L'"ambassade de la Corse" à Paris ne doit pas disparaître !
L'espace Cyrnéa situé à Paris dans le 12e arrondissement risque bien de disparaître
L’« ambassade de la Corse » à Paris ne doit pas disparaître
L’Espace Cyrnea situé à Paris dans le 12e arrondissement risque bien de disparaître. Ce lieu incontournable de la culture corse dans la capitale est aujourd’hui au bord du dépôt de bilan. Et les seules personnes qui peuvent empêcher ce naufrage humain et culturel sont celles et ceux qui aujourd’hui tiennent les rênes de la majorité régionale. Et ils hésitent. Ils ne savent pas. Ils « étudient » la question en espérant qu’on n’en arrive pas au point de l’autopsier.
Un espace fraternel et un lien avec la terre mère
On m’excusera d’étaler mon pathos personnel, mais après tout un témoignage part souvent des tripes. Quand Pierre Jean Andrei et son équipe ont ouvert l’Espace Cyrnea je vivais le deuil de ma compagne décédée quelques mois auparavant. Et c’est à l’espace Cyrnea qui venait d’ouvrir que j’ai trouvé chaleur et compassion. Cela ne peut s’oublier. Comment ne pas se souvenir des prisonniers politiques qui, à peine libérés, venaient là respirer l’air du pays. Pierre Jean avait été des leurs, fut un temps. Lui, Danièle, son épouse et son équipe n’ont jamais lésiné pour porter haut et fort notre culture. Je me souviens des premiers pas d’Armelle Sialelli, une des fondatrices de la bière Pietra avec son époux Dominique, qui venait démarcher à Paris et trouvait à l’espace Cyrnea un havre de paix. À l’époque, les brasseries étaient tenues par les Auvergnats et la bière corse connaissait des difficultés que l’entreprise a fini par dépasser. Et Pierre Jean était toujours là avec le sourire pour encourager les uns et les autres n’hésitant pas le cas échéant à offrir le repas. C’est aussi là que les écrivains et les artistes corses présentaient leurs œuvres. Journées du livre corse, rencontres avec des producteurs, émissions de radio, cours de chant ou de langue corse hebdomadaires, c’est grâce à cet espace de 180 m2 allée Vivaldi à deux pas de la place Daumesnil que la Corse a existé à Paris. Il semble impossible qu’aujourd’hui après une génération d’existence, à l’époque du « quoiqu’il en coûte » notre ambassade à Paris disparaisse à cause de quelques dizaines de milliers d’euros.
Une victime de la COVID
Pierre Jean Andrei s’est confié à Julien Mattei de Corse Matin. « La crise sanitaire a tout bouleversé, déplore Pierre-Jean Andrei, le fondateur de l’espace Cyrnea. Nous avons perdu la dynamique que nous avions et nous sommes aujourd’hui en grande difficulté. » Il faut dire que le coût de la location est salé : 4 500 euros mensuels à payer à la Ville de Paris auxquels il faut ajouter plusieurs dizaines de milliers d’euros accumulées durant la pandémie. C’était le restaurant qui rentabilisait l’entreprise et celui de l’Espace a souffert comme tous les autres. Or l’Espace Cyrnea n’a jamais demandé d’argent public. La seule subvention remonte à 2007 et il s’agit de 1 200 euros versés en une occasion par la Collectivité de Corse. C’est dire si l’Espace Cyrnea a su se débrouiller seul.
Une ambassade culturelle de la Corse à Paris
Dès la fin de la pandémie, Pierre Jean Andrei et les autres responsables de l’espace Cyrnea ont sonné le tocsin. Ils se sont adressés aux responsables de la Collectivité de Corse sans aucun résultat au grand dam de Pierre Jean Andrei qui espère par exemple un contrat de convention entre la CdC et l’Espace Cyrnea. Sollicitée par la presse, la Collectivité confirme avoir reçu cette demande de partenariat, mais affirme être dans l’impossibilité de l’aider financièrement. Quelques dizaines de milliers d’euros écorneraient donc un budget régional de 2 milliards d’euros. Bien sûr, bien sûr. Antonia Luciani, conseillère exécutive en charge de la culture, ne ferme pas complètement la porte, mais donne à penser que l’aide doit être longuement réfléchie.
Oubliée la diaspora chère à Edmond Simeoni ?
Pourtant la diaspora était au cœur des préoccupations d’Edmond Simeoni et du mouvement autonomiste. Le sujet est-il abandonné ? Car il paraîtrait normal que la Corse comme l’Aveyron, comme la Bretagne, comme le Pays basque, possède une maison à Paris qui agisse comme une sorte d’ambassade. Or les frais d’ambassade sont évidemment ceux de la terre d’origine. L’Espace Cyrnea a témoigné d’un dévouement et d’une efficacité que seule la pandémie a mis en danger. Sa survie est une décision politique à prendre. C’est aussi un devoir élémentaire de solidarité. Ou alors, oublions la diaspora, oublions le peuple corse de l’extérieur. Et ainsi le manque d’empathie avec l’espace Cyrnea deviendra cohérent. Mais si nous croyons encore un tout petit peu à ce que nous disions, alors il faut sauver l’Espace Cyrnea maintenant et pas demain.
