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A l'Alb ' Oru un merveilleux spectacle adapté du " Principellu "

Tous… « Petit Prince »
Les CE1 de l’Ecole du Centre


A l’Alb’Oru de Bastia ils ont donné fin mars un merveilleux spectacle adapté du « Principellu » d’Antoine de Saint Exupéry. Aux commandes de la pièce bilingue : Zouzou Susini, comédienne, metteuse en scène et François Catani, la maîtresse… Un moment de grâce et de bonheur vrai !




Il y a quarante ans disparaissait l’auteur du « Petit Prince » abord de son avion qui s’abîmait dans la Méditerranée. Le spectacle des petits élèves de la CE1 bastiaise est en quelque sorte un bel hommage à l’écrivain baroudeur, as de l’aviation à qui il fit faire de grands progrès.

Dans son conte philosophique, « Le Petit Prince », Saint Ex imagine une panne de son avion en plein Sahara. Une panne peut-être en écho à celle qu’il subit un jour en Libye. Le désert et ses hallucinations et ses mirages… Le désert lieu de la surprenante rencontre avec « Le Petit Prince ». Le pilote, les mains dans le cambouis, voit débarquer une étonnante apparition : un gamin cheveux blonds, écharpe dorée qui lui demande tout de go : « Dessine-moi un mouton ». Ainsi commence l’histoire…

De ce récit les enfants – filles et garçons – se sont emparés. Et les voilà qui vont jouer l’aviateur et ses problèmes de mécano, le Petit Prince, éternel questionneur voulant tout comprendre, la rose si belle et si intrigante, le serpent perfide, le renard en quête d’amitié. Pour que les écoliers puissent chacun être en scène il y eut plusieurs aviateurs, plusieurs « Petit Prince », plusieurs roses, plusieurs serpents, plusieurs renards. Sans que cela soit répétitif ou redondant chaque écolier a interprété à sa façon son personnage. Tous pareils… et tous différents pour la plus grande joie du public.

Sans micro alors que les écoliers s’exprimaient dans une grande salle – contrairement à des comédiens adultes qui ont un fil à la bouche. Articulant parfaitement, sans précipitation, en prenant le temps d’observer les effets de leurs répliques sur les spectateurs. Bannissant le trac … alors que c’est si rude. Les petits ont fait preuve d’un professionnalisme qui manque souvent à des interprètes plus murs.

Les séquences phares du « Petit Prince » ils les ont joués avec brio. Celle du serpent évidemment. Celle du renard naturellement avec son secret qui veut qu’on « ne voit bien qu’avec le cœur » … et combien apprivoiser un être vivant et en faire son ami vous engage.

Après avoir assister au spectacle des CE1 de l’Ecole du Centre on pouvait se prendre à rêver à un Festival de théâtre d’enfants à Bastia. Un festival qui ne se contente pas de ronds de jambe et d’ânonner des textes. Mais il faudrait l’implication de personnes compétentes, comme Françoise Catani et Zouzou Susini, jointe a un souffle politique d’envergure !

Michèle Acquaviva-Pache

« Le Petit Prince : en français dans la collection « Folio ».En corse par Akenaton chez « Albiana »



ENTRETIEN AVEC ZOUZOU SUSINI


Pourquoi le « Petit Prince » ?
C’est un conte qui me touche et chaque fois que je le relis je perçois de mieux en mieux ses subtilités. Plus je m’approche aussi de la vie de Saint Exupéry plus « Le Petit Prince » me plait. L’histoire ne s’adresse pas uniquement aux enfants. Il y a plusieurs niveaux de lecture. Il me semble qu’on a une meilleure compréhension du texte en connaissant la vie de l’auteur. C’est ainsi que pour le spectacle avec les CE1 de l’Ecole du Centre j’ai retravaillé la correspondance de Saint Ex à sa femme, Consuelo, vu des documentaires, et consulté des documents écrits. A l’époque où il écrit « Le Petit Prince » il est à New York et pense sans arrêt à la guerre qui se déroule en France. Il fait alors des pieds et des mains pour qu’on lui donne l’autorisation de se battre. Mais il a 44 ans et sa forme physique n’est plus ce qu’elle était ! Il ne lâche rien cependant et ses exploits passés d’aviateur finissent par avoir raison des réticences. Ecrivain, Saint Exupéry est également un homme d’action.

