Sénatoriales : la droite cale encore à Vizzavona
L'intervention de Laurent Marcangeli dans la campagne....
Sénatoriales : la droite cale encore à Vizzavona
L’intervention de Laurent Marcangeli dans la campagne, en particulier avec un passage très remarqué dans le Niolu à l’occasion d’A Santa, n’a pas eu l’effet mobilisateur et multiplicateur recherché. Peut-être même a-t-elle été contre-productive .
Le maire nationaliste de Santa Lucia di Mercuriu et conseiller territorial Paulu Santu Parigi a été élu sénateur de Haute-Corse. Soutenu par Femu a Corsica, il a obtenu les suffrage de 328 grands électeurs. Il est ainsi devenu le premier sénateur nationaliste corse.
Son adversaire de second tour, le maire de Galeria, Jean Marie Seité, investi par la droite, a réuni 230 voix. Il avait manqué une voix à Paulu Santu Parigi pour l’emporter au premier tour. Ayant totalisé 279 voix, il avait précédé Jean-Marie Seite (198 voix), le maire indépendantiste d’Alzi (Simon-Jean Venturini, 43 voix), le candidat indépendant de droite (Jean-Simon Savelli, 20 voix) et l’adjoint au maire de Bastia investi par le Parti Socialiste (Philippe Peretti, 18 voix).
En Corse-du-Sud, le sénateur sortant Jean-Jacques Panunzi a été élu dès le premier tour. Il n’était, il est vrai, confronté qu’à une opposition symbolique. La victoire de Paulu Santu Parigi est historique . « Encore ! » se gausseront certains mais peu importe.
Après avoir, avec l’élection de trois députés, forcé les portes du Palais Bourbon, les nationalistes ont désormais fait de même avec celles du Palais du Luxembourg. De plus, ils l’ont fait triomphalement. Leur candidat a tué tout suspense en ne manquant que d’une voix l’élection au premier tour et creusé un écart de 98 voix au second.
Le succès et son ampleur représentent politiquement beaucoup pour Femu a Corsica. Le parti autonomiste a ainsi pu vérifier que son influence locale était devenue très importante quelle que soit l’élection et que la démarche d’ouverture assumée et conduite par Gilles Simeoni séduisait encore. Outre le soutien de grands électeurs issus des élus territoriaux et de grandes communes étant passées au nationalisme (Bastia, Furiani, Biguglia), Paulu Santu Parigi a en effet bénéficié des suffrages de nombreux maires de petites communes du rural n’étant pas nationalistes.
Femu a Corsica a aussi eu la satisfaction de constater que la plupart des électeurs du nationaliste Jean-Simon Savelli et du socialiste Philippe Peretti avaient reporté leurs suffrage sur leur candidat. Femu a Corsica a enfin fait oublier une absence et un échec qui n’avaient pu que réjouir Laurent Marcangeli, le concurrent déclaré et assurément le plus dangereux de Gilles Simeoni.
D’une part, Femu a Corsica n’avait pas été en mesure, en Corse-du-Sud, d’opposer un candidat au sénateur sortant, Jean-Jacques Panunzi, investi par toute la droite. D’autre part, le candidat Femu a Corsica à la présidence du Syvadec avait dernièrement été largement battu par celui que soutenait Laurent Marcangeli.
Droite déçue et gauche à la dérive
La droite semblait déçue. Certains de ses grands électeurs n’avaient pas envisagé l’importance considérable de l’écart de voix entre leur candidat et celui de Femu a Corsica. Malgré le soutien de toute la famille libérale et sa posture consensuelle, Jean-Marie Seité n’a en effet pas su capter les suffrages d’une bonne partie des grands électeurs hier encore acquis à Paul Giacobbi. Aux voix des grands électeurs de droite, se sont essentiellement mais quasiment uniquement ajoutées celles d’élus de gauche passés au macronisme.
L’intervention de Laurent Marcangeli dans la campagne, en particulier avec un passage très remarqué dans le Niolu à l’occasion d’A Santa, n’a pas eu l’effet mobilisateur et multiplicateur recherché.
