La notabilisation des nationalistes
L'éléction sénatoriale de Paulu Santu Parigi donne un coup d'accélérateur à la notabilisation des nationalistes.
La notabilisation des nationalistes .
L’élection sénatoriale de Paulu Santu Parigi donne un coup d’accélérateur à la notabilisation des nationalistes. Ils sont désormais de plain-pied dans la cour des grands.
Mais paradoxalement, leurs victoires successives les enfoncent dans un système français dont ils voudraient désespérément s’éloigner.
De députés en sénateurs :
Ah il est loin quand les nationalistes incarnaient l’anti-France jusqu’à l’arrogance ! C’est l’un des responsables de l’époque qui me racontait comment lui et ses camarades refusaient de serrer la main des autres élus territoriaux corses au prétexte qu’ils “s’étaient vendus à la France.”
L’élection de Paulu Santu Parigi est lourde de sens. Un nationaliste va mêler sa voix au concert de ces vieux messieurs ventrus dont le pas lent est le symbole de l’immobilisme conservateur. Il vient de rejoindre un nouveau groupe qui prendra le nom de "groupe écologiste, solidarité et territoires". Sa vice-présidente est la très à gauche Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris.
D’ailleurs, à mieux y regarder, le nouveau groupe ressemble plutôt à un assemblage de circonstances qu’à un noyau dur écologique.
Il n’empêche que l’élection de Parigi représente un ancrage toujours plus fort du nationalisme corse dans cette France à laquelle il demande toujours plus tout en prétendant s’en éloigner.
Aux origines de la contestation:
Au début, après l’indépendance algérienne, était le verbe, un verbe régionaliste, timide et bien peu vindicatif. Puis il y eut l’autonomisme avec pour moteur la revendication légitime d’une partie de la jeunesse d’avoir accès au pouvoir local, occupé sans vergogne par un clanisme traditionnel bien décidé à ne pas céder un pouce de terrain.
Comme la France reçoit la lumière américaine avec vingt ans de retard, la Corse entame ses mues alors même qu’elles ont achevé leur cycle sur le continent. C’est donc en 1975, alors même que s’achèvent dans le monde les ultimes guerres coloniales, alors même que Saïgon tombe aux mains des communistes (la fin d’un monde) qu’éclate le drame d’Aleria. En trame de fond, on perçoit toute l’amertume d’une Corse qui hier encore “réussissait” aux colonies ou sur “in isse France” et qui, soudain, avec la première crise pétrolière, l’inflation et le chômage, se trouvait confronté à elle-même.
La jeunesse tente alors de pousser les murs, d’élargir l’horizon local fut-ce à coups de plasticages. Mais, en étudiant cette violence, on comprend qu’elle fut toujours de basse intensité et qu’elle servit à obtenir toujours plus plutôt qu’à rompre les liens avec la France. La voie était toute tracée. Après quelques décennies d’une clandestinité désespérante, les armes se sont tues. Désespérante car les hommes de l’ombre ne peuvent plus aujourd’hui que célébrer un seul “martyr” : Ghjuvan Battista Acquaviva. Guy Orsoni a été rayé des “cadres” en 1995 par le FLNC Canal Historique. Tous les autres morts l’ont été du fait d’une lutte fratricide et absurde.
À l’inverse, les cagoulés auront assassiné (difficile d’employer un autre terme quand la victime est tuée sans combat) une quinzaine de gendarmes, de policiers ou de supposés barbouzes.
La paix constructive :
Or c’est l’abandon de la violence qui a permis aux nationalistes de remporter leurs premières vraies victoires démocratiques. Tamanta strada comme dirait l’autre.
Désormais nous pataugeons dans la crise économique et sociale. Et plus nous nous y enfonçons et plus la Corse s’ancre dans la réalité française.
Qui peut encore aujourd’hui prétendre que nous nous en tirerions sans la solidarité nationale ? Il y a donc de fortes chances que la parole indépendantiste soit de plus en plus reléguée au rang des curiosités archaïques au profit d’une majorité plus technique.
Les chefs indépendantistes recherchent de plus en plus les honneurs laissant la place à une nouvelle génération qui, à son tour, se rangera.
La majorité modérée va devoir se désidéologiser et adopter des solutions pragmatiques aux nombreux défis auxquels elle doit faire face.
Par ailleurs, la notabilisation des nationalistes met en exergue un autre phénomène : une minorité a obtenu un train de vie qu’elle n’aurait jamais pu imaginer sans la lutte. Tel individu autrefois modeste artisan a vu ses revenus mensuels décupler. Il n’est plus si rare que ça de noter que les nouveaux apparatchiks émargent à plus de cinq mille euros par mois sans compter les différents avantages.
En d’autres termes, le nationalisme a créé une nouvelle bourgeoisie qui, un jour, s’opposera à sa base qui, elle, n’aura rien gagné aux victoires électorales. C’est ce qui s’était passé après la défaite de Ponte Novu : les notables ont troqué leurs belles idées contre des postes et des titres nobiliaires. Le petit peuple n’avait guère connu d’amélioration de son existant. Ainsi va la Corse : la tourne mais donne souvent le sentiment de ne pas avancer.
