• Le doyen de la presse Européenne

Union Européenne : la grande vague populiste

Elle monte ...
Union Européenne : la grande vague populiste
Elle monte. Elle déferle beaucoup sur la droite. Elle est conquérante. Elle est contagieuse.


Les partis dits populistes séduisent de plus en plus les électeurs européens. Cette évolution qui est suggérée par l’issue de chaque scrutin, est aujourd’hui confirmée et présentée comme étant générale par les observations et les conclusions d’une étude ayant été réalisée, à l’échelle de l’Union Européenne, pour le quotidien britannique The Guardian. Il y apparaît que le vote populiste a les caractéristiques d’une vague montante aussi déferlante que droitière. Montante, la vague populiste l’est car le vote populiste au sein de l’Union Européenne est passé de 12% des suffrages exprimés au début des années 1990, à plus de 20% au début des années 2000 et à plus de 30 % l’an passé (en 2022, un tiers des Européens s’étant rendus urnes, y a glissé des bulletins de vote en faveur de partis dits anti-systèmes, d'extrême-droite ou d'extrême-gauche). Déferlante et droitière, la vague populiste l’est car l’enquête révèle que le populisme séduit désormais non seulement au sein des esprits activistes ou militants, des déclassés et des exclus, mais aussi au sein de toutes les catégories sociales et profite essentiellement à la droite de la droite. Daphné Halikiopoulou, politologue comparatiste à l'Université de York (Royaume Uni), qui a participé à l’enquête commandée par The Guardian, a en effet relevé que le populisme capte aujourd’hui des personnes - à savoir des retraités, des jeunes éduqués et cultivés, des cadres, des membres de professions libérales, des populations aisées de centres-villes ou de banlieues cossues - qui n'ont jamais voté pour des partis classés à l'extrême droite ou dont il semblait certain qu’elles ne le feraient jamais.


Renoncements et grain à moudre


Ces nouveaux publics du populisme ont fait fi les uns du traditionalisme qui les conduisait à voter pour des partis de droite plutôt conservateurs ; les autres du modernisme et de l’attachement à la société de marché qui les incitaient à voter pour des partis de droite ou de centre-droit plutôt libéraux ; les autres encore d’une sympathie pour les réformes sociétales, le progrès social et la protection de l’environnement qui les faisaient accorder leurs suffrages au centre-gauche ou à une gauche social-démocrate ouverte aux préoccupations écologistes. Pourquoi ces renoncements ? Il apparaît que le populisme trouve du grain à moudre dans les inquiétudes, le mécontentement, les frustrations et les peurs. En effet, il séduit les esprits conservateurs qui s’alarment que la mondialisation du commerce et des idées provoque des bouleversement socio-économiques et culturels remettant en cause les équilibres géopolitiques, la souveraineté des Etats et l’ordre social. En effet, il capte les catégories sociales qui jugent leur esprit d’initiative et d’entreprise ou leur production intellectuelle et/ou matérielle mal récompensés. En effet, il attire à lui celles et ceux qui ne supportent plus que des castes héréditaires, parvenues ou autoproclames s’arrogent le monopole de la richesse et du pouvoir. En effet, et enfin, il suscite l’adhésion des populations qui considèrent que l’immigration et les délinquances menacent leur sécurité et la paix civile.


Allemagne, Suède, Portugal, Finlande, Slovaquie, Hongrie ...


Depuis l’an passé, la vague populiste est aussi devenue conquérante et contagieuse. Conquérante, la vague populiste l’est. Car les partis anti-immigration ont progressé en Allemagne, en Suède, au Portugal et en Finlande. Car deux partis classés à l’extrême-droite ont, l’an passé, accédé au pouvoir en Italie. Car la Slovaquie et la Hongrie sont désormais, l’une depuis peu et l’autre depuis des années, gouvernées par des dirigeants populistes. Car un parti Union Européenne et anti-immigrés est en train de gravir les marches du pouvoir aux Pays-Bas. Car, en Espagne, le parti néo-franquiste Vox est en embuscade dans l’attente d’un faux-pas du gouvernement de gauche à la fragile majorité et d’une alliance avec le Partido Popular de droite et de centre-droit. Car, en France, les enquêtes portant sur les intentions de vote indiquent que le Rassemblement National du duo Marine Le Pen-Jordan Bardella et Reconquête du duo Eric Zemmour-Marion Maréchal pourraient obtenir à eux deux plus de 35 % des suffrages exprimés lors des prochaines élections européennes et situent Marine le Pen en pôle position dans la course déjà lancée vers l’Élysée. Contagieuse, la vague populiste l’est car désormais les électorats de droite et de centre-droit acceptent et même approuvent que des coalitions de gouvernement se forment entre les partis qui ont leurs faveurs et des partis populistes.


Alexandra Sereni
Partager :