Lettre d'un lecteur, une interprétation différente concernant le général Giraud
Une interprétation différente concernant le général Giraud
Lettre d'un lecteur
Monsieur le rédacteur en chef,
Abonné à votre hebdomadaire que j’apprécie, j’ai été surpris et même choqué de lire sous la plume du journaliste qui signe GXC que le général GIRAUD était pétainiste. Croyez-vous que le maréchal PÉTAIN aurait laissé moisir dans une citadelle allemande un militaire prestigieux comme GIRAUD si celui-ci avait été prêt à collaborer. Or arrêté en mai 1940, le général GIRA UD était condamné à rester prisonnier jusqu’à la fin de la guerre, s’il ne s’était pas évadé au péril de sa vie en descendant en rappel une falaise de plusieurs dizaines de mètres malgré son âge et ses blessures de la Première Guerre mondiale. Pendant sa captivité il lui aurait suffi de faire allégeance au maréchal pour être libéré.
Immédiatement après son évasion qui avait rendu Hitler furieux, le général GIRAUD a rencontré à Vichy d’abord LAVAL qui a fait, en vain, du chantage pour qu’il retourne en Allemagne, puis il a rencontré le maréchal qui n’a pas même pas essayé de le convaincre. Même s’il y avait sans doute une certaine estime entre les deux hommes en souvenir du passé, ils se sont quittés en constatant leur désaccord.
En qualifiant GIRA UD de pétainiste, le journaliste discrédite aussi les nombreux Résistants, souvent gaullistes, qui ont permis son évasion. Certains y ont perdu la vie. Par exemple mon oncle, lorrain réfugié à Lyon, qui a joué un rôle important dans cette évasion dépendait directement de Londres en tant que chargé de mission du Bureau Central de Renseignement et d’Action de la France Libre. Plus tard mon oncle a été fusillé par les A llemands, mais pour un autre motif. Sur cette évasion, je conseille, en plus des mémoires du Général GIRAUD, le livre « Un général a disparu » de Jacques GRANIER qui se trouve encore en occasion.
Je pense qu’il aurait été plus juste d’écrire que le général Giraud était légitimiste ce qui impliquait une certaine rigidité. N’oublions pas que dans toutes les administrations trônait le portrait du Maréchal qui avait été démocratiquement élu.
Giraud était aussi, par adhésion ou par nécessité, américanophile.
En vous assurant de ma considération, Daniel COSTA
La réponse de GXC
Cher Monsieur, vous jouez sur les mots. Légitimiste avait exactement le même sens que pétainiste. Outre que ce terme était refusé par la Résistance qui ne reconnaissait aucune légitimité au chef de la Collaboration, il a existé des pétainistes qui, tout en appartenant à l’armée française ont, après le débarquement allié de 1942 en Afrique du Nord, ont tenté de mettre sur pied une résistance qui se réclamait du Maréchal Pétain. Faut-il vous rappeler que les Américains étaient farouchement hostiles au général De Gaulle et qu’ils maintenaient une ambassade à Paris tout au long de l’Occupation ? Ils continuèrent également à faire de fructueuses affaires avec les nazis. Quant à leur poulain le général Giraud, , dès 1942 il ne renia jamais son attachement au maréchal Pétain, mais professa une profonde inimitié envers le général de Gaulle qui le lui rendait bien.
Il exista des centaines de personnalités ambivalentes qui furent appelées « vichysto-résistants ». Un néologisme qui désigne, selon l’historien Jean-Pierre Azéma, « des patriotes, souvent anti-allemands, qui rallient Vichy par admiration pour le maréchal ou pour préparer le relèvement du pays, puis qui s’aperçoivent plus ou moins tard de la nocivité du régime, ou de son échec ». François Mitterrand en fut un.
Faut-il rappeler que le Bureau des Menées Antinationales traqua les vrais résistants, mais s’en prit aussi aux agents nazis en zone sud parmi lesquels trente furent exécutés. C’est après l’arrivée au gouvernement de l’amiral Darlan en février 1941 que les illusions commencèrent à se dissiper.
En décembre 1942, l’Organisation de résistance de l’armée (ORA) est fondée. À sa tête, le général Aubert Frère. Gouverneur militaire de Lyon sous Vichy, il a présidé le tribunal qui condamna à mort par contumace le général de Gaulle. Pétainiste à 100 %, il est chargé de regrouper les officiers de l’ancienne armée d’armistice restés en métropole, pour qu’ils soient prêts à prendre les armes contre l’Allemagne lors du débarquement allié. Il sera arrêté par la Gestapo et mourra en déportation.
Arrivé en novembre 1942 à Alger, le général Giraud va obtenir des Alliés le réarmement des forces françaises d’Afrique et permettre ainsi à la France d’apporter sa contribution aux combats destinés à libérer le pays. Mais contrairement à De Gaulle, il refuse, dans un premier temps, de rompre avec le régime de Vichy avant de créer ensemble au printemps 1943 le Comité français de la libération nationale. De Gaulle parvient finalement à écarter Giraud de la coprésidence le 9 novembre 1943.
Mais Giraud aura eu le temps d’apporter une contribution décisive à la résistance corse pourtant sous direction communiste. Comme quoi tout n’est pas toujours aussi simple qu’on le pense ou qu’on l’écrit. Mais Giraud fut indubitablement un pétainiste anti-allemand ce qui n’enlève rien au courage de son combat.
