Bastia : veut-on vraiment écarter Pierre Savelli
Quelque chose ne va pas ou ne va plus au sein de la majorté municipale bastiaise.
Bastia : veut-on vraiment écarter Pierre Savelli ?
Quelque chose ne va pas ou ne va plus au sein de la majorité municipale bastiaise. En effet, un vent mauvais souffle depuis quelques mois. La proximité du prochain scrutin élection municipal - deux ans, c’est court - et sa préparation y sont certainement pour quelque chose car elles alimentent toutes les rumeurs.
Il y a quelques jours, le 11 avril, la majorité municipales de Bastia aurait pu célébrer dans l’allégresse le dixième anniversaire de son accession aux commandes de la ville. N’auraient manqué à la fête que François Tatti, Julien Morganti et quelques uns de leurs amis. C’est en effet le 5 avril 2014 que Gilles Simeoni, sous les applaudissements de ses colistiers et de ses partisans, avait ceint l'écharpe de maire et était devenu le premier maire nationaliste d'une grande commune. Pas n’importe laquelle d’ailleurs ! Bastia avait été, jusqu’à ce 5 avril, administrée durant un demi-siècle par une gauche résolument opposée à la revendication nationaliste. Gauche d’obédience radicale que les nationalistes appelaient le « clan Zuccarelli, gauche communiste que les nationalistes accusaient de pratiquer l’assistanat et le clientélisme, gauche que les nationalistes taxaient de jacobinisme et d’anti-corse.
Cette victoire avait été rendue possible par le ralliement à l’autonomiste Gilles Simeoni, de François Tatti, radical de gauche dissident qui avait longtemps été le principal lieutenant du maire sortant Émile Zuccarelli, d’Emmanuelle de Gentili, la première secrétaire de la fédération de Haute-Corse du Parti Socialiste, et de Jean-Louis Milani, le leader de la droite bastiaise. La fête n’a pas eu lieu. Certes, l’ordre du jour était propice à casser l’ambiance car il comportait la soumission au débat et la mise au vote du projet de budget primitif 2024. Car l’opposition a porté des attaques très virulentes : gestion déficiente, planification douteuse, projets trop coûteux, dérapage des charges de personnel, investissements ne répondant pas aux besoins immédiats des citoyens, dette artificiellement stabilisée, situation précaire… Car tous les groupes d’opposition ont voté contre.
Mais, l’adoption du budget étant certaine, tout cela ne pouvait vraiment représenter matière à ne pas se réjouir ou, du moins, à ne pas célébrer. Il y a eu pourtant eu malaise au lieu d’allégresse. Car une motion déposée et défendue par la première adjointe au maire, Emmanuelle de Gentili, au nom de son groupe (Bastia sociale et solidaire), a demandé que soit réprouvée l’action de jeunes militants indépendantistes ayant consisté à taguer les murs de l’hôtel de ville. Car le maire a refusé que son groupe vote cette motion et a ainsi provoqué son rejet. Car Emmanuelle de Gentili et son groupe ont maintenu la motion et voté pour son adoption, étant rejoints par les groupes de l’opposition.Car tout cela a débouché sur de la dissension au sein de la majorité municipale.
Vrai ? Faux ? Nul ne peut prétendre prouver. Mais…
L’événement pourrait être anecdotique s’il ne s’ajoutait pas à un contexte marqué par des rumeurs et des mises en cause, s’il ne révélait pas au grand jour que quelque chose ne va pas ou ne va plus au sein de la majorité municipale bastiaise. En effet, un vent mauvais souffle depuis quelques mois. La proximité du prochain scrutin élection municipal - deux ans, c’est court - et sa préparation y sont certainement pour quelque chose car elles alimentent toutes les rumeurs. Il se dit que s’il sollicite un troisième mandat, Pierre Savelli souhaiterait élargir sa majorité en appelant sur sa liste des indépendantistes de Core in Fronte, ce que ce parti se garde bien de confirmer mais ne dément pas. En privé, certains de ses militants chuchotent même qu’il y a du vrai. Or ni les socialistes, ni la droite ne sont à ce jour favorables à un tel élargissement.
