Chronique du temps qui passe : Pensée des morts
Champigny, la ville dont Georges Marchais, était élu, a vu se dérouler desv évènements d'une violence inouïe.
Pensée des morts
Champigny, la ville dont Georges Marchais, ancien secrétaire général du parti communiste français était l’élu, a vu se dérouler des événements d’une violence inouïe. Un commissariat de quartier a été attaqué la nuit par une bande armée d’une quarantaine de malfaisants. Les assaillants s’en sont pris aux forces de l’ordre au mortier. Invraisemblable sauvagerie, inimaginable il y a peu.
L’État se délabre à une vitesse accélérée. Ce ne sont plus des scènes de violences urbaines, c’est la guerre civile. On est étonné du flegme avec lequel les autorités prennent la chose. Le Général de Gaulle eut fait appel à l’armée en pareille circonstance.
Personne ne s’alarme, et plutôt que de quérir de bons exemples dans les gouvernements du passé, en rappelant les succès, comme à Charonne ou en Vendémiaire du rétablissement de l’ordre public, les bons esprits n’ont que critiques et condamnations morales de ce qui fut fait en ces temps glorieux.
Et pourtant, comme le disait l’abbé Sieyès, le pays cherche un sabre. Il en a besoin, il le trouvera à coup sûr. L’exigence de la sécurité est en passe de l’emporter sur celle de la santé.
Les confidences du malheureux Eric Brion, victime du mouvement dénonciatoire balance ton porc rappellent avec opportunité le caractère détestable des égoûts sociaux.
S’y promener, comme l’on dit aujourd’hui, s’y exprimer est plus qu’une perte de temps, c’est une faute de goût, comme de se rouler dans la fange. C’est sale et ça sent mauvais. Signe de l’affaiblissement moral de l’époque, les politiques qui s’y adonnent perdent à la fois toute considération d’eux-mêmes et toute crédibilité.
Adieu l’honneur, adieu la dignité, vive les réseaux !
Le désir amoureux est comparable à la convoitise du pouvoir et nécessite que l’on fasse la cour à l’objet de son amour, comme d’Artagnan à Madame Bonacieux. A rebours de ce qui a été tenté par un ministre déchu il y a quelques mois, cet exercice ne nécessite l’emploi d’aucune obscénité.
Comme le chante Boris Vian avec humour et à propos : « Autrefois pour faire sa cour on parlait d’amour, on offrait son cœur, mais voilà c’est plus pareil, tout change, tout change ». Comme on est loin de tout ça !
Idem la magistrature et la Chancellerie se livrent une bataille insensée, quand la discipline devrait être la règle du domaine régalien.
Le Parquet National, la Haute Autorité sortent de leur rôle en voulant s’offrir la tête du Garde des Seaux, animés par une haine socio-professionnelle qui est au corporatisme ce que l’attaque du commissariat est à la rue. Puisque j’ai eu recours à l’histoire dans le paragraphe précédent, j’y reviens en rappelant à ces excellentes personnes l’exemple de leur collègue Fouquier de Tinville, dit Fouquier-Tinville, procureur révolutionnaire, qui à la veille d’être lui-même coupé en deux après avoir envoyé à la guillotine des milliers de quidams, lacha : « Je ne suis qu’une hache, comment vouloir punir une hache ? ». Cela aussi l’histoire l’enseigne et l’enseignera bientôt.
Une bonne âme de nos montagnes me parlait récemment de la vengeance et du pardon, déplorant que celui-ci dans nos contrées ne remplaça pas celle-là. Le mauvais exemple des événements précédemment rapportés n’encourageant guère à la satisfaction de ce noble souhait, je voudrais rappeler la savoureuse scène du film : Le charme discret de la bourgeoise de Luis Buñuel, où un évêque, incarné par Julien Bertheau, confesse dans une grange un malheureux clochard agonisant qui lui avoue le meurtre de ses parents (les parents de l’évêque). Après lui avoir administré l’extrême onction et lui avoir pardonné, l’évêque saisit un fusil et l’abat pour qu’il meure de sa propre main et non pas de mort naturelle ; vendetta in extremis si l’on peut dire. Cette scène que d’aucuns ont trouvé cocasse est d’une gravité et d’une sagacité exceptionnelle. Qu’est-ce que la mort sinon le salut et le châtiment mélangés ?
La terreur qu’inspire le Covid, jusqu’à l’abandon des libertés essentielles, renseigne sur l’état de deschristinisation de l’époque.
Ce sont les mots qu’ils n’ont pas dit qui font les morts si lourds à porter dans leurs cerceuils, a écrit Henry de Montherlant, ce noble et bel auteur.
A-t-on encore le droit de parler de la mort quand la lâcheté est dans l’air? Je me souviens que l’urne funéraire de l’écrivain stoïcien suicidé fut ouverte et ses cendres répandues sur la mer en éternel hommage par son disciple Gabriel Matzneff. Qu’on relise également La reine morte de cet auteur, il y a là une considération qui cerne précisément les protagonistes et interlocuteurs du temps présent : « En prison pour médiocrité ».
