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Le miel : victime d'un système dérégulé et de la crise climatique

Le miel témoin du drame vécu aujourd'hui par la planète

Le miel : victime d'un système dérégulé et de la crise climatique



La crise agricole a rendu quasi invisible celles de produits discrets au premier chef desquels se situe le miel, à la fois produit de consommation et témoin du drame vécu aujourd'hui par la planète.


Une production en progression selon les autorités


Si on en croit, FranceAgriMer et son Observatoire de la production de miel et de gelée royale, la production française de miel en 2022 est estimée à 31 387 tonnes, serait en hausse de 58,5 % par rapport à 2021. Le nombre d’apiculteurs, estimé à 62 744, retrouve quant à lui son niveau de 2019. La production retrouverait ainsi son niveau de l’année 2020. La production de miel bio a progressé de 20,9 %. Le miel de colza est la miellée la plus produite en France. Le rendement de l’année est estimé à 23,5 kg/ruche, similaire à 2021. Le rendement augmente avec la taille des exploitations, soit 17,8 kg/ruche pour les moins de 50 ruches à 29,0 kg/ruche pour les plus de 400 ruches. Les apiculteurs de plus de 400 ruches ont réalisé 36,7 % du volume contre 30,8 % pour les 150 à 399 ruches, 22,2 % pour les moins de 50 ruches et 10,4 % pour les 50 à 149 ruches. Toutes ces catégories ont vu leur production augmenter, de même que l’ensemble des Régions de France, à l’exception de la Corse et de Provence-Alpes-Côte d’azur. En 2022, Rhône-Alpes Auvergne (5 126 t) devance l’Occitanie (4 142 t) et le Grand Est (3 800 t). « Largement développée par les apiculteurs détenant plus de 400 ruches, le miel de transhumance représente 34,4 % de la production de miel français. Le miel de colza est la miellée la plus produite en France sous l’effet des bons rendements dans la moitié nord de la France. Il représente 14,2 % des volumes produits à l’échelle nationale. Il est suivi par les autres miels poly floraux (14,0 %) et le miel d’acacia (11,8 %). La vente directe assure 42 % des débouchés, devant les achats des conditionneurs (15,7 %). »

Mais un effet trompeur…


Pourtant cette supposée production cache une réalité plus sombre. La connaissance et la pratique du métier d’apiculteur sont au plus bas. Les apiculteurs qui persistent sont de plus en plus âgés, ce qui suggère aussi un départ à la retraite en masse au cours des dix prochaines années. L'un des facteurs de la crise est le climat. Les hivers très doux dérèglent les comportements des abeilles. Les apiculteurs français du Sud-Ouest ont connu un mois de décembre autour de 15 degrés. Cela a des conséquences pour le miel : sans un hiver plus marqué par la fraîcheur des températures, la vie de la ruche ne peut s’arrêter et reprendre après l’hiver. La sécheresse, les pluies diluviennes, les moindres variations de température créent un impact d’ampleur sur les abeilles et leur exploitation. En outre, les facteurs environnementaux agissent directement sur la perte de la diversité florale. l’intervention de causes chimiques, notamment à travers l’exposition des abeilles à des produits pesticides qui réduisent leur immunité et les rendent plus faibles. Ces facteurs agissant de concert sont participatifs d’une situation globale alarmante du point de vue de la production du miel.

Un métier difficile et peu rentable


Les apiculteurs se divisent en deux catégories : ceux qui font appel à des grossistes – ceux-là contiennent souvent davantage de ruches (un minimum de 700 ruches) – et ceux qui pratiquent la vente au détail – qui se consacrent à un nombre plus limité de ruches – et par conséquent semblent avoir davantage de chances de réussite. Les apiculteurs devant faire appel à des grossistes doivent s’accorder sur des tarifs extrêmement faibles, qui sont, revus à la baisse tous les ans. Ceux-là s’en sortent peu sur le marché actuel, malgré une consommation d’ampleur de la part des Français.

Une concurrence étrangère


Si la consommation a fortement diminué en 2023, la France reste l’un des premiers consommateurs de miel en Europe : plus de 45 000 tonnes de miel sont consommées chaque année en France. Un miel bien souvent importé des pays étrangers : Ukraine, Espagne, ou encore Argentine. Chaque année, la France importe environ 35 000 tonnes de miel de l’étranger. Les plus gros revendeurs de miel se fournissent dans les pays d’Europe de l’Est et en Espagne. La différence de prix provient des coûts de main-d’œuvre ainsi que des coûts de carburant. Enfin, le miel étranger est souvent falsifié. Selon une étude publiée en 2015 par l’Union européenne, sur 1 200 miels importés en France, plus de 30 % avaient un caractère frauduleux. L'Europe semble avoir pris conscience du problème. Si ce n'est que certains pays européens fraudent également au détriment du miel français.

GXC
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