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Boire pour s'hydrater, c'est tendance

Disposer de l'eau courante potable pourrait être considéré comme un luxe.
Boire pour s’hydrater, c’est tendance

Plus de deux milliards de personnes manquent d’un accès à une eau potable sûre. Disposer de l’eau courante potable pourrait être considéré comme un luxe. L’eau destinée à la consommation humaine (EDCH) est un réel enjeu sanitaire. Récemment, le scandale des eaux minérales a d’ailleurs défrayé les chroniques. Preuve que l’eau potable est une ressource qui vaut de l’or.

Boire avant d’avoir soif

Toute une communauté s’est développée sur les réseaux sociaux autour d’un objet devenu iconique : la Stanley Cup. Rien que sur TikTok, ce contenant de plus de 1 litre au design reconnaissable, cumule plus de 7 milliards de vues. Sur ce réseau, en 2023, les Américains s’étaient d’ailleurs étonnés de voir si peu d’Européens boire de l’eau. C’est surtout que les recommandations sanitaires ne sont pas les mêmes. Aux États-Unis, la National Academy of Medicine recommande de boire environ treize verres d'eau par jour, tandis qu’en France, il est recommandé de boire environ huit verres (1,5 à 2 litres d'eau). Même l’hydratation est une question culturelle. En la matière, au pays de l’Oncle Sam, tout est XXL et relève de la compétition. Pour preuve cette communauté Watertok qui se montre en train de boire sous toutes les coutures. Boire est une performance, le meilleur allié pour lutter contre l’ennemi de la nourriture santé, à savoir, le sucre, et donc les sodas. Mais les scandales des eaux et produits dérivés pourraient aussi contrarier la popularité des eaux en bouteille ou en gourde.

Au-delà de l’eau

Poudres aromatisées, gourdes surdimensionnées, promesses extravagantes… Le business se développe jusqu'à plus soif. La Stanley Cup, objet initialement créé pour les ouvriers sur les chantiers, a largement profité de cet engouement chez la génération Z. La société est passée de 70 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2020, à 750 millions de dollars aujourd’hui, selon CNBC. Mais le contenant n’est pas le seul à profiter de ce business juteux. Il y a aussi les water drops, avec les pastilles effervescentes aromatisées et Air Up qui trompe le cerveau par l’odorat (5 millions de clients). Et la nouvelle vague du moment, c’est le « Sexy Water », porté par l’influenceuse Kelly Stranick, qui consiste à améliorer son eau avec des compléments alimentaires, type collagène, sels minéraux, chlorophylle, vitamines, etc. Pour le moment, on manque de recul sur les effets sur la santé, mais comme pour tout ce qui touche à l’automédication, il faut le prendre avec mesure et prudence. Rien de tel que l’eau pure.

Ça prend l’eau

Le succès des Stanley Cup ne les prémunit pas contre les scandales. Au début de cette année, la marque a dû répondre d’accusation de présence de plomb dans ses bouteilles, composées à 90 % d'acier inoxydable et censées être écologiques et réutilisables. Pourtant, la marque a reconnu que le matériau d’étanchéité contient du plomb. Sans compter que la production de bouteilles en acier inoxydable émet 14 fois plus de gaz à effet de serre que le plastique. Plus récemment, une enquête signée Le Monde et Radio France a révélé que pour purifier les eaux minérales, plusieurs grandes marques (Contrex, Cristalline, Hépar, Perrier, Saint-Yorre, Vichy, Vittel) auraient eu recours à des systèmes de traitement de l’eau tels que des filtres à charbon ou des filtres UV. Or ces procédés sont illégaux lorsque les eaux sont vendues comme minérales, naturellement.

Chassez le naturel…

La Corse bénéficie de réserves d’eau assez abondantes et de qualité. Les eaux minérales ont bonne réputation. Il en existe plusieurs : en Balagne, la Zilia jaillit du Monte Grosso, dans le sud coule naturellement l’eau de Saint-Georges, de Castagniccia, vient l'eau Orezza, riche en fer et naturellement gazéifiée. Mais abondance et qualité ne suffisent pas à garantir les ventes. L’inflation, et la conscience écologique, pourraient inciter les gens à consommer davantage l’eau du robinet. La Corse compte près de 650 réseaux publics de distribution d’EDCH, une eau très surveillée. Chaque année, près de 4000 contrôles représentant la recherche de 100 000 paramètres sont réalisés sur le territoire régional. En 2023, 90,7 % de la population en Corse est desservie par de l’eau respectant les exigences de qualité bactériologiques. La principale cause de non-conformité des eaux rencontrée sur la région Corse est liée à la présence de germes témoins de contamination fécale. Comme dans la Seine, où les JO devraient avoir lieu…

Maria Mariana
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