Peut-être même a-t-elle été contre-productive en éveillant le vieil agacement nordiste à l’encontre d’une Ajaccio, capitale territoriale accusée de tout vouloir truster et régenter, et aussi en donnant malencontreusement à penser à des maires se revendiquant encore de gauche que, derrière le consensus affiché par Jean-Marie Seité, se développait une stratégie offensive et partisane de droite.
L’échec cuisant du candidat qu’avec ses relais du Nord il avait adoubé, devrait inciter Laurent Marcangeli à considérer que pour un homme politique du Sud passer le col de Vizzavona exige beaucoup de prudence et de tact, et que pour gagner à sa cause l’électorat non-nationaliste au-delà de la droite, il ne suffira pas de se déclarer républicain ou d’obtenir quelques ralliements.
Gageons que le maire d’Ajaccio mais aussi le président du Conseil exécutif ont pris bonne note. La droite semblait déçue mais avait au moins l’opportunité de penser que des lendemains meilleurs étaient envisageables.
La gauche n’avait, elle, que les yeux pour pleurer. Au stade des candidatures, les derniers leaders ou ex-stars du communisme, du radicalisme et du progressisme avaient tous fait défaut. Sur la ligne de départ, il ne restait plus que Philippe Peretti, porteur du dossard du Parti socialiste et de l’espoir de ce dernier de se relancer. Philippe Peretti, avait d’ailleurs clairement exprimé l’ambition de son parti. Il s’agissait de représenter la Gauche dans une élection nationale et de traduire en Haute-Corse la capacité de rebond qu’avait démontré, dans l’Hexagone, le Parti socialiste à l’occasion des récentes élections municipales. Il s’agissait également de susciter le sursaut d’une gauche divisée et désorientée en effaçant les blessures qu’avaient provoqué les débats institutionnels et en cherchant à rassembler autour de certaines valeurs communes les élus se réclamant encore de la Gauche. Il s’agissait enfin d’esquisser une perspective de gauche à l’approche des élections territoriales.
Au final: 18 voix. Le moins que l’on puisse dire est que les grands électeurs de gauche n’ont pas adhéré à la démarche socialiste et qu’en Haute-Corse, le Parti socialiste se rapproche dangereusement de la situation qu’il vit depuis des années en Corse-du-Sud.
Pierre Corsi
L’intervention de Laurent Marcangeli dans la campagne, en particulier avec un passage très remarqué dans le Niolu à l’occasion d’A Santa, n’a pas eu l’effet mobilisateur et multiplicateur recherché. Peut-être même a-t-elle été contre-productive .
Le maire nationaliste de Santa Lucia di Mercuriu et conseiller territorial Paulu Santu Parigi a été élu sénateur de Haute-Corse. Soutenu par Femu a Corsica, il a obtenu les suffrage de 328 grands électeurs. Il est ainsi devenu le premier sénateur nationaliste corse.
Son adversaire de second tour, le maire de Galeria, Jean Marie Seité, investi par la droite, a réuni 230 voix. Il avait manqué une voix à Paulu Santu Parigi pour l’emporter au premier tour. Ayant totalisé 279 voix, il avait précédé Jean-Marie Seite (198 voix), le maire indépendantiste d’Alzi (Simon-Jean Venturini, 43 voix), le candidat indépendant de droite (Jean-Simon Savelli, 20 voix) et l’adjoint au maire de Bastia investi par le Parti Socialiste (Philippe Peretti, 18 voix).
En Corse-du-Sud, le sénateur sortant Jean-Jacques Panunzi a été élu dès le premier tour. Il n’était, il est vrai, confronté qu’à une opposition symbolique. La victoire de Paulu Santu Parigi est historique . « Encore ! » se gausseront certains mais peu importe.
Après avoir, avec l’élection de trois députés, forcé les portes du Palais Bourbon, les nationalistes ont désormais fait de même avec celles du Palais du Luxembourg. De plus, ils l’ont fait triomphalement. Leur candidat a tué tout suspense en ne manquant que d’une voix l’élection au premier tour et creusé un écart de 98 voix au second.