GXC
L’élection sénatoriale de Paulu Santu Parigi donne un coup d’accélérateur à la notabilisation des nationalistes. Ils sont désormais de plain-pied dans la cour des grands.
Mais paradoxalement, leurs victoires successives les enfoncent dans un système français dont ils voudraient désespérément s’éloigner.
De députés en sénateurs :
Ah il est loin quand les nationalistes incarnaient l’anti-France jusqu’à l’arrogance ! C’est l’un des responsables de l’époque qui me racontait comment lui et ses camarades refusaient de serrer la main des autres élus territoriaux corses au prétexte qu’ils “s’étaient vendus à la France.”
L’élection de Paulu Santu Parigi est lourde de sens. Un nationaliste va mêler sa voix au concert de ces vieux messieurs ventrus dont le pas lent est le symbole de l’immobilisme conservateur. Il vient de rejoindre un nouveau groupe qui prendra le nom de "groupe écologiste, solidarité et territoires". Sa vice-présidente est la très à gauche Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris.
D’ailleurs, à mieux y regarder, le nouveau groupe ressemble plutôt à un assemblage de circonstances qu’à un noyau dur écologique.
Il n’empêche que l’élection de Parigi représente un ancrage toujours plus fort du nationalisme corse dans cette France à laquelle il demande toujours plus tout en prétendant s’en éloigner.
Aux origines de la contestation:
Au début, après l’indépendance algérienne, était le verbe, un verbe régionaliste, timide et bien peu vindicatif. Puis il y eut l’autonomisme avec pour moteur la revendication légitime d’une partie de la jeunesse d’avoir accès au pouvoir local, occupé sans vergogne par un clanisme traditionnel bien décidé à ne pas céder un pouce de terrain.
Comme la France reçoit la lumière américaine avec vingt ans de retard, la Corse entame ses mues alors même qu’elles ont achevé leur cycle sur le continent. C’est donc en 1975, alors même que s’achèvent dans le monde les ultimes guerres coloniales, alors même que Saïgon tombe aux mains des communistes (la fin d’un monde) qu’éclate le drame d’Aleria. En trame de fond, on perçoit toute l’amertume d’une Corse qui hier encore “réussissait” aux colonies ou sur “in isse France” et qui, soudain, avec la première crise pétrolière, l’inflation et le chômage, se trouvait confronté à elle-même.
La jeunesse tente alors de pousser les murs, d’élargir l’horizon local fut-ce à coups de plasticages. Mais, en étudiant cette violence, on comprend qu’elle fut toujours de basse intensité et qu’elle servit à obtenir toujours plus plutôt qu’à rompre les liens avec la France. La voie était toute tracée. Après quelques décennies d’une clandestinité désespérante, les armes se sont tues. Désespérante car les hommes de l’ombre ne peuvent plus aujourd’hui que célébrer un seul “martyr” : Ghjuvan Battista Acquaviva. Guy Orsoni a été rayé des “cadres” en 1995 par le FLNC Canal Historique. Tous les autres morts l’ont été du fait d’une lutte fratricide et absurde.
À l’inverse, les cagoulés auront assassiné (difficile d’employer un autre terme quand la victime est tuée sans combat) une quinzaine de gendarmes, de policiers ou de supposés barbouzes.
La paix constructive :
Or c’est l’abandon de la violence qui a permis aux nationalistes de remporter leurs premières vraies victoires démocratiques. Tamanta strada comme dirait l’autre.
Désormais nous pataugeons dans la crise économique et sociale. Et plus nous nous y enfonçons et plus la Corse s’ancre dans la réalité française.
Qui peut encore aujourd’hui prétendre que nous nous en tirerions sans la solidarité nationale ? Il y a donc de fortes chances que la parole indépendantiste soit de plus en plus reléguée au rang des curiosités archaïques au profit d’une majorité plus technique.
Les chefs indépendantistes recherchent de plus en plus les honneurs laissant la place à une nouvelle génération qui, à son tour, se rangera.
La majorité modérée va devoir se désidéologiser et adopter des solutions pragmatiques aux nombreux défis auxquels elle doit faire face.
Par ailleurs, la notabilisation des nationalistes met en exergue un autre phénomène : une minorité a obtenu un train de vie qu’elle n’aurait jamais pu imaginer sans la lutte. Tel individu autrefois modeste artisan a vu ses revenus mensuels décupler. Il n’est plus si rare que ça de noter que les nouveaux apparatchiks émargent à plus de cinq mille euros par mois sans compter les différents avantages.
En d’autres termes, le nationalisme a créé une nouvelle bourgeoisie qui, un jour, s’opposera à sa base qui, elle, n’aura rien gagné aux victoires électorales. C’est ce qui s’était passé après la défaite de Ponte Novu : les notables ont troqué leurs belles idées contre des postes et des titres nobiliaires. Le petit peuple n’avait guère connu d’amélioration de son existant. Ainsi va la Corse : la tourne mais donne souvent le sentiment de ne pas avancer.
GXC