qui mourons. Nous mourons heureux pour la cause que nous avons servie. Votre souvenir à vous, amis de la cellule 3, Acquaviva, Giuntini, Franchi, Faggianelli, nous sera cher et une pensée sera pour vous. Puisse-t-elle vous porter bonheur ! Nous mourrons en Corse française et le procureur du roi l’entendra de ses oreilles.»
Aux camarades, au Parti communiste
Quelques heures plus tard, en lisière de son exécution, il écrivit à ses camarades communistes :
« 30 août. 2 heures du matin.
On me fusille à 4 heures.
Au Parti : Camarades,
J’ai été trahi. Heureusement, dans la bande qui m’a vendu, pas un seul camarade. Dans le Parti seul, mes frères, il y a des hommes. Pourquoi ne vous ai-je pas connus plus tôt ?J’aurais appris à me méfier. Je meurs content en mourant pour le Parti, ce grand Parti auquel j’avais voué mon action et auquel je donne de bon cœur ma vie.
30 août. 2 h 30.
J’ai sacrifié mes intérêts, ceux de mes enfants, j’ai donné ma vie pour la grande cause pour laquelle je reste, à la dernière minute, plus enflammé que jamais : celle de la Corse et du Parti.
Comme je vous aime, mes amis communistes, mes frères ! Comme je vous aime ! J’ai le dégoût des hommes qui m’ont trahi, vendu, et vous seuls êtes présents à ma dernière heure pour me faire comprendre l’homme. Vous seuls êtes ici présents dans ma cellule, vous seuls et mes enfants et je vous embrasse ous, un à un. Je vous serre sur mon cœur, vous, les hommes, les grands, les nobles. Comme c’est beau d’être communiste !
‘Si vous saviez quel courage donne notre idée au moment de mourir. Si vous saviez, le bonheur qui descend sur vous en pensant que vous mourez pour eux, les spoliés de la terre.
Que mon sang vous donne du courage à la tâche. S’il vous arrive de mettre en danger votre vie pour le Parti, mettez-la de bon cœur, car on meurt heureux en mourant communiste. Je peux en parler, moi, qui suis à deux heures de la mort. Je comprends maintenant à cette heure suprême le sourire des martyrs. Ils avaient devant les yeux une grande idée. Eh bien, voyez-vous, le communiste convaincu que je suis regrette de ne vous avoir pas connus plus tôt. Je souris déjà à la mort en pensant que je meurs en servant le Parti et la Corse.
‘Vous serez un jour complètement compris par la Corse qui sera communiste et qui le sera définitivement.
Vive le Parti communiste français !
Ce seront mes derniers mots au poteau. Tous je vous serre bien fort sur mon cœur. Jean Nicoli. »
La lettre à ses enfants
Et l’ultime missive fut destinée à ses enfants, Francette et Don Jacques dit Zaza :
« À mes enfants.
3 heures du matin.
‘Tout à l’heure je partirai. Si vous saviez comme je suis calme, je dirais presque heureux de mourir pour la Corse, pour le Parti. Ne pleurez pas. Souriez-moi. Soyez fiers de votre papa, il sait que vous pouvez l’être. La tête de Maure et la fleur rouge, c’est le seul deuil que je vous demande. Au seuil de la tombe, je vous dis que la seule idée qui sur notre pauvre terre me semble belle, c’est l’idée communiste. Je meurs pour notre Corse et pour mon Parti. »
Mort aux fascistes
Cagnoni n’avait pu tenir sa promesse. Le général Magli avait refusé de déposer un appel à Rome ce qui aurait sauvé Jean Nicoli. Il voulait qu’il soit exécuté. Il exigea au dernier moment que le peloton d’exécution soit changé et il demanda aux bersaglieri de s’en charger. Ils vinrent chercher Jean Nicoli à 5 h 30.
Il refusa le bandeau et s’adressa aux soldats. Les bersaglieri baissèrent les armes.
Mis au courant, le général Magli ordonna aux carabiniers de procéder à l’exécution. Ces derniers voulurent procéder à la fusillade dans le dos. Jean Nicoli les traita de lâches et exigea qu’ils le regardent en face. Ils se jetèrent sur lui et le massacrèrent à coups de crosse, ne cessant le lynchage que pour le décapiter au poignard.
Francette revint à midi espérant un miracle. Le procureur la reçut et laissa tomber :
— Votre père ? Mais il a été exécuté ce matin.
Cette même matinée, Joseph Luigi et Michel Bozzi furent passés par les armes. Ils refusèrent également d’avoir les yeux bandés et de tourner le dos à leurs assassins.
Quand la nouvelle tomba, les partisans recherchèrent dans la Corse entière des carabiniers et en tuèrent des dizaines en hurlant à chaque coup de feu : ‘Hè di a parti di Ghjuvan Nicoli. Sangui pà sangui è morti à i fascisti. C’est de la part de Jean Nicoli. Sang pour sang et mort aux fascistes. »
GXC