Souriez, vous êtes flashés
Les radars automatiques ont fêté leur 20 ans
Souriez, vous êtes flashés
Les radars automatiques ont fêté leurs 20 ans. Cela représente quelque 12,5 milliards d’euros dans les caisses de l’État. En 2021, les radars fixes ont généré 14,6 millions de flashs. Un trombinoscope des mauvais conducteurs qui va se poursuivre, les radars étendant leur mission, pour faire respecter les interdictions de circuler pour les véhicules qui n’ont pas les critères pour entrer dans les zones à faible émission.
20 ans déjà
En 2012, le premier radar qui calcule la « vitesse moyenne » sur un tronçon est installé sur la N57, à Beure, près de Besançon (Doubs). Le nombre de radars déployés par l'administration, tous types confondus (fixes, feux rouges, passage à niveau, embarqués dans un véhicule...) s'élevait à 4 530 au 31 décembre 2022. En 2023, le parc de radars est stabilisé à moins de 4 600 appareils, indique la Sécurité routière. Les radars fixes classiques se raréfient, souvent détruits. Ils sont remplacés par des radars plus modernes (radar tourelle, urbain ou double face), de plus en plus performants, grâce à l’intelligence artificielle. Le Code de la route a été mis à jour en juillet dernier, par décret. L’information est peut-être passée inaperçue, mais, dans le même temps, les radars automatiques homologués ont été rendus capables de détecter 16 types d’infractions sanctionnables, au lieu de 13 auparavant. Les radars utilisant l’intelligence artificielle sont en expérimentation en Grande-Bretagne. Ils peuvent identifier de multiples situations hors des clous : téléphone au volant, le non-port de la ceinture de sécurité, dépassement dangereux, franchissement de ligne continue, usage d’une voie réservée, véhicule trop bruyant, non-respect des distances de sécurité… Pour l’instant, cela n’est pas déployé dans l’Hexagone. Jusqu’à quand ?
Machines à cash ?
Une autre mesure est passée presque sous les radars… En février 2022, la loi 3DS était publiée au journal officiel. Parmi les 271 articles de ce texte, l’article 53 prévoit la possibilité pour les collectivités territoriales d’installer des radars sous certaines conditions. Depuis sa promulgation, les communes attendent toujours le décret d’application ; les détracteurs, eux, appréhendent la mise en route de ces nouveaux appareils, car même déjà sans eux, d’après les premières estimations, les amendes radars auront rapporté environ 955 millions d’euros en 2023. Le nombre de flashs des radars automatiques français en 2017 s’est établi à 15 995 864 fois (161 455 fois en Corse avec 27 radars fixes). La route des Sanguinaires à Ajaccio est le plus « flashée » avec 14 977 infractions. Le radar entre Sari Solenzara et Bastia bat le record inverse (446 fois) d’après les chiffres du Ministère de l’Intérieur. Le taux de disponibilité annuel moyen des radars était en 2022 à 87,27 %, pour des recettes s’élevant à 928 millions d'euros, dont 725 millions d'euros (78 %) consacrés à la lutte contre l’insécurité routière et ses conséquences. Là où les radars rapportent le plus d'argent, ce sont des dépenses médicales en moins, des familles qui ne sont pas meurtries, des gens qui n'auront pas de séquelles. Cela a aussi une valeur au niveau d'une société. L'entretien de ces appareils représente une dépense non négligeable pour l'État. En 2022, le coût d'entretien d'un radar fixe a augmenté de 30,1 % par rapport à 2021, atteignant 5 137 euros. L’ensemble du parc coûte, de fait plus de 20 millions d’euros par an. Mais le dispositif est autofinancé, une exception dans le paysage français.
Totems de la sécurité
Entre 60 et 70 % des radars installés en France ont fait l’objet de destructions et vandalisme : ils ont été tagués, arrachés, incendiés. Les radars automatiques sont la cible privilégiée des protestations, comme en 2020, lorsque la CGT Énergie avait coupé le courant de dix radars en Corse, contre la réforme des retraites. Pourtant, ils sont les vigiles, ceux grâce auxquels les routes sont un peu plus sûres. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La mortalité routière chute drastiquement, passant de 7 230 morts en 2002 à moins de 3 600 dix ans plus tard. Puis 3 267 en 2022. Une avancée qui peut en partie être imputée aux radars, avec l'automatisation du contrôle-sanction, le permis à points, les stages de récupération de points. C’est aussi ce que révèle une étude de 2015, qui mettait en relation l’impact du contrôle automatisé sur l’accidentalité routière. La peur des radars a fonctionné et fonctionne encore.
