Avanzemu-PNC : stratégie de rupture et de totale différenciation ?
Les critique Avanzemu-PNC visant la majorité siméoniste ne sont pas une nouveauté.
Avanzemu-PNC : stratégie de rupture et de totale différenciation ?
Les critique Avanzemu-PNC visant la majorité siméoniste ne sont pas une nouveauté. Ce qui est inédit, c’est l’emploi d’arguments et de mots qui suggèrent un passage de l’opposition déterminée à une stratégie de rupture et de totale différenciation.
Le groupe Avanzemu-PNC présidé par Jean-Christophe Angelini a sévèrement critiqué le projet de budget primitif 2024 de la Collectivité de Corse. Quelques jours après l’adoption de ce budget avec uniquement les voix des conseillers de Corse siméonistes, les élus Avanzemu et les responsables du PNC ont tenu une conférence de presse pour dénoncer à nouveau les choix budgétaires de la majorité siméoniste. Pascal Zagnoli, secrétaire national du PNC, a été particulièrement virulent. Il a dénoncé « un budget du renoncement » qui « donne raison aux Corses qui sont sceptiques face à l’autonomie ». Il a conclu : « Si la Collectivité de Corse était une entreprise privée, elle serait déjà soumise à une interdiction de gérer ». Les critique Avanzemu-PNC visant la majorité siméoniste ne sont pas une nouveauté. Ce qui est inédit, c’est l’emploi d’arguments et de mots qui suggèrent un passage de l’opposition déterminée à une stratégie de rupture et de totale différenciation. Ce que ne démentent pas les précisions ci-dessous apportées par Pascal Zagnoli.
JDC / Vous déplorez l’incohérence, le dérapage des dépenses de fonctionnement, l’insuffisance de recettes. Quelles pistes pour y remédier ? Davantage de pression fiscale ?
PZ / La situation financière de la Collectivité de Corse est suffisamment préoccupante pour que nous demandions la tenue d'une Commission des finances extraordinaire sur une journée pour décrypter cette situation mais surtout pour proposer des solutions d'amélioration. La majorité peine à s'en sortir. Alors, aujourd'hui, nous lui répondons que nous refusons de voir la Collectivité de Corse s'enfoncer, que nous avons travaillé et que nous sommes en mesure d'apporter des réponses. Il est temps de prendre des mesures fortes en interne, de réfléchir à une meilleure réorganisation des emplois, de travailler sur un nouveau pacte fiscal avec l'État et à la possibilité de mobiliser une partie de l'épargne des corses pour investir massivement dans l'économie et les infrastructures stratégiques. Nous disons ceci. Dans le cadre du statut d'autonomie, un nouveau pacte fiscal permettrait de récupérer des fonds nouveaux qui nous reviennent de droit. Les dotations perçues ne sont pas à la hauteur des enjeux de notre territoire et de sa nécessaire mise à niveau structurelle. Il est acquis que la Corse envoie plus de recettes fiscales à la France qu'elle n'en perçoit, je vous renvoie aux propos du Ministre de l'intérieur. En cas de statut quo institutionnel, nous pourrions avoir recours à des fonds européens dédiés qui ont souvent été évoqués mais jamais finalisés, ou encore à la capacité de lever une partie de l'épargne des corses à condition que cette levée soit garantie par la Banque de France ou la Banque Centrale Européenne, et soit titrée et rémunératrice pour les corses. Quoi qu'il en soit, aucune pression fiscale supplémentaire pour les corses ou nos entreprises. Ils sont déjà suffisamment étouffés par le modèle fiscal français.
JDC / Outre des recettes nouvelles, des économies sont-elles possibles ? Lesquelles ? Notamment faut-il un moratoire concernant les recrutements?
