L’hypocrisie nécessaire devant la mort
Le sujet de la fin de vie continue de hanter nos sociétés
Le décès de Robert Badinter a été l’occasion d’un hymne à la suppression de la peine de mort obtenue grâce à ce grand avocat. Le sujet de la fin de vie continue de hanter nos sociétés vieillissantes sans qu’on parvienne à trouver une réponse satisfaisante à la demande croissante des citoyens. Enfin, les guerres dans le monde ont réveillé la peur de la disparition finale, crainte déjà très prégnante à cause de la crise climatique. Et à chaque occasion, il a été répondu par une nécessaire hypocrisie tant il est vrai que l’homme est incapable d’accepter sa finitude.
Quand la mort rattrape celui qui l’avait condamnée
Robert Badinter va être panthéonisé pour avoir été l’auteur de la loi abolissant la peine de mort. Je ne peux ici qu’émettre un avis personnel sur une mesure qui montre une fois encore l’écart d’opinion entre le peuple et une forme d’éthique. Car, ne nous trompons pas si aujourd’hui la démocratie directe s’appliquait dans toute sa rigueur, la peine de mort serait rétablie. Mais au fait de quoi s’agit-il sinon d’une apparence sociétale et donc d’une hypocrisie nécessaire et utile ? La peine de mort n’a jamais fait reculer le crime. Au contraire, elle l’a parfois encouragé puisque le délinquant arrivait à un point de non-retour à partir duquel il n’avait plus rien à perdre. Elle servait surtout de soupape pour contenir l’esprit vindicatif des particuliers. Mais au fond la peine de mort a-t-elle été vraiment supprimée lorsqu’on sait que les présidents de la République ont ordonné des exécutions extralégales qui sont la raison d’exister des services actions des services secrets ? A-t-elle vraiment été supprimée quand les armes que nous vendons ou que nous livrons un peu partout dans le monde servent à tuer des centaines de milliers de personnes souvent des civils ? La France est par exemple un des grands fabricants de mines antipersonnel ? Une telle ambiguïté peut-elle être levée ? j’en doute. Dans son ouvrage A Maffia no, Leo Battesti avoue avoir participé à des condamnations à mort lorsqu’il était dirigeant du FLNC. Pourtant, disait-il i était opposé à la peine de mort ce qui témoigne d’une absence de cohérence assez surprenante. Et pourtant Battesti est bien à l’heure de nos sociétés moralisantes qui ne s’empêchent pas le cas échéant de manier le couteau du boucher.
L’euthanasie ou pas
On le sait peu, mais les premiers pays à avoir légalisé l’euthanasie à l’encontre des handicapés ont été les pays scandinaves au nom d’un eugénisme, couverts par la bonne conscience protestante. L’argument essentiel était à la fois naturaliste et sociétal : il valait mieux supprimer ces canards boiteux et utiliser l’argent qu’ils coûtaient au profit des êtres sains. Les nazis ont repris cette thématique à une échelle industrielle complétant la lettre des « êtres inférieurs » en y ajoutant les races dites sous humaines à savoir les juifs et les Tziganes. Aujourd’hui l’euthanasie a évidemment bien changé. Elle évolue entre la sédation d’êtres en fin de vie jusqu’au suicide assisté. Là où il est vraiment nécessaire de rester dans l’ambivalence de la loi Leonetti c’est que nous nous acheminons vers des sociétés âgées, finissantes et dépressives. La vieillesse est de plus en plus considérée comme l’antichambre de la mort et non plus comme un autre âge à vivre heureux. Dans de telles conditions, l’euthanasie érigée en système pourrait devenir une façon de régler aux marges la question des vieux encombrants.
La guerre qui frappe à nos portes
La guerre est là toute proche. Nous la sentons, mais nous ne la vivons pas. Cela fait toute la différence. Nous ne saurons jamais les terribles angoisses vécues par les Israéliens après l’épouvantable massacre du 7 octobre. Nous ne connaîtrons pas plus l’abîme de désespoir que connaissent les Palestiniens de Gaza hachés menu par les bombes israéliennes. Qui peut dire les tourments du peuple ukrainien soumis à un pilonnage incessant depuis deux ans ou l’abattement des opposants russes sidérés par l’assassinat de l’opposant principal Navalny ? Personne dans les pays en paix. Il n’en reste pas moins un oppressant sentiment de mort au sein d’une civilisation occidentale qui se sent agressée de toutes parts. Que dire sinon de répéter que lorsque l’humanité perd la foi en le futur, lorsqu’elle abandonne toute transcendance, elle creuse sa propre tombe. Et que la spiritualité est bien le seul chemin pour échapper à l’hypocrisie nécessaire devant la mort pour celles et ceux qui croient que tout s’achève dans un trou.