GXC
L’Espace Cyrnea situé à Paris dans le 12e arrondissement risque bien de disparaître. Ce lieu incontournable de la culture corse dans la capitale est aujourd’hui au bord du dépôt de bilan. Et les seules personnes qui peuvent empêcher ce naufrage humain et culturel sont celles et ceux qui aujourd’hui tiennent les rênes de la majorité régionale. Et ils hésitent. Ils ne savent pas. Ils « étudient » la question en espérant qu’on n’en arrive pas au point de l’autopsier.
Un espace fraternel et un lien avec la terre mère
On m’excusera d’étaler mon pathos personnel, mais après tout un témoignage part souvent des tripes. Quand Pierre Jean Andrei et son équipe ont ouvert l’Espace Cyrnea je vivais le deuil de ma compagne décédée quelques mois auparavant. Et c’est à l’espace Cyrnea qui venait d’ouvrir que j’ai trouvé chaleur et compassion. Cela ne peut s’oublier. Comment ne pas se souvenir des prisonniers politiques qui, à peine libérés, venaient là respirer l’air du pays. Pierre Jean avait été des leurs, fut un temps. Lui, Danièle, son épouse et son équipe n’ont jamais lésiné pour porter haut et fort notre culture. Je me souviens des premiers pas d’Armelle Sialelli, une des fondatrices de la bière Pietra avec son époux Dominique, qui venait démarcher à Paris et trouvait à l’espace Cyrnea un havre de paix. À l’époque, les brasseries étaient tenues par les Auvergnats et la bière corse connaissait des difficultés que l’entreprise a fini par dépasser. Et Pierre Jean était toujours là avec le sourire pour encourager les uns et les autres n’hésitant pas le cas échéant à offrir le repas. C’est aussi là que les écrivains et les artistes corses présentaient leurs œuvres. Journées du livre corse, rencontres avec des producteurs, émissions de radio, cours de chant ou de langue corse hebdomadaires, c’est grâce à cet espace de 180 m2 allée Vivaldi à deux pas de la place Daumesnil que la Corse a existé à Paris. Il semble impossible qu’aujourd’hui après une génération d’existence, à l’époque du « quoiqu’il en coûte » notre ambassade à Paris disparaisse à cause de quelques dizaines de milliers d’euros.
Une victime de la COVID
Pierre Jean Andrei s’est confié à Julien Mattei de Corse Matin. « La crise sanitaire a tout bouleversé, déplore Pierre-Jean Andrei, le fondateur de l’espace Cyrnea. Nous avons perdu la dynamique que nous avions et nous sommes aujourd’hui en grande difficulté. » Il faut dire que le coût de la location est salé : 4 500 euros mensuels à payer à la Ville de Paris auxquels il faut ajouter plusieurs dizaines de milliers d’euros accumulées durant la pandémie. C’était le restaurant qui rentabilisait l’entreprise et celui de l’Espace a souffert comme tous les autres. Or l’Espace Cyrnea n’a jamais demandé d’argent public. La seule subvention remonte à 2007 et il s’agit de 1 200 euros versés en une occasion par la Collectivité de Corse. C’est dire si l’Espace Cyrnea a su se débrouiller seul.
Une ambassade culturelle de la Corse à Paris
Dès la fin de la pandémie, Pierre Jean Andrei et les autres responsables de l’espace Cyrnea ont sonné le tocsin. Ils se sont adressés aux responsables de la Collectivité de Corse sans aucun résultat au grand dam de Pierre Jean Andrei qui espère par exemple un contrat de convention entre la CdC et l’Espace Cyrnea. Sollicitée par la presse, la Collectivité confirme avoir reçu cette demande de partenariat, mais affirme être dans l’impossibilité de l’aider financièrement. Quelques dizaines de milliers d’euros écorneraient donc un budget régional de 2 milliards d’euros. Bien sûr, bien sûr. Antonia Luciani, conseillère exécutive en charge de la culture, ne ferme pas complètement la porte, mais donne à penser que l’aide doit être longuement réfléchie.
Oubliée la diaspora chère à Edmond Simeoni ?
Pourtant la diaspora était au cœur des préoccupations d’Edmond Simeoni et du mouvement autonomiste. Le sujet est-il abandonné ? Car il paraîtrait normal que la Corse comme l’Aveyron, comme la Bretagne, comme le Pays basque, possède une maison à Paris qui agisse comme une sorte d’ambassade. Or les frais d’ambassade sont évidemment ceux de la terre d’origine. L’Espace Cyrnea a témoigné d’un dévouement et d’une efficacité que seule la pandémie a mis en danger. Sa survie est une décision politique à prendre. C’est aussi un devoir élémentaire de solidarité. Ou alors, oublions la diaspora, oublions le peuple corse de l’extérieur. Et ainsi le manque d’empathie avec l’espace Cyrnea deviendra cohérent. Mais si nous croyons encore un tout petit peu à ce que nous disions, alors il faut sauver l’Espace Cyrnea maintenant et pas demain.
GXC