Le succès et son ampleur représentent politiquement beaucoup pour Femu a Corsica. Le parti autonomiste a ainsi pu vérifier que son influence locale était devenue très importante quelle que soit l’élection et que la démarche d’ouverture assumée et conduite par Gilles Simeoni séduisait encore. Outre le soutien de grands électeurs issus des élus territoriaux et de grandes communes étant passées au nationalisme (Bastia, Furiani, Biguglia), Paulu Santu Parigi a en effet bénéficié des suffrages de nombreux maires de petites communes du rural n’étant pas nationalistes.
Femu a Corsica a aussi eu la satisfaction de constater que la plupart des électeurs du nationaliste Jean-Simon Savelli et du socialiste Philippe Peretti avaient reporté leurs suffrage sur leur candidat. Femu a Corsica a enfin fait oublier une absence et un échec qui n’avaient pu que réjouir Laurent Marcangeli, le concurrent déclaré et assurément le plus dangereux de Gilles Simeoni.
D’une part, Femu a Corsica n’avait pas été en mesure, en Corse-du-Sud, d’opposer un candidat au sénateur sortant, Jean-Jacques Panunzi, investi par toute la droite. D’autre part, le candidat Femu a Corsica à la présidence du Syvadec avait dernièrement été largement battu par celui que soutenait Laurent Marcangeli.
Droite déçue et gauche à la dérive
La droite semblait déçue. Certains de ses grands électeurs n’avaient pas envisagé l’importance considérable de l’écart de voix entre leur candidat et celui de Femu a Corsica. Malgré le soutien de toute la famille libérale et sa posture consensuelle, Jean-Marie Seité n’a en effet pas su capter les suffrages d’une bonne partie des grands électeurs hier encore acquis à Paul Giacobbi. Aux voix des grands électeurs de droite, se sont essentiellement mais quasiment uniquement ajoutées celles d’élus de gauche passés au macronisme.
L’intervention de Laurent Marcangeli dans la campagne, en particulier avec un passage très remarqué dans le Niolu à l’occasion d’A Santa, n’a pas eu l’effet mobilisateur et multiplicateur recherché.
Peut-être même a-t-elle été contre-productive en éveillant le vieil agacement nordiste à l’encontre d’une Ajaccio, capitale territoriale accusée de tout vouloir truster et régenter, et aussi en donnant malencontreusement à penser à des maires se revendiquant encore de gauche que, derrière le consensus affiché par Jean-Marie Seité, se développait une stratégie offensive et partisane de droite.
L’échec cuisant du candidat qu’avec ses relais du Nord il avait adoubé, devrait inciter Laurent Marcangeli à considérer que pour un homme politique du Sud passer le col de Vizzavona exige beaucoup de prudence et de tact, et que pour gagner à sa cause l’électorat non-nationaliste au-delà de la droite, il ne suffira pas de se déclarer républicain ou d’obtenir quelques ralliements.
Gageons que le maire d’Ajaccio mais aussi le président du Conseil exécutif ont pris bonne note. La droite semblait déçue mais avait au moins l’opportunité de penser que des lendemains meilleurs étaient envisageables.
La gauche n’avait, elle, que les yeux pour pleurer. Au stade des candidatures, les derniers leaders ou ex-stars du communisme, du radicalisme et du progressisme avaient tous fait défaut. Sur la ligne de départ, il ne restait plus que Philippe Peretti, porteur du dossard du Parti socialiste et de l’espoir de ce dernier de se relancer. Philippe Peretti, avait d’ailleurs clairement exprimé l’ambition de son parti. Il s’agissait de représenter la Gauche dans une élection nationale et de traduire en Haute-Corse la capacité de rebond qu’avait démontré, dans l’Hexagone, le Parti socialiste à l’occasion des récentes élections municipales. Il s’agissait également de susciter le sursaut d’une gauche divisée et désorientée en effaçant les blessures qu’avaient provoqué les débats institutionnels et en cherchant à rassembler autour de certaines valeurs communes les élus se réclamant encore de la Gauche. Il s’agissait enfin d’esquisser une perspective de gauche à l’approche des élections territoriales.
Au final: 18 voix. Le moins que l’on puisse dire est que les grands électeurs de gauche n’ont pas adhéré à la démarche socialiste et qu’en Haute-Corse, le Parti socialiste se rapproche dangereusement de la situation qu’il vit depuis des années en Corse-du-Sud.
Pierre Corsi