GXC
Quand la mort rattrape celui qui l’avait condamnée
Robert Badinter va être panthéonisé pour avoir été l’auteur de la loi abolissant la peine de mort. Je ne peux ici qu’émettre un avis personnel sur une mesure qui montre une fois encore l’écart d’opinion entre le peuple et une forme d’éthique. Car, ne nous trompons pas si aujourd’hui la démocratie directe s’appliquait dans toute sa rigueur, la peine de mort serait rétablie. Mais au fait de quoi s’agit-il sinon d’une apparence sociétale et donc d’une hypocrisie nécessaire et utile ? La peine de mort n’a jamais fait reculer le crime. Au contraire, elle l’a parfois encouragé puisque le délinquant arrivait à un point de non-retour à partir duquel il n’avait plus rien à perdre. Elle servait surtout de soupape pour contenir l’esprit vindicatif des particuliers. Mais au fond la peine de mort a-t-elle été vraiment supprimée lorsqu’on sait que les présidents de la République ont ordonné des exécutions extralégales qui sont la raison d’exister des services actions des services secrets ? A-t-elle vraiment été supprimée quand les armes que nous vendons ou que nous livrons un peu partout dans le monde servent à tuer des centaines de milliers de personnes souvent des civils ? La France est par exemple un des grands fabricants de mines antipersonnel ? Une telle ambiguïté peut-elle être levée ? j’en doute. Dans son ouvrage A Maffia no, Leo Battesti avoue avoir participé à des condamnations à mort lorsqu’il était dirigeant du FLNC. Pourtant, disait-il i était opposé à la peine de mort ce qui témoigne d’une absence de cohérence assez surprenante. Et pourtant Battesti est bien à l’heure de nos sociétés moralisantes qui ne s’empêchent pas le cas échéant de manier le couteau du boucher.
L’euthanasie ou pas
On le sait peu, mais les premiers pays à avoir légalisé l’euthanasie à l’encontre des handicapés ont été les pays scandinaves au nom d’un eugénisme, couverts par la bonne conscience protestante. L’argument essentiel était à la fois naturaliste et sociétal : il valait mieux supprimer ces canards boiteux et utiliser l’argent qu’ils coûtaient au profit des êtres sains. Les nazis ont repris cette thématique à une échelle industrielle complétant la lettre des « êtres inférieurs » en y ajoutant les races dites sous humaines à savoir les juifs et les Tziganes. Aujourd’hui l’euthanasie a évidemment bien changé. Elle évolue entre la sédation d’êtres en fin de vie jusqu’au suicide assisté. Là où il est vraiment nécessaire de rester dans l’ambivalence de la loi Leonetti c’est que nous nous acheminons vers des sociétés âgées, finissantes et dépressives. La vieillesse est de plus en plus considérée comme l’antichambre de la mort et non plus comme un autre âge à vivre heureux. Dans de telles conditions, l’euthanasie érigée en système pourrait devenir une façon de régler aux marges la question des vieux encombrants.
La guerre qui frappe à nos portes
La guerre est là toute proche. Nous la sentons, mais nous ne la vivons pas. Cela fait toute la différence. Nous ne saurons jamais les terribles angoisses vécues par les Israéliens après l’épouvantable massacre du 7 octobre. Nous ne connaîtrons pas plus l’abîme de désespoir que connaissent les Palestiniens de Gaza hachés menu par les bombes israéliennes. Qui peut dire les tourments du peuple ukrainien soumis à un pilonnage incessant depuis deux ans ou l’abattement des opposants russes sidérés par l’assassinat de l’opposant principal Navalny ? Personne dans les pays en paix. Il n’en reste pas moins un oppressant sentiment de mort au sein d’une civilisation occidentale qui se sent agressée de toutes parts. Que dire sinon de répéter que lorsque l’humanité perd la foi en le futur, lorsqu’elle abandonne toute transcendance, elle creuse sa propre tombe. Et que la spiritualité est bien le seul chemin pour échapper à l’hypocrisie nécessaire devant la mort pour celles et ceux qui croient que tout s’achève dans un trou.
GXC