Pour au moins deux raisons : ils ne veulent pas politiquement cautionner une démarche d’union avec des forces qu’ils jugent trop activistes et qui ne cachent pas leur souhait que les Corses rompent un jour avec la France ; ils craignent que leur nombre d’élus et l’étendue de leurs délégations soient minorées. Il se murmure aussi que Pierre Savelli en refusant de réprouver officiellement l’action des tagueurs et en faisant ainsi montre d’autorité au sein de sa majorité mais aussi de compréhension envers le nationalisme indépendantiste, a souhaité afficher qu’il n’étant pas enclin à reculer. Devant qui ? Peut-être devant Gilles Simeoni qui aurait, selon certaines sources, fait savoir qu’il serait mécontent de sa gestion et lui préférerait quelqu’un d’autre aux commandes de la ville de Bastia. Ce « quelqu’un d’autre » serait Louis Pozzo di Borgo, le président de la Communauté d’Agglomération de Bastia, affirment certains qui scient la branche de Pierre Savelli en colportant que les projets avancent vite et bien au sein de l’établissement intercommunal et que la Collectivité de Corse les finance volontiers, alors qu’à Bastia, presque tout prend du retard, s’avère coûteux ou tombe à l’eau.
Quelques « bien informés » avancent de leur côté le nom d’un parent du président du Conseil exécutif, autonomiste très modéré et au mieux avec la droite bastiaise. Vrai ? Faux ? Nul ne peut prétendre prouver. Mais, ce qui semble certain , c’est que le maire ou du moins son pouvoir sont désormais contestés. En effet, à l’indiscipline d'Emmanuelle de Gentili s’ajoute la bouderie de l’adjoint Jean-Louis Milani qui reste le leader de la droite bastiaise. Il n’était pas présent à la réunion du conseil municipal consacré à la mise au vote du budget primitif, arguant n’avoir pas été suffisamment écouté, voire consulté lors de l’élaboration. Il a annoncé qu’il ne participera pas aux rencontres citoyennes à l’occasion desquelles, ces prochaines semaines, la population sera invitée à dialoguer avec le maire et ses adjoints lors de « spuntini » dans les quartiers.
Toutes ces fêlures au sein de la majorité municipale bastiaise vont-elles tourner à la fracture ? Une situation comparable à celle qui a provoqué la déstabilisation du pouvoir zuccarelliste est-elle en train de se mettre en place, menaçant Pierre Savelli et peut-être la domination nationaliste ? Veut-on vraiment la peau du maire ou n’est-ce que rumeur ? A ce jour, il est impossible de répondre à ces questions. Mais il est très probable qu’au moins tant que ne sera pas connu officiellement qui ira à la bataille des municipales, qui mènera le combat et qui sera avec qui, les rumeurs et les bouderies ne cesseront pas.
Pierre Corsi
Quelque chose ne va pas ou ne va plus au sein de la majorité municipale bastiaise. En effet, un vent mauvais souffle depuis quelques mois. La proximité du prochain scrutin élection municipal - deux ans, c’est court - et sa préparation y sont certainement pour quelque chose car elles alimentent toutes les rumeurs.
Il y a quelques jours, le 11 avril, la majorité municipales de Bastia aurait pu célébrer dans l’allégresse le dixième anniversaire de son accession aux commandes de la ville. N’auraient manqué à la fête que François Tatti, Julien Morganti et quelques uns de leurs amis. C’est en effet le 5 avril 2014 que Gilles Simeoni, sous les applaudissements de ses colistiers et de ses partisans, avait ceint l'écharpe de maire et était devenu le premier maire nationaliste d'une grande commune. Pas n’importe laquelle d’ailleurs ! Bastia avait été, jusqu’à ce 5 avril, administrée durant un demi-siècle par une gauche résolument opposée à la revendication nationaliste. Gauche d’obédience radicale que les nationalistes appelaient le « clan Zuccarelli, gauche communiste que les nationalistes accusaient de pratiquer l’assistanat et le clientélisme, gauche que les nationalistes taxaient de jacobinisme et d’anti-corse.
Cette victoire avait été rendue possible par le ralliement à l’autonomiste Gilles Simeoni, de François Tatti, radical de gauche dissident qui avait longtemps été le principal lieutenant du maire sortant Émile Zuccarelli, d’Emmanuelle de Gentili, la première secrétaire de la fédération de Haute-Corse du Parti Socialiste, et de Jean-Louis Milani, le leader de la droite bastiaise. La fête n’a pas eu lieu. Certes, l’ordre du jour était propice à casser l’ambiance car il comportait la soumission au débat et la mise au vote du projet de budget primitif 2024. Car l’opposition a porté des attaques très virulentes : gestion déficiente, planification douteuse, projets trop coûteux, dérapage des charges de personnel, investissements ne répondant pas aux besoins immédiats des citoyens, dette artificiellement stabilisée, situation précaire… Car tous les groupes d’opposition ont voté contre.