Pourquoi des CE1 ?
Ils ont 7 ans et à cet âge là on peut rêver. Leur maîtresse, Françoise Catani, est une amie de longue date. Dans son école elle s’occupe de la classe des CE1 bilingue. Son dynamisme était à lui seul une garantie de succès. Cette initiative s’inscrivait également dans la continuité d’un autre spectacle que j’avais lancé. Faire pratiquer sur scène une prestation bilingue par des enfants si jeunes était un défi. On a pris du temps en commençant le travail au commencement de l’année scolaire et on a tout fait pour faciliter la compréhension des petits ?

Comment se sont passées les relations avec Françoise Catani ?
Françoise a fait travailler le texte aux enfants. Elle s’est occupé des relations avec les parents car leur implication était importante. Je me suis chargé de la mise en scène. On a répété dans une petite salle de l’école. J’ai fait le découpage pour attribuer aux élèves tels ou tels passages. Nombre d’entre eux au début indifférents sont devenus très motivés. Ils ont eu beaucoup de par cœur à retenir et se sont investis sérieusement. On a vu le résultat de leur effort trois ou quatre semaines avant la date de la représentation quand on a constaté leur plaisir à jouer !

La réaction des écoliers à votre initiative
En général ils étaient contents et fiers à l’idée de faire un spectacle même si certains étaient plus réservés… Les garçons se reconnaissaient dans le Petit Prince, dans sa découverte de l’amitié vraie. Les filles se voyaient plutôt dans la Rose. Lorsqu’on raconte une histoire avec l’envie qu’elle soit partagée les enfants le sentent. Ils aiment l’authenticité. Au tout début je me suis servi de marionnettes représentant l’aviateur, le Petit Prince, la Rose, le serpent, le renard ce qui leur a permis de découvrir les personnages.

De quelle manière avez-vous fait travailler les élèves ?
Je jouais devant eux les personnages pour leur faire comprendre leurs rôles, pour expliciterpourquoi ils devaient faire ça ou ça. Je leur ai appris à pousser leurs voix pour qu’ils se fassent entendre de la scène à la salle. Je leur ai inculqueé à se déplacer, à mêler gestuelle et mouvement, à respirer calmement, à incarner finalement leurs personnages. Au bout de maintes répétitions les choses se sont mises en place grâce à des mots simples. J’ai aussi insisté sur l’importance de l’écoute et à ne pas ânonner le texte.

Ont-ils été déroutés par certains personnages ?
D’abord je leur ai conseillé de bien lire le livre et de ne pas se jeter sur n’importe quelles vidéos censées raconter l’histoire. J’ai resserré le texte et simplifié certains passages. Dans le spectacle interviennent aussi deux narratrices et un narrateur.

La traduction en corse du « Petit Prince » a-t-elle été accessible aux enfants ?
C’est une belle traduction à laquelle je suis sensible car je suis du sud ! Bien sûr il a fallu rendre plus immédiates certaines phrases ou expressions. Quelques élèves, mal à l’aise en corse, ont joué en français car tous n’avaient que peu ou pas de notions de corse. « U Principellu » a été pour eux un sacré apprentissage. Je pense que ce spectacle va être bénéfique pour leur formation in lingua nustrale… D’ailleurs en la matière il n’y a rien de mieux que le théâtre.

La distribution des rôles a-t-elle été facile ?
Elle a demandé du temps car elle devait prendre en compte ceux qui avaient pu s’impliquer vraiment dans cette expérience… Et surtout je leur ai dit que s’ils se trompaient sur scène, ils devaient passer outre et continuer !

Qu’est-ce que les petits de CE1 ont retenu du Petit Prince ?
Pour eux ça été une belle expérience. L’histoire des planètes au début du conte les a beaucoup intrigués. Et ce Petit Prince, qui débarque sur Terre avec son vécu d’autre part, les ai interpellés. Ils ont été sensibles aux valeurs de l’amitié, de la responsabilité, du souci des autres, de l’amour, du risque, de l’idéal.

Le plus difficile pour eux ?
L’expression en langue corse.

Avez-vous été suffisamment aidé par les organismes qui s’occupent de la promotion du corse ?
En résumé, j’ai eu une petite aide que j’ai compensé en donnant beaucoup de mon temps libre et en reprenant des heures qui restaient d’une autre opération dédiée au bilinguisme.

Propos recueillis par M.A-P










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