Espagne : franquisme pas mort ?
Crispations espagnolistes
Espagne : franquisme pas mort ?
Tout rappelle fâcheusement les tirades et les tensions espagnolistes des années 1930. En France, les événements font aussi des vagues.
En Espagne, la droite (Partido Popular) et l'extrême droite (Vox) ont, le 12 novembre dernier, mobilisé des centaines de milliers de manifestants contre les concessions faites aux indépendantistes catalans par le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez. Des cortèges et des rassemblements ont été signalés dans les rues et sur les places des cinquante plus grandes villes du pays. A Madrid, les manifestants étaient près de 100 000 ! Des militants de Vox ont en outre participé à des rassemblements devant les locaux madrilènes et régionaux du parti du Premier ministre (le Partido Socialista Obrero Español). Ces rassemblements ont souvent donné lieu à des heurts violents avec les forces de l'ordre.
Quelques raisons d’être furieux
Le Partido Popular et Vox ont quelques raisons d’être furieux. Primo, les concessions faites aux deux grands partis indépendantistes catalans (Junts per Catalunya, Esquerra Republicana de Catalunya) apporteront les voix de leurs députés à Pedro Sanchez ; ce qui devrait assurer à ce dernier une majorité absolue et lui permettre de se maintenir au pouvoir et de gouverner. Deuxio, le projet de loi d'amnistie est très généreux. En effet, il prévoit l’annulation des poursuites judiciaires ou des condamnations concernant plus de 300 indépendantistes dont Carles Puigdemont, l’ancien président de la Generalitat de Catalunya actuellement exil en Belgique, et il englobe des faits et délits intervenus entre les 1er
janvier 2012 et aujourd’hui (notammment l’organisation du referendum d’autodétermination du 1er octobre 2017, une consultation de même type en novembre 2014, la désobéissance administrative, les troubles à l’ordre public...) Tertio, les partis indépendantistes catalans ont obtenu la promesse d’une ouverture de négociations portant sur « la reconnaissance de la Catalogne comme nation ». Quarto et enfin, Pedro Sanchez a accepté l’annulation de 15 milliards d’euros d’endettement de la Catalogne auprès de l’État après la crise financière de 2008 (soit près de 20 % de l’ardoise).
Crispations espagnolistes
Le Partido Popular et Vox promettent de continuer à se mobiliser contre l’amnistie. « Nous ne nous tairons pas jusqu'à ce qu'il y ait de nouvelles élections » a lancé le leader du Partido Popular aux manifestants madrilènes. Certains responsables du parti de Pedro Sánchez considèrent que l'amnistie ira à l'encontre des principes d'égalité, d'unité territoriale et de séparation des pouvoirs. Une partie de la magistrature voit dans l’amnistie une « abolition de l’état de droit ». Tout cela rappelle fâcheusement les tirades et les tensions espagnolistes des années 1930. Franquisme pas mort ? En France, les événements font aussi des vagues. Le quotidien en ligne Atlantico, marqué à droite, commente ainsi la démarche de Pedro Sanchez : « Imaginons un instant que pour se maintenir au pouvoir, Emmanuel Macron se mette à quémander une poignée de sièges des séparatistes corses coupables de sédition, ce qui leur valut d’être condamnés par les plus hautes instances judiciaire. Supposons que Macron envoie des émissaires négocier avec le chef de ces séparatistes, un fugitif terré à Bruxelles qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Supposons finalement que toutes ces capitulations soient concédés sans contreparties alors que les séparatistes répètent à l’envi que la sécession n’est que partie remise et que leur soutien dépend également d’un référendum d’autodétermination [...] les enjeux sont de taille : il en va de l’intégrité territoriale de l’Espagne, de la souveraineté populaire et de la survie de son modèle constitutionnel. »
Alexandra Sereni
Tout rappelle fâcheusement les tirades et les tensions espagnolistes des années 1930. En France, les événements font aussi des vagues.
En Espagne, la droite (Partido Popular) et l'extrême droite (Vox) ont, le 12 novembre dernier, mobilisé des centaines de milliers de manifestants contre les concessions faites aux indépendantistes catalans par le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez. Des cortèges et des rassemblements ont été signalés dans les rues et sur les places des cinquante plus grandes villes du pays. A Madrid, les manifestants étaient près de 100 000 ! Des militants de Vox ont en outre participé à des rassemblements devant les locaux madrilènes et régionaux du parti du Premier ministre (le Partido Socialista Obrero Español). Ces rassemblements ont souvent donné lieu à des heurts violents avec les forces de l'ordre.
Quelques raisons d’être furieux
Le Partido Popular et Vox ont quelques raisons d’être furieux. Primo, les concessions faites aux deux grands partis indépendantistes catalans (Junts per Catalunya, Esquerra Republicana de Catalunya) apporteront les voix de leurs députés à Pedro Sanchez ; ce qui devrait assurer à ce dernier une majorité absolue et lui permettre de se maintenir au pouvoir et de gouverner. Deuxio, le projet de loi d'amnistie est très généreux. En effet, il prévoit l’annulation des poursuites judiciaires ou des condamnations concernant plus de 300 indépendantistes dont Carles Puigdemont, l’ancien président de la Generalitat de Catalunya actuellement exil en Belgique, et il englobe des faits et délits intervenus entre les 1er
janvier 2012 et aujourd’hui (notammment l’organisation du referendum d’autodétermination du 1er octobre 2017, une consultation de même type en novembre 2014, la désobéissance administrative, les troubles à l’ordre public...) Tertio, les partis indépendantistes catalans ont obtenu la promesse d’une ouverture de négociations portant sur « la reconnaissance de la Catalogne comme nation ». Quarto et enfin, Pedro Sanchez a accepté l’annulation de 15 milliards d’euros d’endettement de la Catalogne auprès de l’État après la crise financière de 2008 (soit près de 20 % de l’ardoise).
Crispations espagnolistes
Le Partido Popular et Vox promettent de continuer à se mobiliser contre l’amnistie. « Nous ne nous tairons pas jusqu'à ce qu'il y ait de nouvelles élections » a lancé le leader du Partido Popular aux manifestants madrilènes. Certains responsables du parti de Pedro Sánchez considèrent que l'amnistie ira à l'encontre des principes d'égalité, d'unité territoriale et de séparation des pouvoirs. Une partie de la magistrature voit dans l’amnistie une « abolition de l’état de droit ». Tout cela rappelle fâcheusement les tirades et les tensions espagnolistes des années 1930. Franquisme pas mort ? En France, les événements font aussi des vagues. Le quotidien en ligne Atlantico, marqué à droite, commente ainsi la démarche de Pedro Sanchez : « Imaginons un instant que pour se maintenir au pouvoir, Emmanuel Macron se mette à quémander une poignée de sièges des séparatistes corses coupables de sédition, ce qui leur valut d’être condamnés par les plus hautes instances judiciaire. Supposons que Macron envoie des émissaires négocier avec le chef de ces séparatistes, un fugitif terré à Bruxelles qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Supposons finalement que toutes ces capitulations soient concédés sans contreparties alors que les séparatistes répètent à l’envi que la sécession n’est que partie remise et que leur soutien dépend également d’un référendum d’autodétermination [...] les enjeux sont de taille : il en va de l’intégrité territoriale de l’Espagne, de la souveraineté populaire et de la survie de son modèle constitutionnel. »
Alexandra Sereni