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Le FLNC tient à faire savoir qu'il existe encore malgré les apparences

Un appel au peuple tout entier
Le FLNC tient à faire savoir qu’il existe encore malgré les apparences

Par voie de communiqué l’organisation clandestine a lancé un appel qui, malgré les appa-rences, tranche sur les précédentes. Dans un langage châtié, il en appelle désormais au peuple tout entier lui qui il n’y a pas si longtemps se piquait d’en être tout à la fois la tête et les jambes, la direction politique et l’élite armée.


Un avertissement essentiellement adressé aux Corses

Le communiqué est abusivement anaphorique. Répétant à chaque début de paragraphe « à l’heure où », l’organisation clandestine attire l’attention des Corses sur la gravité du moment. Mais quel désordre : tout y est dénoncé sans qu’émerge un problème essentiel : le peuple corse serait menacé de submersion par un grand remplacement. J’entendais déjà la même musique il y a exactement un demi-siècle dans la bouche des dirigeants de l’ARC. Il faut croire que la grande vague a fait du surplace puisque le FLNC continue de prévenir que ça va arriver.

« À l’heure où nos symboles religieux sont détruits avec une particulière violence ». L’anaphore sert ici l’outrance. Il y a eu trois actes de vandalisme dont les auteurs sont vraisemblablement des jeunes désireux de choquer. C’est malheureux, mais la Corse n’est pas particulièrement visée par de tels agissements. Il y en a partout en Europe. Grosso modo, le FLNC se livre à un inventaire à la Prévert qui finit par lasser tellement il est asséné sans démonstration et surtout sans solution si ce n’est un appel à la Résistance (la majuscule est le fait du communiqué). Quant à caractériser une vingtaine d’attentats de lutte armée, c’est peut-être là encore une vaste exagération.

L’appel au peuple

Le plus intéressant est dans la démarche plus que dans les termes. Le FLNC appel à une résistance « active ou passive ». C’est donc que lui n’en a plus les moyens. Puis mélangeant le « nous » désignant le peuple et le «ils » visant les membres de notre peuple qui seraient complices de sa destruction, le FLNC s’en prend à tous les secteurs qui apportent à l’économie corse une marge d’autonomie par rapport aux subventions de l’état honni. Le tourisme défaillant ? C’est encore trop. L’immobilier ?On n’en veut plus. Les locations de biens privés ?Il faut que ça cesse. Puis sans craindre le paradoxe, le FLNC, décidément grand donneur de leçons, encourage le promoteur à vendre, mais aux « patriotes ». Comment définir un patriote ? Vraisemblablement celui qui vénère le FLNC. Et tant pis pour les 95 % de Corses qui n’adhèrent pas à ses idées et surtout à ses pratiques. Eux ne font pas partie du sacro-saint peuple corse. Car reprenant les anaphores, le FLNC encourage ceux qui vendraient leur terre à « un jeune couple de son village », amis aussi celui qui renoncerait à louer son bien l'été. Mieux encore, il encourage la jeunesse «à faire le pari de son bonheur ». Et que lui offre-t-comme perspectiveil à cette jeunesse perdue ?De brûler, de détruire avec en prime une franchise de la marque FLNC. Car désormais le FLNC ramasse large. Tout attentat est susceptible d’être revendiqué par ses soins même si les auteurs de ces actes n'ont rien à faire de l'organisation clandestine. Que bel avenir pour nos jeunes en déshérence !

Des menaces contre les promoteurs

Ça n’est pas tant que le fond des idées exprimées avec emphase soit faux. Mais pourquoi faut-il qu’à chaque communiqué, on ait l’impression d’Hibernatus qui n’ont pas très bien compris comment marchait l’économie de la Corse et plus généralement celle du monde. Protester est facile, mais proposer des mesures efficaces pour réduire la pauvreté, pour contrer les effets particulièrement nocifs du profit à tout prix, voilà qui est beaucoup plus difficile. Le peuple corse se soucie aujourd’hui plus de coût de la vie, de choc climatique et de déshérence économique que d’une indépendance dont on se demande bien par quel coup de baguette magique, elle réglerait tous nos problèmes. Le FLNC menace désormais des Corses. Tout cela ne peut que mal se terminer. L’organisation clandestine propose étrangement « une plate-forme patriotique » resucée du serpent de mer « unité des nationalistes» qui « jetterait les bases d’une véritable alternative politique » seule garante de la sauvegarde du peuple corse. Quel en serait le programme ? Mystère. Et qui la peuplerait puisque le FLNC semble ostraciser les organisations existantes ?Nouveau mystère. En attendant, si on est un peu sérieux, la seule garantie de sauvegarde du peuple corse est de s’extirper du miroir aux alouettes qu’est devenu le processus de discussion et d’enfin agir prestement en Corse pour résoudre les problèmes économiques, sociaux et environnementaux qui, désormais, sont dans l’urgence absolue. Si nous le voulons, nous le pouvons. Mais là ça n’est plus de l’idéologie, mais du concret.


GXC
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