Alimentation : L'italie dit non au steak de labo
Défendre son élevage traditionnel.....
Alimentation : l’Italie dit non au steak de labo
L’Italie a une bonne raison de prendre les devants pour défendre son élevage traditionnel et plus globalement sa filière viande car, en dehors et au sein de l’Union Européenne, le lobbying pro-viande de culture est très actif.
Le gouvernement italien a présenté un projet de loi interdisant la production et la vente de « viande » de culture. Il a motivé cette initiative essentiellement par la nécessité de préserver ses éleveurs.« La viande de culture interrompt le rapport vertueux entre la terre, l’homme et le travail » a souligné le ministre italien de l’Agriculture. Le projet de loi ayant été adopté par les deux chambres du Parlement, l’Italie est le premier pays de l’Union européenne à interdire la production et la commercialisation de « viande » élaborée en laboratoire à partir de cellules souches d’origine animale. Certains ont cru bon de déclarer que l’interdiction italienne est inutile car la consommation de « viande » de culture n’est pas autorisée dans les pays de l’Union Européenne. L’Italie a pourtant une bonne raison de prendre les devants pour défendre son élevage traditionnel et plus globalement sa filière viande. En effet, en dehors et au sein de l’Union Européenne, le lobbying pro-viande de culture est très actif. Des groupes antispécistes, des associations écologistes et des cabinets de lobbying invoquent que la production de « viande » de culture est à la fois : éthique (alternative à l’abattage d'animaux) ; écologique (alternative à l'élevage intensif qui est à l’origine d’environ 14,5% des émissions de gaz à effet de serre à travers le monde, à la consommation de dizaines de litres d'eau pour produire un kilo de bœuf et au besoin d'électricité pour transformer et conditionner la viande) ; de nature à améliorer la condition humaine (réponses aux besoins nutritionnels générés par l’explosion démographique). En 2022, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a désigné la production de « viande » cultivée comme un moyen important de limiter la pression sur les ressources naturelles.
Empreinte carbone 4 à 25 fois plus importante !
Le bénéfice écologique que représenterait le remplacement de la viande d’élevage par de la « viande » de culture est cependant contesté. Une équipe de chercheurs de l'Université de Californie dont les travaux ont porté sur le calcul de l'empreinte carbone de la production industrielle de « viande » de culture, ont en effet remis en question l’affirmation que cette production serait plus respectueuse de l'environnement que celle de viande d’élevage. Un compte-rendu de ces travaux a été publié, il y a quelques mois, dans un hebdomadaire scientifique britannique (New Scientist, 9 mai 2023). Selon ces chercheurs, l'empreinte carbone d'un kilo de « viande bovine » cultivée serait 4 à 25 fois plus importante que celle d'un kilo de bœuf d’élevage. Cela serait dû au fait que, dans les produits nécessaires pour faire croître les cellules de la « viande » cultivée, la production de la solution nutritive et la purification des facteurs de croissance « à un niveau de qualité pharmaceutique » visant à empêcher les bactéries de contaminer les cellules de la « viande » durant leur croissance, relèvent de processus qui exigent une grande consommation d'énergie et génèrent donc une forte empreinte carbone. La « viande » cultivée en laboratoire supprime donc de la souffrance animale et des besoins en terre, en eau et en antibiotiques, mais son empreinte carbone pose plus que problème. Par ailleurs, comme l’ont d’ailleurs aussi évoqué les autorités italiennes, l’innocuité de consommation de viande » cultivée reste à prouver. De nombreux chercheurs ont en effet signalé l’absence de données suffisantes.
Éventuellement bon appétit !
La commercialisation de la « viande » de culture est autorisée à Singapour depuis 2020 et aux USA depuis juin dernier. Des demande d’autorisation sont en cours au Royaume-Uni et en Suisse. Pour qui voudrait y goûter, voici quelques indications sur le processus de production : agglomérat de fibres musculaires obtenues en cultivant des cellules souches provenant de prélèvements tissulaires sur des animaux ; multiplication de ces fibres dans un milieu de culture (apport d’hormones et de facteurs de croissance à partir du sérum fœtal de veau ou de facteurs hormonaux artificiels ; collagène pour aider les cellules à s’organiser et leur assurer un apport suffisant en oxygène) ; ajout de micronutriments (sans assurance qu’ils conservent leurs propriétés nutritionnelles) pour remédier au manque de fibres organisées, de vaisseaux sanguins, de nerfs, de tissu conjonctif et de cellules adipeuses qui confèrent à la viande d’élevage ses propriétés nutritionnelles ; recherches en cours pour modifier génétiquement les cellules musculaires de départ afin de stimuler la synthèse de myoglobine et donc la pauvreté en fer facilement assimilable ; carence en vitamine B12 et acides gras ; ingrédients divers visant à se rapprocher du goût de la viande d’élevage. Éventuellement, pour les volontaires, bon appétit et pourquoi pas rendez-vous pour les prochaines étapes : purée de sauterelles et de blattes en accompagnement ; dispositif de dégustation à partir du tuyau souple de douche.
