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La bêtise des contrôles techniques pour les deux roues

Une mesure stupide.......

La bêtise des contrôles techniques pour les deux roues




Ça n'est évidemment pas l'épicentre de l'actualité hors Corse. Mais pour cette semaine, quittons les rives du drame planétaire pour évoquer une mesure stupide prise par les autorités : le contrôle technique pour les deux-roues effectif depuis le 15 avril 2024. Une mesure que dénoncent les motards mais aussi plusieurs centres de contrôle de voiture.



Une exigence controversée



Déjà, les motards appellent à son boycott. Ils sont d'ailleurs souvent soutenus par les professionnels notamment les contrôleurs techniques. Pour les motards, c'est une sorte de racket car, affirment-ils, les motards prennent grand soin de leurs bécanes. La Fédération française des Motards en colère (FFMC) cite un chiffre sorti d'une étude de 2008 selon laquelle seulement 0,3 % des accidents avec des deux-roues à moteurs seraient dus à l’état du véhicule. Ce sont donc 2,5 millions de véhicules qui vont être frappés par ce nouvel impôt. La nouvelle règle s'impose à tous. Si le véhicule a été immatriculé avant le 1er janvier 2017, le premier contrôle sera à réaliser au plus tard le 31 décembre 2024. Pour échelonner les contrôles, les véhicules dont la date anniversaire de la mise en circulation tombe avant le 15 avril doivent l’effectuer d’ici le 14 août 2024. Freins, guidon, feux, fuites, pneus : le contrôle porte sur 78 points, soit un peu moins que pour les voitures.

La colère des professionnels



Mais les usagers ne sont pas les seuls à mettre en cause cette mesure qui va coûter 50 euros par contrôle. Mais pour ce faire, les centres vont devoir débourser entre 3 000 et 10 000 euros pour être agréés. Il va falloir acheter une table de levage, un sonomètre et un scléromètre, outil nécessaire pour mesurer la solidité d’une structure. Beaucoup de professionnels estiment que l'enjeu est trop faible pour un tel coût. Il y aura de plus la formation des contrôleurs. Qui paiera ? On ne sait pas. D'autant que la variété des véhicules à contrôler est diverse : quad, scooter, voiture sans permis… L'état a agi un peu comme à son habitude : il fixe des règles sans analyser leur faisabilité puis il punit.


Les causes de l'accident en deux roues



La population la plus touchée par l’accident de moto reste la tranche des 25-34 ans. Les jeunes conducteurs détenteurs du permis A2, s’ils respectent les règles du Code de la Route, n’ont pas encore nécessairement tous les réflexes. Mais les accidents peuvent aussi être provoqués par autrui. À moto, il faut garder à l’esprit qu'on est potentiellement dans l’angle mort d’un véhicule à quatre routes, surtout quand on circule au milieu de camions, poids lourds et automobiles dans les embouteillages. Mais c'est surtout l'excès de vitesse qui tue que le motard soit le responsable ou la victime d’un chauffard, en agglomération comme hors agglomération. Dans les bouchons, sur une rocade à l’entrée d’une grande ville par exemple, la circulation interfile est une pratique courante bien qu’officiellement illégale. Le moindre écart d'un quatre roues et c'est l'accident. Rouler vite accroît aussi le risque face aux glissières de sécurité. La barrière de sécurité, au départ conçue pour éviter la sortie de route ou la collision à contresens de véhicules est une véritable guillotine pour motards. Il faut enfin citer l’alcool au guidon qui est le second facteur d’accident mortel. La consommation d’alcool mais aussi de drogues entraîne de multiples impacts sur le corps : un champ visuel rétréci, une sensibilité à la lumière, une notion altérée de la distance, des réflexes au ralenti, une somnolence, etc.


Payer toujours plus



Cette nouvelle taxe est donc uniquement un moyen de prélever encore un peu plus d'argent sur le contribuable. Les chiffres de l'accidentologie en deux roues ne la justifient absolument pas. Surtout, elle fait fi du soin pris par les motards eux-mêmes de leur moto. Qui est le plus à même de juger des risques encourus que le conducteur qui est parfaitement conscient de n'avoir pour seule protection que ses vêtements. Il semble évident qu'une telle mesure va engendrer une guéguerre entre motards et centres de contrôle. Qui l'emportera ? Il y a fort à parier qu'à terme, la rareté des centres va entraîner une caducité de la mesure qui finira par s'étendre. Le plus étrange est qu'elle a été prise après dix ans de discussion et qu'il semblerait que son possible échec n'ait jamais été envisagé. Pour beaucoup d'usagers, le deux-roues est un moyen de contourner les bouchons causés notamment en province par une carence des transports en commun. C'est aussi une façon d'être libre dans un monde de plus en plus contraint. Si la mesure avait démontré qu'elle pouvait éviter des pertes en vies humaines, il n'y aurait pas même eu de discussions. Ça n'est pas le cas. Gageons que l'état saura faire preuve de sagesse.


GXC
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