Vers une nouvelle dynamique de la pêche en Corse
La profession cherche une nouvelle dynamique.
La pêche artisanale qui marque historiquement les premiers peuplements de l'île tend à disparaître. La filière de la pêche professionnelle s'enfonce depuis 25 ans dans une crise profonde marquée par le déclin du nombre de patrons-pêcheurs passé de 600 en 1980, contre 152 aujourd’hui, dont 1/3 de retraités. La profession, ainsi confrontée au vieillissement inéluctable des effectifs se heurte à l'étau des normes européennes restrictives et à une politique nationale inadaptée au particularisme corse .
Les professionnels sont fédérés au sein du Comité régional des pêches maritimes et élevages marins de Corse mais la filière reste peu structurée. Les territoires de pêche sont répartis en 4 circonscriptions de pêche appelées prud’homies : Ajaccio (qui regroupe à elle seule prés de 50 % des effectifs), Bonifacio, Balagne et Bastia - Cap Corse (la plus ancienne créée en 1801).
La pêche professionnelle est pratiquée sur tout le littoral insulaire, soit une bande côtière longue de 1 043 kilomètres et comprise entre 0 et 12 milles nautiques, mais s’exerce à 80 % entre 0 à 3 milles pour des profondeurs variant de 0 à 600 mètres.
La flottille de pêche corse, composée essentiellement de TPE unipersonnelles est répartie sur 4 segments d’activités ( « petits métiers côtiers », pointus de 6 à 9 mètres, « petits métiers du large »
palangriers, fileyeurs, chalutiers principalement sur la côte orientale, corailleurs).
Restée très artisanale, elle se caractérise par une inadaptation et un âge important des bateaux (en moyenne 28 ans) malgré un effort de modernisation soutenu par la CTC.
« Ce n'est pas suffisant » souligne Xavier d'Orazio, 1er prud'homme d'Ajaccio. « Nous avons demandé une session extraordinaire de l'Assemblée de Corse, que nous avons obtenu et qui va bientôt se tenir. Nous avons besoin de PTZ et de subventionnement au risque de voir la profession disparaître. Le sentiment d’abandon est profond ». La filière mise sur un transfert de compétences prenant en compte les spécificités locales notamment liées à l’insularité (surcoût du carburant, des approvisionnements et des matériels) dans le cadre d'une autonomie réelle pleine et entière.
« Il n'y a plus de transmission ! Les jeunes ne sont pas aidés » nous déclare Michel Serreri, patron-pêcheur d'Ajaccio qui aimerait prendre sa retraite et dont le fils souhaite prendre la suite. Les jeunes se détournent, du métier qui est dur par nature, mais surtout de plus en plus exigeant en pratique et nécessitant désormais de longues études, tout en étant de moins en moins rémunérateur.
Le transfert de la filière de l'ADEC à l'Office de l'environnement ne fait pas l'unanimité. Certains ne s'y retrouvent pas et regrettent une absence de dialogue, notamment dans la répartition des aides et des aménagements de ports qui sont inégaux.
Comme si ces difficultés ne suffisaient pas, la profession est de plus en plus stigmatisée sur le point de vue de l'impact environnemental « Sur ce point là, nous n'avons de leçons à recevoir de personne ! »
nous rappelle Xavier d'Orazio, « depuis des années nous travaillons en partenariat avec les scientifiques (Stareso, Université de Corse, Stella Mare, Ifremer), afin qu'il étudient les populations d’espèces comme la langouste, le denti, l’oursin, l’anguille, l’espadon, nous participons également à la limitation des périodes de pêche pour la protection de ces espèces sans contre-partie financière. »
Il s'agit surtout d'anticiper l’influence du réchauffement climatique en méditerranée sur les ressources, comme nous l'indique Vincent Rigaud, Directeur du Centre Méditerranéen d' IFREMER, qui souhaite la mise en place de contrats de filière.
La pêche artisanale permet en contrepartie de privilégier une forte valeur ajoutée par une production locale très diversifiée vendue en proximité. Pour autant, la filière souffre de l’absence de criée, de marée, de structures coopératives, de groupements ou d’organisations de producteurs qui constitue un frein aux potentialités de pénétration du marché intérieur insulaire.
