Un antisémitisme qui flambe
Dernier avatar du nouvel antisémitisme : l'usage du terme de génocide pour qualifier les bombardements de Gaza.
Un antisémitisme qui flambe
Dernier avatar du nouvel antisémitisme : l'usage du terme de génocide pour qualifier les bombardements de Gaza. N'y voyons pas seulement un abus de langage mais le retournement d'un monde occidental qui, jusqu'alors, tenait pour un plafond de verre la Shoah. C'est une façon d'effacer les six millions de juifs assassinés par les nazis e de renverser l'équation comme les morts de Gaza ont fait oublier le pogrom du 7 octobre.
Génocide ? Vous avez dit génocide ?
Le terme « génocide » a été utilisé pour la première fois en 1944 par l'avocat polonais Raphaël Lemkin, dans son livre intitulé Axis Rule in Occupied Europe. Il se compose du préfixe grec genos, qui signifie « race » ou « tribu », et du suffixe latin cide, qui renvoie à la notion de « tuer ». Raphaël Lemkin a inventé ce terme pour qualifier non seulement les politiques nazies d'extermination systématique du peuple juif pendant l'Holocauste, mais aussi d'autres actions ciblées menées par le passé dans le but de détruire des groupes particuliers d’individus. En 1946, le génocide a été pour la première fois reconnu comme un crime de droit international par l'Assemblée générale des Nations Unies. Il a été érigé en crime autonome dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948 autrement dit l'année de la déclaration d'existence de l'État d'Israël. Qui peut aujourd'hui prétendre que l'État d'Israël dans sa folle conquête de Gaza, désire éradiquer les Palestiniens, effacer de la surface du globe les Bédouins ? Personne. Et pourtant le terme de génocide est brandi désormais mettant ainsi à égalité les 30 000 morts de Gaza, le million de Tutsis assassinés par les extrémistes Hutus, le million et demi d'Arméniens liquidés par le régime turc, etc. Autant dire que les mots n'ont plus de sens. Car alors il faudrait qualifier de génocide les 300 000 houtis tués au Yémen, les 330 000 femmes et enfants liquidés au sud soudan lors des razzias arabes. Mais à force d'user et d'abuser d'un terme, il ne signifie plus rien.
Un monde arabe anti palestinien
L'histoire appartient hélas aux vainqueurs. Si Hitler l'avait emporté il est vraisemblable qu'on ne parlerait plus de la Shoah. A-t-on tout simplement parlé de génocide quand les Alliés ont bombardé de façon atroce les villes allemandes ou japonaises ? Jamais. On fait un subtil distinguo entre crimes de guerre et crimes contre l'humanité. La vérité est que les Israéliens commettent un crime en colonisant la Cisjordanie et un autre en s'en prenant à Gaza. Mais on a tendance à oublier le pogrom du 7 octobre. Quel pays aurait supporté de subir une invasion au cours de laquelle 1 200 de ces citoyens auraient été massacrés, violés et plus de cent autres enlevés comme autrefois les Barbaresques enlevaient les futurs esclaves ? La réponse est tout simplement aucun. Faut-il rappeler que l'État d'Israël a toujours été en danger de mort et que ce sont les nations arabes qui n'existaient pas après la Première guerre mondiale et la déclaration Balfour qui ont toujours attaqué ce mouchoir de poche ? 1947 : les Arabes refusent le territoire qui leur est donné par les Nations Unis. Première guerre perdue. 1967 : nouvelle guerre de Six jours et nouvelle défaite. 1 973. Nouvelle guerre dite de Kippour et encore une défaite à la clef. Que la situation des Palestiniens soit révoltante est une chose. Mais il faut bien reconnaître que leurs pires ennemis ont toujours été les États arabes environnants. Septembre 1970 : l'OLP est chassée de Jordanie — une partie majeure de la fameuse Palestine — pour avoir fomenté un complot contre le roi Hussein. Elle se réfugie au Liban et après cinq ans provoque une guerre civile atroce. En 1982, elle est chassée du Liban après une incursion israélienne et ne doit son salut qu'à une opération internationale menée par la France. Les Palestiniens ont toujours été la variable d'ajustement du monde arabe et de la mouvance antisémite dans le monde.
Un nouvel antisémitisme
La vague anti israélienne qui se confond avec l'antisémitisme est une réplique des précédentes qui se sont produites aux siècles derniers dans le monde. Mais celle-ci a une particularité : elle est menée par des mouvements qui se prétendent d'extrême-gauche et décolonialistes. C'est aussi l'expression d'une haine de l'Occident contre lui-même. Et comme aux pires moments du XXe siècle, l'extrémisme religieux fait chorus avec les extrêmes : l'extrême droite catholique renoue en partie avec l'antisémitisme comme certains extrémistes protestants et donne la main aux nazislamistes mais aussi aux fanatiques hindouistes. Et, reconnaissons-le, les excès insupportables des ultra-religieux juifs ou des sionistes d'extrême droite qui mènent Israël à sa propre perte ne font qu'ajouter à ce bilan catastrophique qui permet au langage d'user de termes comme celui de génocide à tort et à travers. Le Hamas, au prix de plusieurs dizaines de milliers de morts, est en train de gagner la guerre contre Israël même s'il va la perdre militairement.
GXC