Mais, l’adoption du budget étant certaine, tout cela ne pouvait vraiment représenter matière à ne pas se réjouir ou, du moins, à ne pas célébrer. Il y a eu pourtant eu malaise au lieu d’allégresse. Car une motion déposée et défendue par la première adjointe au maire, Emmanuelle de Gentili, au nom de son groupe (Bastia sociale et solidaire), a demandé que soit réprouvée l’action de jeunes militants indépendantistes ayant consisté à taguer les murs de l’hôtel de ville. Car le maire a refusé que son groupe vote cette motion et a ainsi provoqué son rejet. Car Emmanuelle de Gentili et son groupe ont maintenu la motion et voté pour son adoption, étant rejoints par les groupes de l’opposition.Car tout cela a débouché sur de la dissension au sein de la majorité municipale.
Vrai ? Faux ? Nul ne peut prétendre prouver. Mais…
L’événement pourrait être anecdotique s’il ne s’ajoutait pas à un contexte marqué par des rumeurs et des mises en cause, s’il ne révélait pas au grand jour que quelque chose ne va pas ou ne va plus au sein de la majorité municipale bastiaise. En effet, un vent mauvais souffle depuis quelques mois. La proximité du prochain scrutin élection municipal - deux ans, c’est court - et sa préparation y sont certainement pour quelque chose car elles alimentent toutes les rumeurs. Il se dit que s’il sollicite un troisième mandat, Pierre Savelli souhaiterait élargir sa majorité en appelant sur sa liste des indépendantistes de Core in Fronte, ce que ce parti se garde bien de confirmer mais ne dément pas. En privé, certains de ses militants chuchotent même qu’il y a du vrai. Or ni les socialistes, ni la droite ne sont à ce jour favorables à un tel élargissement.
Pour au moins deux raisons : ils ne veulent pas politiquement cautionner une démarche d’union avec des forces qu’ils jugent trop activistes et qui ne cachent pas leur souhait que les Corses rompent un jour avec la France ; ils craignent que leur nombre d’élus et l’étendue de leurs délégations soient minorées. Il se murmure aussi que Pierre Savelli en refusant de réprouver officiellement l’action des tagueurs et en faisant ainsi montre d’autorité au sein de sa majorité mais aussi de compréhension envers le nationalisme indépendantiste, a souhaité afficher qu’il n’étant pas enclin à reculer. Devant qui ? Peut-être devant Gilles Simeoni qui aurait, selon certaines sources, fait savoir qu’il serait mécontent de sa gestion et lui préférerait quelqu’un d’autre aux commandes de la ville de Bastia. Ce « quelqu’un d’autre » serait Louis Pozzo di Borgo, le président de la Communauté d’Agglomération de Bastia, affirment certains qui scient la branche de Pierre Savelli en colportant que les projets avancent vite et bien au sein de l’établissement intercommunal et que la Collectivité de Corse les finance volontiers, alors qu’à Bastia, presque tout prend du retard, s’avère coûteux ou tombe à l’eau.
Quelques « bien informés » avancent de leur côté le nom d’un parent du président du Conseil exécutif, autonomiste très modéré et au mieux avec la droite bastiaise. Vrai ? Faux ? Nul ne peut prétendre prouver. Mais, ce qui semble certain , c’est que le maire ou du moins son pouvoir sont désormais contestés. En effet, à l’indiscipline d'Emmanuelle de Gentili s’ajoute la bouderie de l’adjoint Jean-Louis Milani qui reste le leader de la droite bastiaise. Il n’était pas présent à la réunion du conseil municipal consacré à la mise au vote du budget primitif, arguant n’avoir pas été suffisamment écouté, voire consulté lors de l’élaboration. Il a annoncé qu’il ne participera pas aux rencontres citoyennes à l’occasion desquelles, ces prochaines semaines, la population sera invitée à dialoguer avec le maire et ses adjoints lors de « spuntini » dans les quartiers.
Toutes ces fêlures au sein de la majorité municipale bastiaise vont-elles tourner à la fracture ? Une situation comparable à celle qui a provoqué la déstabilisation du pouvoir zuccarelliste est-elle en train de se mettre en place, menaçant Pierre Savelli et peut-être la domination nationaliste ? Veut-on vraiment la peau du maire ou n’est-ce que rumeur ? A ce jour, il est impossible de répondre à ces questions. Mais il est très probable qu’au moins tant que ne sera pas connu officiellement qui ira à la bataille des municipales, qui mènera le combat et qui sera avec qui, les rumeurs et les bouderies ne cesseront pas.
Pierre Corsi