L’offre n'arrive pas à s’adapter aux fluctuations de la demande notamment en période estivale. Ces manques ont pour conséquence de générer des prix importants pour la clientèle locale qui se tourne de plus en plus vers le poisson importé, et de rendre les exportations pratiquement inexistantes.
Alexandre Santerian
Les professionnels sont fédérés au sein du Comité régional des pêches maritimes et élevages marins de Corse mais la filière reste peu structurée. Les territoires de pêche sont répartis en 4 circonscriptions de pêche appelées prud’homies : Ajaccio (qui regroupe à elle seule prés de 50 % des effectifs), Bonifacio, Balagne et Bastia - Cap Corse (la plus ancienne créée en 1801).
La pêche professionnelle est pratiquée sur tout le littoral insulaire, soit une bande côtière longue de 1 043 kilomètres et comprise entre 0 et 12 milles nautiques, mais s’exerce à 80 % entre 0 à 3 milles pour des profondeurs variant de 0 à 600 mètres.
La flottille de pêche corse, composée essentiellement de TPE unipersonnelles est répartie sur 4 segments d’activités ( « petits métiers côtiers », pointus de 6 à 9 mètres, « petits métiers du large »
palangriers, fileyeurs, chalutiers principalement sur la côte orientale, corailleurs).
Restée très artisanale, elle se caractérise par une inadaptation et un âge important des bateaux (en moyenne 28 ans) malgré un effort de modernisation soutenu par la CTC.
« Ce n'est pas suffisant » souligne Xavier d'Orazio, 1er prud'homme d'Ajaccio. « Nous avons demandé une session extraordinaire de l'Assemblée de Corse, que nous avons obtenu et qui va bientôt se tenir. Nous avons besoin de PTZ et de subventionnement au risque de voir la profession disparaître. Le sentiment d’abandon est profond ». La filière mise sur un transfert de compétences prenant en compte les spécificités locales notamment liées à l’insularité (surcoût du carburant, des approvisionnements et des matériels) dans le cadre d'une autonomie réelle pleine et entière.
« Il n'y a plus de transmission ! Les jeunes ne sont pas aidés » nous déclare Michel Serreri, patron-pêcheur d'Ajaccio qui aimerait prendre sa retraite et dont le fils souhaite prendre la suite. Les jeunes se détournent, du métier qui est dur par nature, mais surtout de plus en plus exigeant en pratique et nécessitant désormais de longues études, tout en étant de moins en moins rémunérateur.
Le transfert de la filière de l'ADEC à l'Office de l'environnement ne fait pas l'unanimité. Certains ne s'y retrouvent pas et regrettent une absence de dialogue, notamment dans la répartition des aides et des aménagements de ports qui sont inégaux.
Comme si ces difficultés ne suffisaient pas, la profession est de plus en plus stigmatisée sur le point de vue de l'impact environnemental « Sur ce point là, nous n'avons de leçons à recevoir de personne ! »
nous rappelle Xavier d'Orazio, « depuis des années nous travaillons en partenariat avec les scientifiques (Stareso, Université de Corse, Stella Mare, Ifremer), afin qu'il étudient les populations d’espèces comme la langouste, le denti, l’oursin, l’anguille, l’espadon, nous participons également à la limitation des périodes de pêche pour la protection de ces espèces sans contre-partie financière. »
Il s'agit surtout d'anticiper l’influence du réchauffement climatique en méditerranée sur les ressources, comme nous l'indique Vincent Rigaud, Directeur du Centre Méditerranéen d' IFREMER, qui souhaite la mise en place de contrats de filière.
La pêche artisanale permet en contrepartie de privilégier une forte valeur ajoutée par une production locale très diversifiée vendue en proximité. Pour autant, la filière souffre de l’absence de criée, de marée, de structures coopératives, de groupements ou d’organisations de producteurs qui constitue un frein aux potentialités de pénétration du marché intérieur insulaire.
L’offre n'arrive pas à s’adapter aux fluctuations de la demande notamment en période estivale. Ces manques ont pour conséquence de générer des prix importants pour la clientèle locale qui se tourne de plus en plus vers le poisson importé, et de rendre les exportations pratiquement inexistantes.
Alexandre Santerian