Maria Mariana
Les radars automatiques ont fêté leurs 20 ans. Cela représente quelque 12,5 milliards d’euros dans les caisses de l’État. En 2021, les radars fixes ont généré 14,6 millions de flashs. Un trombinoscope des mauvais conducteurs qui va se poursuivre, les radars étendant leur mission, pour faire respecter les interdictions de circuler pour les véhicules qui n’ont pas les critères pour entrer dans les zones à faible émission.
20 ans déjà
En 2012, le premier radar qui calcule la « vitesse moyenne » sur un tronçon est installé sur la N57, à Beure, près de Besançon (Doubs). Le nombre de radars déployés par l'administration, tous types confondus (fixes, feux rouges, passage à niveau, embarqués dans un véhicule...) s'élevait à 4 530 au 31 décembre 2022. En 2023, le parc de radars est stabilisé à moins de 4 600 appareils, indique la Sécurité routière. Les radars fixes classiques se raréfient, souvent détruits. Ils sont remplacés par des radars plus modernes (radar tourelle, urbain ou double face), de plus en plus performants, grâce à l’intelligence artificielle. Le Code de la route a été mis à jour en juillet dernier, par décret. L’information est peut-être passée inaperçue, mais, dans le même temps, les radars automatiques homologués ont été rendus capables de détecter 16 types d’infractions sanctionnables, au lieu de 13 auparavant. Les radars utilisant l’intelligence artificielle sont en expérimentation en Grande-Bretagne. Ils peuvent identifier de multiples situations hors des clous : téléphone au volant, le non-port de la ceinture de sécurité, dépassement dangereux, franchissement de ligne continue, usage d’une voie réservée, véhicule trop bruyant, non-respect des distances de sécurité… Pour l’instant, cela n’est pas déployé dans l’Hexagone. Jusqu’à quand ?
Machines à cash ?
Une autre mesure est passée presque sous les radars… En février 2022, la loi 3DS était publiée au journal officiel. Parmi les 271 articles de ce texte, l’article 53 prévoit la possibilité pour les collectivités territoriales d’installer des radars sous certaines conditions. Depuis sa promulgation, les communes attendent toujours le décret d’application ; les détracteurs, eux, appréhendent la mise en route de ces nouveaux appareils, car même déjà sans eux, d’après les premières estimations, les amendes radars auront rapporté environ 955 millions d’euros en 2023. Le nombre de flashs des radars automatiques français en 2017 s’est établi à 15 995 864 fois (161 455 fois en Corse avec 27 radars fixes). La route des Sanguinaires à Ajaccio est le plus « flashée » avec 14 977 infractions. Le radar entre Sari Solenzara et Bastia bat le record inverse (446 fois) d’après les chiffres du Ministère de l’Intérieur. Le taux de disponibilité annuel moyen des radars était en 2022 à 87,27 %, pour des recettes s’élevant à 928 millions d'euros, dont 725 millions d'euros (78 %) consacrés à la lutte contre l’insécurité routière et ses conséquences. Là où les radars rapportent le plus d'argent, ce sont des dépenses médicales en moins, des familles qui ne sont pas meurtries, des gens qui n'auront pas de séquelles. Cela a aussi une valeur au niveau d'une société. L'entretien de ces appareils représente une dépense non négligeable pour l'État. En 2022, le coût d'entretien d'un radar fixe a augmenté de 30,1 % par rapport à 2021, atteignant 5 137 euros. L’ensemble du parc coûte, de fait plus de 20 millions d’euros par an. Mais le dispositif est autofinancé, une exception dans le paysage français.
Totems de la sécurité
Entre 60 et 70 % des radars installés en France ont fait l’objet de destructions et vandalisme : ils ont été tagués, arrachés, incendiés. Les radars automatiques sont la cible privilégiée des protestations, comme en 2020, lorsque la CGT Énergie avait coupé le courant de dix radars en Corse, contre la réforme des retraites. Pourtant, ils sont les vigiles, ceux grâce auxquels les routes sont un peu plus sûres. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La mortalité routière chute drastiquement, passant de 7 230 morts en 2002 à moins de 3 600 dix ans plus tard. Puis 3 267 en 2022. Une avancée qui peut en partie être imputée aux radars, avec l'automatisation du contrôle-sanction, le permis à points, les stages de récupération de points. C’est aussi ce que révèle une étude de 2015, qui mettait en relation l’impact du contrôle automatisé sur l’accidentalité routière. La peur des radars a fonctionné et fonctionne encore.
Maria Mariana