GXC
Monsieur le rédacteur en chef,
Abonné à votre hebdomadaire que j’apprécie, j’ai été surpris et même choqué de lire sous la plume du journaliste qui signe GXC que le général GIRAUD était pétainiste. Croyez-vous que le maréchal PÉTAIN aurait laissé moisir dans une citadelle allemande un militaire prestigieux comme GIRAUD si celui-ci avait été prêt à collaborer. Or arrêté en mai 1940, le général GIRA UD était condamné à rester prisonnier jusqu’à la fin de la guerre, s’il ne s’était pas évadé au péril de sa vie en descendant en rappel une falaise de plusieurs dizaines de mètres malgré son âge et ses blessures de la Première Guerre mondiale. Pendant sa captivité il lui aurait suffi de faire allégeance au maréchal pour être libéré.
Immédiatement après son évasion qui avait rendu Hitler furieux, le général GIRAUD a rencontré à Vichy d’abord LAVAL qui a fait, en vain, du chantage pour qu’il retourne en Allemagne, puis il a rencontré le maréchal qui n’a pas même pas essayé de le convaincre. Même s’il y avait sans doute une certaine estime entre les deux hommes en souvenir du passé, ils se sont quittés en constatant leur désaccord.
En qualifiant GIRA UD de pétainiste, le journaliste discrédite aussi les nombreux Résistants, souvent gaullistes, qui ont permis son évasion. Certains y ont perdu la vie. Par exemple mon oncle, lorrain réfugié à Lyon, qui a joué un rôle important dans cette évasion dépendait directement de Londres en tant que chargé de mission du Bureau Central de Renseignement et d’Action de la France Libre. Plus tard mon oncle a été fusillé par les A llemands, mais pour un autre motif. Sur cette évasion, je conseille, en plus des mémoires du Général GIRAUD, le livre « Un général a disparu » de Jacques GRANIER qui se trouve encore en occasion.
Je pense qu’il aurait été plus juste d’écrire que le général Giraud était légitimiste ce qui impliquait une certaine rigidité. N’oublions pas que dans toutes les administrations trônait le portrait du Maréchal qui avait été démocratiquement élu.
Giraud était aussi, par adhésion ou par nécessité, américanophile.
En vous assurant de ma considération, Daniel COSTA
La réponse de GXC
Cher Monsieur, vous jouez sur les mots. Légitimiste avait exactement le même sens que pétainiste. Outre que ce terme était refusé par la Résistance qui ne reconnaissait aucune légitimité au chef de la Collaboration, il a existé des pétainistes qui, tout en appartenant à l’armée française ont, après le débarquement allié de 1942 en Afrique du Nord, ont tenté de mettre sur pied une résistance qui se réclamait du Maréchal Pétain. Faut-il vous rappeler que les Américains étaient farouchement hostiles au général De Gaulle et qu’ils maintenaient une ambassade à Paris tout au long de l’Occupation ? Ils continuèrent également à faire de fructueuses affaires avec les nazis. Quant à leur poulain le général Giraud, , dès 1942 il ne renia jamais son attachement au maréchal Pétain, mais professa une profonde inimitié envers le général de Gaulle qui le lui rendait bien.
Il exista des centaines de personnalités ambivalentes qui furent appelées « vichysto-résistants ». Un néologisme qui désigne, selon l’historien Jean-Pierre Azéma, « des patriotes, souvent anti-allemands, qui rallient Vichy par admiration pour le maréchal ou pour préparer le relèvement du pays, puis qui s’aperçoivent plus ou moins tard de la nocivité du régime, ou de son échec ». François Mitterrand en fut un.
Faut-il rappeler que le Bureau des Menées Antinationales traqua les vrais résistants, mais s’en prit aussi aux agents nazis en zone sud parmi lesquels trente furent exécutés. C’est après l’arrivée au gouvernement de l’amiral Darlan en février 1941 que les illusions commencèrent à se dissiper.
En décembre 1942, l’Organisation de résistance de l’armée (ORA) est fondée. À sa tête, le général Aubert Frère. Gouverneur militaire de Lyon sous Vichy, il a présidé le tribunal qui condamna à mort par contumace le général de Gaulle. Pétainiste à 100 %, il est chargé de regrouper les officiers de l’ancienne armée d’armistice restés en métropole, pour qu’ils soient prêts à prendre les armes contre l’Allemagne lors du débarquement allié. Il sera arrêté par la Gestapo et mourra en déportation.
Arrivé en novembre 1942 à Alger, le général Giraud va obtenir des Alliés le réarmement des forces françaises d’Afrique et permettre ainsi à la France d’apporter sa contribution aux combats destinés à libérer le pays. Mais contrairement à De Gaulle, il refuse, dans un premier temps, de rompre avec le régime de Vichy avant de créer ensemble au printemps 1943 le Comité français de la libération nationale. De Gaulle parvient finalement à écarter Giraud de la coprésidence le 9 novembre 1943.
Mais Giraud aura eu le temps d’apporter une contribution décisive à la résistance corse pourtant sous direction communiste. Comme quoi tout n’est pas toujours aussi simple qu’on le pense ou qu’on l’écrit. Mais Giraud fut indubitablement un pétainiste anti-allemand ce qui n’enlève rien au courage de son combat.
GXC