" Natio du FLNC au grand banditisme " entretien avec Michel Ucciani
Un ouvrage " Natio du FLNC au grand banditisme "
A l'occasion d'Escale à Sète, festival du patrimoine maritime où la Corse était l'invitée d'honneur pour cette édition 2024, nous avons eu le privilège de réaliser un entretien, en toute intimité avec Michel Ucciani, ex militant nationaliste, passé au grand banditisme, ancien membre de l'un des commandos les plus actifs du FLNC.
Michel revient, lors de cet entretien, sur ses deux ouvrages toujours disponibles en librairie, et nous évoque sa nouvelle vie, dans un nouvel environnement, en tant qu'écrivain.
Venu en voisin, Michel Ucciani est installé depuis 6 ans dans cette belle région de l’Hérault, à Mèze, au bord de l'étang de Thau, où il s’accorde une vie de plaisirs simples entre nature et amour des animaux.
Sur le pont du magnifique galion espagnol, le Galléone,
arrimé au port de Sète, il parle de sa passion pour l'écriture, de son parcours atypique, de la détention, de son amitié avec Yvan Colonna, de sa vision amère du système judiciaire et carcéral français, et de son ressenti sur la Corse actuelle.
Comment est venue cette passion pour l'écriture ?
Lors de ses incarcérations dans différents centres pénitentiaires, il participe à des ateliers d'écriture et se prend au jeu. « Beaucoup d'amis avaient écrit pendant leur détention, ou à leur sortie de prison, pour évoquer leur parcours de vie et je me suis dit pourquoi pas moi ? », nous déclare il.
En 2020 il sort son premier livre intitulé : « Natio, du FLNC au grand banditisme », qui connaît un franc succès, en Corse mais également à travers toute la France.
Il faut dire que la recette est bien rodée quand elle est bien réalisée: En évoquant les thématiques Corse, Nationalisme et Banditisme avec une vision de l'intérieur, sincère, non moralisatrice, Michel n'a pas entendu donner de leçons mais bien raconter son vécu, sa réalité. Il a su toucher les lecteurs dans un ouvrage bien écrit et accessible à tous.
Le second volet, bien que n'étant pas une suite, est sorti en 2023 et suit le même chemin.
Dans ce livre intitulé « Corse en prison », Michel Ucciani évoque l'évolution du système carcéral français durant 40 ans, de 1978 (date de sa première incarcération) à 2018 (date de sa dernière incarcération), telle qu'il l'a ressenti de l'intérieur en tant que corse.
Comme il le dit lui-même : « je n'écris pas pour que l'on suive mon exemple », ce n'est pas ce message qu'il veut faire passer, mais ce n'est pas non plus un exutoire, bien au contraire, il n'est pas dans la repentance car il assume pleinement et ne regrette rien, sauf « le temps perdu qui ne se rattrape jamais », nous dit-il. Pour lui, écrire c'est raconter, parfois expliquer sa vie tumultueuse, son parcours politique et la clandestinité au sein du FLNC, comment il est entré de plein pied dans le grand banditisme. Plus qu'un état des lieux de l'évolution de l'univers carcéral français, il met l'accent sur les incohérences du système, et sur les nouvelles influences de l'islamisme radical dans les prisons, comme au moment des attentats du Bataclan acclamés par certains détenus.
Michel Ucciani évoque, sans langue de bois, sa vision d'un système judiciaire français « définitivement clair et avéré » d'exception pour les corses. Des méthodes d'arrestations aux jugements, des mesures de sécurités à l'exil forcé « que ce soit pour un jeune Natio ou un gangster, les mesures appliquées aux corses restent totalement différentes de celles pour les citoyens lambda ». Ce constat amer prend tout son sens dans la tragédie de l'assassinat d'Yvan Colonna, son ami de 40 ans, avec un parcours carcéral identique. Il déplore la responsabilité de l’État français dans les circonstances de sa mort en détention, « en bafouant ses Droits d'exécuter la fin de sa peine en Corse, qui lui étaient reconnus comme à tout détenu , là où tout ça ne serait jamais arrivé ».« L'Etat français trouve toujours une excuse pour ne pas ramener les insulaires et les juger en Corse. Si il n'y avait pas de justice en Corse cela se saurait ».