Alexandra Sereni
L’Italie a une bonne raison de prendre les devants pour défendre son élevage traditionnel et plus globalement sa filière viande car, en dehors et au sein de l’Union Européenne, le lobbying pro-viande de culture est très actif.
Le gouvernement italien a présenté un projet de loi interdisant la production et la vente de « viande » de culture. Il a motivé cette initiative essentiellement par la nécessité de préserver ses éleveurs.« La viande de culture interrompt le rapport vertueux entre la terre, l’homme et le travail » a souligné le ministre italien de l’Agriculture. Le projet de loi ayant été adopté par les deux chambres du Parlement, l’Italie est le premier pays de l’Union européenne à interdire la production et la commercialisation de « viande » élaborée en laboratoire à partir de cellules souches d’origine animale. Certains ont cru bon de déclarer que l’interdiction italienne est inutile car la consommation de « viande » de culture n’est pas autorisée dans les pays de l’Union Européenne. L’Italie a pourtant une bonne raison de prendre les devants pour défendre son élevage traditionnel et plus globalement sa filière viande. En effet, en dehors et au sein de l’Union Européenne, le lobbying pro-viande de culture est très actif. Des groupes antispécistes, des associations écologistes et des cabinets de lobbying invoquent que la production de « viande » de culture est à la fois : éthique (alternative à l’abattage d'animaux) ; écologique (alternative à l'élevage intensif qui est à l’origine d’environ 14,5% des émissions de gaz à effet de serre à travers le monde, à la consommation de dizaines de litres d'eau pour produire un kilo de bœuf et au besoin d'électricité pour transformer et conditionner la viande) ; de nature à améliorer la condition humaine (réponses aux besoins nutritionnels générés par l’explosion démographique). En 2022, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a désigné la production de « viande » cultivée comme un moyen important de limiter la pression sur les ressources naturelles.
Empreinte carbone 4 à 25 fois plus importante !
Le bénéfice écologique que représenterait le remplacement de la viande d’élevage par de la « viande » de culture est cependant contesté. Une équipe de chercheurs de l'Université de Californie dont les travaux ont porté sur le calcul de l'empreinte carbone de la production industrielle de « viande » de culture, ont en effet remis en question l’affirmation que cette production serait plus respectueuse de l'environnement que celle de viande d’élevage. Un compte-rendu de ces travaux a été publié, il y a quelques mois, dans un hebdomadaire scientifique britannique (New Scientist, 9 mai 2023). Selon ces chercheurs, l'empreinte carbone d'un kilo de « viande bovine » cultivée serait 4 à 25 fois plus importante que celle d'un kilo de bœuf d’élevage. Cela serait dû au fait que, dans les produits nécessaires pour faire croître les cellules de la « viande » cultivée, la production de la solution nutritive et la purification des facteurs de croissance « à un niveau de qualité pharmaceutique » visant à empêcher les bactéries de contaminer les cellules de la « viande » durant leur croissance, relèvent de processus qui exigent une grande consommation d'énergie et génèrent donc une forte empreinte carbone. La « viande » cultivée en laboratoire supprime donc de la souffrance animale et des besoins en terre, en eau et en antibiotiques, mais son empreinte carbone pose plus que problème. Par ailleurs, comme l’ont d’ailleurs aussi évoqué les autorités italiennes, l’innocuité de consommation de viande » cultivée reste à prouver. De nombreux chercheurs ont en effet signalé l’absence de données suffisantes.
Éventuellement bon appétit !
La commercialisation de la « viande » de culture est autorisée à Singapour depuis 2020 et aux USA depuis juin dernier. Des demande d’autorisation sont en cours au Royaume-Uni et en Suisse. Pour qui voudrait y goûter, voici quelques indications sur le processus de production : agglomérat de fibres musculaires obtenues en cultivant des cellules souches provenant de prélèvements tissulaires sur des animaux ; multiplication de ces fibres dans un milieu de culture (apport d’hormones et de facteurs de croissance à partir du sérum fœtal de veau ou de facteurs hormonaux artificiels ; collagène pour aider les cellules à s’organiser et leur assurer un apport suffisant en oxygène) ; ajout de micronutriments (sans assurance qu’ils conservent leurs propriétés nutritionnelles) pour remédier au manque de fibres organisées, de vaisseaux sanguins, de nerfs, de tissu conjonctif et de cellules adipeuses qui confèrent à la viande d’élevage ses propriétés nutritionnelles ; recherches en cours pour modifier génétiquement les cellules musculaires de départ afin de stimuler la synthèse de myoglobine et donc la pauvreté en fer facilement assimilable ; carence en vitamine B12 et acides gras ; ingrédients divers visant à se rapprocher du goût de la viande d’élevage. Éventuellement, pour les volontaires, bon appétit et pourquoi pas rendez-vous pour les prochaines étapes : purée de sauterelles et de blattes en accompagnement ; dispositif de dégustation à partir du tuyau souple de douche.
Alexandra Sereni