Jean-François Marchi
Champigny, la ville dont Georges Marchais, ancien secrétaire général du parti communiste français était l’élu, a vu se dérouler des événements d’une violence inouïe. Un commissariat de quartier a été attaqué la nuit par une bande armée d’une quarantaine de malfaisants. Les assaillants s’en sont pris aux forces de l’ordre au mortier. Invraisemblable sauvagerie, inimaginable il y a peu.
L’État se délabre à une vitesse accélérée. Ce ne sont plus des scènes de violences urbaines, c’est la guerre civile. On est étonné du flegme avec lequel les autorités prennent la chose. Le Général de Gaulle eut fait appel à l’armée en pareille circonstance.
Personne ne s’alarme, et plutôt que de quérir de bons exemples dans les gouvernements du passé, en rappelant les succès, comme à Charonne ou en Vendémiaire du rétablissement de l’ordre public, les bons esprits n’ont que critiques et condamnations morales de ce qui fut fait en ces temps glorieux.
Et pourtant, comme le disait l’abbé Sieyès, le pays cherche un sabre. Il en a besoin, il le trouvera à coup sûr. L’exigence de la sécurité est en passe de l’emporter sur celle de la santé.
Les confidences du malheureux Eric Brion, victime du mouvement dénonciatoire balance ton porc rappellent avec opportunité le caractère détestable des égoûts sociaux.
S’y promener, comme l’on dit aujourd’hui, s’y exprimer est plus qu’une perte de temps, c’est une faute de goût, comme de se rouler dans la fange. C’est sale et ça sent mauvais. Signe de l’affaiblissement moral de l’époque, les politiques qui s’y adonnent perdent à la fois toute considération d’eux-mêmes et toute crédibilité.
Adieu l’honneur, adieu la dignité, vive les réseaux !
Le désir amoureux est comparable à la convoitise du pouvoir et nécessite que l’on fasse la cour à l’objet de son amour, comme d’Artagnan à Madame Bonacieux. A rebours de ce qui a été tenté par un ministre déchu il y a quelques mois, cet exercice ne nécessite l’emploi d’aucune obscénité.
Comme le chante Boris Vian avec humour et à propos : « Autrefois pour faire sa cour on parlait d’amour, on offrait son cœur, mais voilà c’est plus pareil, tout change, tout change ». Comme on est loin de tout ça !
Idem la magistrature et la Chancellerie se livrent une bataille insensée, quand la discipline devrait être la règle du domaine régalien.
Le Parquet National, la Haute Autorité sortent de leur rôle en voulant s’offrir la tête du Garde des Seaux, animés par une haine socio-professionnelle qui est au corporatisme ce que l’attaque du commissariat est à la rue. Puisque j’ai eu recours à l’histoire dans le paragraphe précédent, j’y reviens en rappelant à ces excellentes personnes l’exemple de leur collègue Fouquier de Tinville, dit Fouquier-Tinville, procureur révolutionnaire, qui à la veille d’être lui-même coupé en deux après avoir envoyé à la guillotine des milliers de quidams, lacha : « Je ne suis qu’une hache, comment vouloir punir une hache ? ». Cela aussi l’histoire l’enseigne et l’enseignera bientôt.
Une bonne âme de nos montagnes me parlait récemment de la vengeance et du pardon, déplorant que celui-ci dans nos contrées ne remplaça pas celle-là. Le mauvais exemple des événements précédemment rapportés n’encourageant guère à la satisfaction de ce noble souhait, je voudrais rappeler la savoureuse scène du film : Le charme discret de la bourgeoise de Luis Buñuel, où un évêque, incarné par Julien Bertheau, confesse dans une grange un malheureux clochard agonisant qui lui avoue le meurtre de ses parents (les parents de l’évêque). Après lui avoir administré l’extrême onction et lui avoir pardonné, l’évêque saisit un fusil et l’abat pour qu’il meure de sa propre main et non pas de mort naturelle ; vendetta in extremis si l’on peut dire. Cette scène que d’aucuns ont trouvé cocasse est d’une gravité et d’une sagacité exceptionnelle. Qu’est-ce que la mort sinon le salut et le châtiment mélangés ?
La terreur qu’inspire le Covid, jusqu’à l’abandon des libertés essentielles, renseigne sur l’état de deschristinisation de l’époque.
Ce sont les mots qu’ils n’ont pas dit qui font les morts si lourds à porter dans leurs cerceuils, a écrit Henry de Montherlant, ce noble et bel auteur.
A-t-on encore le droit de parler de la mort quand la lâcheté est dans l’air? Je me souviens que l’urne funéraire de l’écrivain stoïcien suicidé fut ouverte et ses cendres répandues sur la mer en éternel hommage par son disciple Gabriel Matzneff. Qu’on relise également La reine morte de cet auteur, il y a là une considération qui cerne précisément les protagonistes et interlocuteurs du temps présent : « En prison pour médiocrité ».
Jean-François Marchi