La situation actuelle de la Corse ? Bien que s'en étant éloigné, il garde de nombreuses attaches familiales et amicales en Corse ; il a l'impression que comme souvent dans l'histoire, l’État français essaye de gagner du temps et mène les corses en bateau.
Alexandre Santerian
Michel revient, lors de cet entretien, sur ses deux ouvrages toujours disponibles en librairie, et nous évoque sa nouvelle vie, dans un nouvel environnement, en tant qu'écrivain.
Venu en voisin, Michel Ucciani est installé depuis 6 ans dans cette belle région de l’Hérault, à Mèze, au bord de l'étang de Thau, où il s’accorde une vie de plaisirs simples entre nature et amour des animaux.
Sur le pont du magnifique galion espagnol, le Galléone,
arrimé au port de Sète, il parle de sa passion pour l'écriture, de son parcours atypique, de la détention, de son amitié avec Yvan Colonna, de sa vision amère du système judiciaire et carcéral français, et de son ressenti sur la Corse actuelle.
Comment est venue cette passion pour l'écriture ?
Lors de ses incarcérations dans différents centres pénitentiaires, il participe à des ateliers d'écriture et se prend au jeu. « Beaucoup d'amis avaient écrit pendant leur détention, ou à leur sortie de prison, pour évoquer leur parcours de vie et je me suis dit pourquoi pas moi ? », nous déclare il.
En 2020 il sort son premier livre intitulé : « Natio, du FLNC au grand banditisme », qui connaît un franc succès, en Corse mais également à travers toute la France.
Il faut dire que la recette est bien rodée quand elle est bien réalisée: En évoquant les thématiques Corse, Nationalisme et Banditisme avec une vision de l'intérieur, sincère, non moralisatrice, Michel n'a pas entendu donner de leçons mais bien raconter son vécu, sa réalité. Il a su toucher les lecteurs dans un ouvrage bien écrit et accessible à tous.
Le second volet, bien que n'étant pas une suite, est sorti en 2023 et suit le même chemin.
Dans ce livre intitulé « Corse en prison », Michel Ucciani évoque l'évolution du système carcéral français durant 40 ans, de 1978 (date de sa première incarcération) à 2018 (date de sa dernière incarcération), telle qu'il l'a ressenti de l'intérieur en tant que corse.
Comme il le dit lui-même : « je n'écris pas pour que l'on suive mon exemple », ce n'est pas ce message qu'il veut faire passer, mais ce n'est pas non plus un exutoire, bien au contraire, il n'est pas dans la repentance car il assume pleinement et ne regrette rien, sauf « le temps perdu qui ne se rattrape jamais », nous dit-il. Pour lui, écrire c'est raconter, parfois expliquer sa vie tumultueuse, son parcours politique et la clandestinité au sein du FLNC, comment il est entré de plein pied dans le grand banditisme. Plus qu'un état des lieux de l'évolution de l'univers carcéral français, il met l'accent sur les incohérences du système, et sur les nouvelles influences de l'islamisme radical dans les prisons, comme au moment des attentats du Bataclan acclamés par certains détenus.
Michel Ucciani évoque, sans langue de bois, sa vision d'un système judiciaire français « définitivement clair et avéré » d'exception pour les corses. Des méthodes d'arrestations aux jugements, des mesures de sécurités à l'exil forcé « que ce soit pour un jeune Natio ou un gangster, les mesures appliquées aux corses restent totalement différentes de celles pour les citoyens lambda ». Ce constat amer prend tout son sens dans la tragédie de l'assassinat d'Yvan Colonna, son ami de 40 ans, avec un parcours carcéral identique. Il déplore la responsabilité de l’État français dans les circonstances de sa mort en détention, « en bafouant ses Droits d'exécuter la fin de sa peine en Corse, qui lui étaient reconnus comme à tout détenu , là où tout ça ne serait jamais arrivé ».« L'Etat français trouve toujours une excuse pour ne pas ramener les insulaires et les juger en Corse. Si il n'y avait pas de justice en Corse cela se saurait ».
La situation actuelle de la Corse ? Bien que s'en étant éloigné, il garde de nombreuses attaches familiales et amicales en Corse ; il a l'impression que comme souvent dans l'histoire, l’État français essaye de gagner du temps et mène les corses en bateau.
Alexandre Santerian