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La répression des Corses en 1774

Soulèvement raté du Niolu
La répression des Corses en 1774


Avec la répression de 1774, la conséquence du soulèvement raté du Niolu, les souterrains de la Grosse Tour se remplissent. Le 26 juin 1774 les premiers prisonniers arrivent. A la mi-septembre, ils sont 122 et le 16 octobre 166 et on annonce 60 autres. Le 12 novembre, leur nombre s'établit à 267 qui sont enchaînés pour éviter des évasions. Une semaine après les voilà 267. C'est dire qu'en Corse la répression menée par Narbonne est vive.


Des conditions de vie épouvantables


Le commissaire des guerres de Toulon Robineau gère la captivité des Corses depuis 1768. Il s'inquiète des conditions de détention à l'approche de l'hiver et témoigne de la détresse des détenus. L'intendant en charge de la détention écrit le 20 novembre, le comte du Muy : « Il est à craindre que ces hommes naturellement portés aux rébellions ne trouvent trop rude d'être enchaînés… que cela « n'excite des murmures et une plus grande fermentation parmi eux Ils proposent de disperser les Corses dans les forts de Marseille, de Saint-Tropez, de Sisteron, de La Seyne, et d'Entrevaux, concluant que « le bien de l'humanité exigerait qu'il fût pris des mesures pour préserver ces prisonniers à demi-nus des ravages des maladies que l'humidité… l'infection, le mauvais air et la misère ne peuvent manquer de produire parmi eux ». En réponse Sartine, nouveau secrétaire d'État à la marine après avoir été lieutenant de police de Paris, ordonne de faire fabriquer des chaînes pour 140 prisonniers ; prudent, le commandant en demande pour 60 autres. En décembre, les Corses sont au nombre de 370.

Au printemps tout va presque bien


Le comte du Muy ordonne d'abord de faire confectionner de nouvelles chaînes puis, le 30 décembre, de transférer au fort de la Malgue ceux qui seront en surnombre. Et le 16 janvier 1775, 150 prisonniers partent pour la Malgue car, le 13, il était arrivé encore 56 Corses à la Grosse Tour. Au printemps 1775, l'eau manque dans les citernes. Il faut louer un bateau qui amène chaque jour douze barils pleins à la Grosse Tour, et une charrette qui fait le même transport pour la Malgue. Situation qui se représentera à la fin de l'été 1776 et qui représente un coût important pour Robineau. Les archives laissent entendre que pour ce dernier la santé des prisonniers est un souci de première importance. « Sa Majesté a bien voulu accorder à chaque prisonnier trois sols par jour et une ration de pain de munition. Au moyen des trois sols ils se procurent par la voie du cantinier quelques soulagements… Quand ces prisonniers sont malades on les retire de leurs

cachots et on les fait passer dans un lieu plus sain et plus aéré ; là ils sont visités journellement par M. le médecin Burel et un garçon chirurgien… Au moyen d'un supplément de 4 sols par jour que le Roi accorde à chaque malade on lui fait du bouillon et de la soupe. Les médicaments leur « sont fournis par un apothicaire de la ville. »


Des évasions en grand nombre



En juillet 1776, trente Corses s'évadent de la Malgue : on en rattrape seize, et trois sont tués par les soldats lancés à leur poursuite ou par les paysans de Pierrefeu, de Cuers et du Puget. En octobre 1779, nouvelle évasion. Voici le récit de Robineau : « La nuit du premier de ce mois au deux, ils ont effectué un projet qu'ils méditaient depuis longtemps mais qu'ils renvoyaient au premier mauvais temps, au milieu d'un orage épouvantable ils ont découvert un trou qu'ils avaient pratiqué dans le mur, sous une fenêtre qui donnait sur le toit du corps de garde même ; de là ils ont grimpé au donjon, se sont saisis de la sentinelle qu'ils ont frappée de plusieurs coups de couteau dont aucun heureusement n'est dangereux, ont attaché à un crochet de recul de canon, une corde de chanvre qu'ils tenaient cachée depuis longtemps… Ils se sont filés les uns les autres de plus de soixante pieds de haut au moyen de cette mauvaise corde jusque sur le rivage de la mer. » Lorsque Robineau écrit ce rapport il ne reste plus à la Grosse Tour de Toulon que 23 Corses.

La dernière correspondance


François Xavier Emmanuelli et Simon Pierre Zonza, les auteurs de l'article paru dans le Bulletin de la Société des Sciences en 1969, note qu'au moins trois des prisonniers de la répression de 1774 se trouvent encore à Toulon en 1781. L'un d'entre eux, Tomasgio Albertini est alors libéré. Une dernière lettre de Robineau, du 9 décembre 1781, ne parle plus que de Philippe Albertini ; « ce fameux chef de bandits corses qui existe aujourd'hui dans les prisons, perclus d'une partie de ses membres, expie d'une manière cruelle les crimes qu'il peut avoir commis… il est de la bonté et de la clémence du Roi de permettre qu'il lui soit fourni quelques secours jusqu'à sa mort. » Mais un état de prisonniers envoyé le 1er mars 1784 fait toujours mention de Philippe Albertini et de Mattea Tavera. » Ils sont vraisemblablement morts en détention sans que semble-t-il les notables corses n'aient cherché à les faire libérer.


GXC
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