Pascal Zagnoli / La Collectivité de Corse continue d'embaucher beaucoup, y compris dans ses satellites, et voit ses charges de fonctionnement grimper. C'est assez préoccupant car l'épargne nette est en recul à cause d’une hausse des dépenses bien plus importante que celle des recettes, et surtout à cause d’un capital de la dette à rembourser qui est toujours plus important. Aujourd’hui, cela représente plus de 100 M€ / an. La Collectivité de Corse a donc des dépenses qui augmentent davantage que ses recettes et est contrainte d'emprunter un peu plus tous les ans pour continuer d'investir. Si rien ne change, elle ne sera plus en mesure de fonctionner et ne pourra peut-être même plus de payer les salaires de ses agents. Pour revenir aux recrutements, il est clair que la Collectivité de Corse ne peut plus continuer sur la trajectoire qui est la sienne, sauf à assumer d'être en faillite d'ici trois ou quatre ans. Il y a grosso modo une centaine de départ en retraite tous les ans, les remplacements ne peuvent plus être automatiques et il faut flécher les services à la population qui nécessitent des renforts, je pense notamment au secteur sanitaire et social ou encore à l'entretien des routes.
JDC / Concernant l'investissement, vous avez dénoncé le saupoudrage. Quelles priorités préconisez-vous ?
Pascal Zagnoli / Cette Assemblée de Corse qui a délibéré à près de 1000 reprises depuis 2021 ne l'a fait que 28 fois -soit 2,9% - sur des opérations de plus de 10M€. Dans une région qui connaît un fort retard en matière d'infrastructures stratégiques, cela interpelle. L'action de la majorité actuelle est simple : contenter un petit peu un maximum de personnes. Mais à la fin des fins, on ne satisfait pleinement personne. La politique et l'exercice des responsabilités, c'est faire des choix, c’est trancher. Et c'est justement l’absence de choix et de cap politique qui nous mènent à une situation désastreuse. Le symbole, les prises d'acte, les motions, c'est bien, ça donne sans doute une forme de parlementarisation de l'Assemblée de Corse. Mais les corses qui se lèvent le matin pour aller travailler attendent autre chose que des motions internationales. La Corse a besoin de routes nouvelles, de tunnels, d'investissements massifs dans l'eau et les énergies renouvelables. Aucun choix forts depuis 2021, aucune vision politique. C'est de la gestion quotidienne et de la mauvaise gestion. Il est sérieusement temps d'une alternative.
Propos recueillis par Jean-Pierre Bustori
Les critique Avanzemu-PNC visant la majorité siméoniste ne sont pas une nouveauté. Ce qui est inédit, c’est l’emploi d’arguments et de mots qui suggèrent un passage de l’opposition déterminée à une stratégie de rupture et de totale différenciation.
Le groupe Avanzemu-PNC présidé par Jean-Christophe Angelini a sévèrement critiqué le projet de budget primitif 2024 de la Collectivité de Corse. Quelques jours après l’adoption de ce budget avec uniquement les voix des conseillers de Corse siméonistes, les élus Avanzemu et les responsables du PNC ont tenu une conférence de presse pour dénoncer à nouveau les choix budgétaires de la majorité siméoniste. Pascal Zagnoli, secrétaire national du PNC, a été particulièrement virulent. Il a dénoncé « un budget du renoncement » qui « donne raison aux Corses qui sont sceptiques face à l’autonomie ». Il a conclu : « Si la Collectivité de Corse était une entreprise privée, elle serait déjà soumise à une interdiction de gérer ». Les critique Avanzemu-PNC visant la majorité siméoniste ne sont pas une nouveauté. Ce qui est inédit, c’est l’emploi d’arguments et de mots qui suggèrent un passage de l’opposition déterminée à une stratégie de rupture et de totale différenciation. Ce que ne démentent pas les précisions ci-dessous apportées par Pascal Zagnoli.
JDC / Vous déplorez l’incohérence, le dérapage des dépenses de fonctionnement, l’insuffisance de recettes. Quelles pistes pour y remédier ? Davantage de pression fiscale ?
