• Le doyen de la presse Européenne

Au chevet de la démocratie malade

Les crises sont toujours le résultat de contradictions non réglées et préparent la naissance d'un autre monde.
Au chevet de la démocratie malade

Les crises sont toujours le résultat de contradictions non réglées et préparent la naissance d’un autre monde. Aujourd’hui, la planète entière est confrontée à une crise sociale, sanitaire et existentielle. Les fondations même de la démocratie sont remises en cause de façon plus ou moins importante dans les pays qui, jusqu’alors, se targuaient de la respecter et de la faire respecter.

De correction en correction

Il est toujours difficile d’analyser une situation présente sans la rapporter à celles que nous croyons avoir été proches dans le passé. Le président Macron avait, il y a un an et demi, parler d’un resucédes années trente. De telles comparaisons sont évidentes lourdes d’erreur. Ces années-là étaient dominées par la montée des extrémismes : le stalinisme d’un côté, le nazisme de l’autre. Ça n’est plus vrai. La réalité est vraisemblablement à chercher du côté de la mécanique capitaliste qui exige au moins une fois par génération une crise structurelle destinée à purger le système, à en éliminer les éléments les plus faibles, les moins performants, les plus archaïques.
Dans le domaine financier, c’est le rôle de l’explosion des bulles spéculatives, ce que les économistes désignent du nom violemment ambigu de “correction”. Il y eut donc 2008, la crise des subprimes qui vit, chose étrange, les états voler au secours des banques, pour éviter un effondrement généralisé. Mais cela n’a semble-t-il, pas été suffisant puisque la spéculation financière s’est amplifiée tout comme l’économie sauvage.
La leçon n’ayant pas été pertinente, nous subissons les conséquences d’une pandémie dont les remèdes souvent irrationnels, mettent à mal la planète entière pays pauvres et riches confondus.

La démocratie en vrac

Dans la vie d’un homme, les évènements se succèdent et paraissent souvent lointains les uns des autres. Avec un peu de hauteur apparaissent les logiques, les cohérences et l’ampleur des drames.
Pour reprendre une formule éculée, tout est lié. Dès lors la crise sanitaire n’est jamais que la conséquence du dérèglement climatique lui-même en grande partie causé par le dérèglement économique de l’humanité.
Et aujourd’hui ce sont les règles démocratiques, celles qui président à la liberté des citoyens qui sont menacées. Cela n’est pas nouveau et c’est une tendance générale des démocraties en période de crise que de chercher à museler les citoyens afin d’empêcher une contestation sociale qui pourrait mettre à mal un pouvoir oligarchique. Cela s’est accéléré avec le 11 septembre 2001 et le vote du Patriot Act, une attaque majeure contre les libertés au nom de la lutte contre le terrorisme.
Mais comment parvenir à comprendre que des faits relativement mineurs parviennent à ébranler des démocraties assises sur des monceaux d’or ? Car enfin les trois mille morts du World Trade Center ne sont rien en regard des millions de personnes tuées dans les guerres excentrées d’Orient et d’Afrique.
Et la Covid ? Un million de morts alors que le nombre de décès moyen dans le monde s’élève à 66 millions par an. Ne faut-il pas voir dans le désarroi qui a saisi les démocraties les signes annonciateurs d’une fin civilisationnelle ?

Des tendances contradictoires

Le mal qui touche les démocraties est général et planétaire.
Les gouvernements en place y répondent dans la plupart des cas par des mesures répressives et coercitives. L’économie mondialisée a peu à peu défait les frontières et relativisé le terme de nation voire d’état.
Cette lente désagrégation a favorisé a contrario l’émergence des entités jusque-là étouffées telles que celles des régions historiques, des peuples sans terre. Aujourd’hui la crise a permis le Brexit lequel a réveillé les ardeurs des Écossais et des Irlandais préfigurant la fin de la Grande Bretagne, abusivement qualifiée de grande démocratie.
Les anciennes colonies de l’empire britannique sont également touchées. En Inde sévit un fascisme religieux hindouisme, contrairement identique à l’islamisme du Pakistan ou du Bangladesh.
Aux États-Unis, le trumpisme a mené le pays au bord de la guerre civile. Et la liste pourrait être étendue à tous les continents. Tout cela sur fond de crise climatique majeure.

Mystère et boule de gommes

Difficile dans de telles conditions de prévoir l’avenir.
Les organisations collapsiques chantent la fin de l’humanité tandis que les évangélistes annoncent le retour du Messie. Tout semble brouillé, contradictoire, conflictuel dans une atmosphère eschatologique. Il y a peu de chances que la sagesse parvienne à faire entendre sa petite voix flûtée au milieu de cet océan de passions tristes.
Peut-être faut-il simplement profiter du temps présent, cueillant la rose avant qu’elle ne se fane. Puis voir venir en ayant conscience qu’il ne sert à rien de chercher des boucs émissaires à des situations qui sont de notre responsabilité collective.

GXC
Partager :