PZ / La situation financière de la Collectivité de Corse est suffisamment préoccupante pour que nous demandions la tenue d'une Commission des finances extraordinaire sur une journée pour décrypter cette situation mais surtout pour proposer des solutions d'amélioration. La majorité peine à s'en sortir. Alors, aujourd'hui, nous lui répondons que nous refusons de voir la Collectivité de Corse s'enfoncer, que nous avons travaillé et que nous sommes en mesure d'apporter des réponses. Il est temps de prendre des mesures fortes en interne, de réfléchir à une meilleure réorganisation des emplois, de travailler sur un nouveau pacte fiscal avec l'État et à la possibilité de mobiliser une partie de l'épargne des corses pour investir massivement dans l'économie et les infrastructures stratégiques. Nous disons ceci. Dans le cadre du statut d'autonomie, un nouveau pacte fiscal permettrait de récupérer des fonds nouveaux qui nous reviennent de droit. Les dotations perçues ne sont pas à la hauteur des enjeux de notre territoire et de sa nécessaire mise à niveau structurelle. Il est acquis que la Corse envoie plus de recettes fiscales à la France qu'elle n'en perçoit, je vous renvoie aux propos du Ministre de l'intérieur. En cas de statut quo institutionnel, nous pourrions avoir recours à des fonds européens dédiés qui ont souvent été évoqués mais jamais finalisés, ou encore à la capacité de lever une partie de l'épargne des corses à condition que cette levée soit garantie par la Banque de France ou la Banque Centrale Européenne, et soit titrée et rémunératrice pour les corses. Quoi qu'il en soit, aucune pression fiscale supplémentaire pour les corses ou nos entreprises. Ils sont déjà suffisamment étouffés par le modèle fiscal français.
JDC / Outre des recettes nouvelles, des économies sont-elles possibles ? Lesquelles ? Notamment faut-il un moratoire concernant les recrutements?
Pascal Zagnoli / La Collectivité de Corse continue d'embaucher beaucoup, y compris dans ses satellites, et voit ses charges de fonctionnement grimper. C'est assez préoccupant car l'épargne nette est en recul à cause d’une hausse des dépenses bien plus importante que celle des recettes, et surtout à cause d’un capital de la dette à rembourser qui est toujours plus important. Aujourd’hui, cela représente plus de 100 M€ / an. La Collectivité de Corse a donc des dépenses qui augmentent davantage que ses recettes et est contrainte d'emprunter un peu plus tous les ans pour continuer d'investir. Si rien ne change, elle ne sera plus en mesure de fonctionner et ne pourra peut-être même plus de payer les salaires de ses agents. Pour revenir aux recrutements, il est clair que la Collectivité de Corse ne peut plus continuer sur la trajectoire qui est la sienne, sauf à assumer d'être en faillite d'ici trois ou quatre ans. Il y a grosso modo une centaine de départ en retraite tous les ans, les remplacements ne peuvent plus être automatiques et il faut flécher les services à la population qui nécessitent des renforts, je pense notamment au secteur sanitaire et social ou encore à l'entretien des routes.
JDC / Concernant l'investissement, vous avez dénoncé le saupoudrage. Quelles priorités préconisez-vous ?
Pascal Zagnoli / Cette Assemblée de Corse qui a délibéré à près de 1000 reprises depuis 2021 ne l'a fait que 28 fois -soit 2,9% - sur des opérations de plus de 10M€. Dans une région qui connaît un fort retard en matière d'infrastructures stratégiques, cela interpelle. L'action de la majorité actuelle est simple : contenter un petit peu un maximum de personnes. Mais à la fin des fins, on ne satisfait pleinement personne. La politique et l'exercice des responsabilités, c'est faire des choix, c’est trancher. Et c'est justement l’absence de choix et de cap politique qui nous mènent à une situation désastreuse. Le symbole, les prises d'acte, les motions, c'est bien, ça donne sans doute une forme de parlementarisation de l'Assemblée de Corse. Mais les corses qui se lèvent le matin pour aller travailler attendent autre chose que des motions internationales. La Corse a besoin de routes nouvelles, de tunnels, d'investissements massifs dans l'eau et les énergies renouvelables. Aucun choix forts depuis 2021, aucune vision politique. C'est de la gestion quotidienne et de la mauvaise gestion. Il est sérieusement temps d'une alternative.
Propos recueillis par Jean-Pierre Bustori