Le coté obscur de la crise sanitaire
Dans un rapport de juin, les amis de laTerre france et l'Observatoire des multinationales font la lumière sur les coulisses de la crise sanitaire.
Le côté obscur de la crise sanitaire
Dans un rapport de juin, les Amis de la Terre France et l’Observatoire des multinationales font la lumière sur les coulisses de la crise sanitaire. Des coulisses peu glorieuses à grand renfort d’opportunisme et de Coronawashing des milieux d’affaires. Le coronavirus est une bonne excuse pour repousser des échéances de régulations ou capter des aides publiques.
Qui sont les lobbies ?
En France, depuis le premier juillet 2017, les groupes d'intérêts qui exercent une influence sur les pouvoirs publics ont l'obligation de s'inscrire sur un répertoire mis à disposition par la haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATPV). Il y aurait au total 2 167 représentants d'intérêts inscrits sur le répertoire. Un chiffre qui apparaît relativement faible au regard d'autres pays comme le Canada (5 731 inscrits) ou à Bruxelles, capitale européenne du lobbying, qui compte environ 30 000 lobbys, soit en moyenne 40 par député européen, et un pour deux fonctionnaires.
Parmi les acteurs enregistrés en France, figurent aussi bien des multinationales comme LVMH, Google France, ou Facebook France que des ONG comme Greenpeace. Les cinq domaines d'intervention les plus déclarés sont l'agriculture, les taxes, le système de santé, les PME/TPE et le logement. La plupart des actions de lobbying ont pour but d'influencer la rédaction de la loi. Les décideurs les plus visés sont le gouvernement et le Parlement (respectivement 56 et 67 % des actions).
Pour l’instant, le répertoire ne recense que les lobbys nationaux. L’extension du champ du répertoire aux collectivités locales, initialement prévue au 1er juillet 2018, a été reportée à juillet 2021.
Phobie des lobbies
On se souvient de l’image de Nicolas Hulot démissionnant de sa fonction de ministre de l’Écologie, arguant que sa décision était en grande partie motivée par le poids des lobbies contre lesquels il ne se sentait pas de taille. David contre Goliath, avec dans le rôle du géant hostile des hommes et des femmes de l’ombre agissant pour le compte d’entreprises privées contre l’intérêt général.
Parce que le but du lobby est d’influencer la fabrique de la loi, soit en empêchant qu’elle ne soit inscrite dans l’agenda du législateur, soit en donnant une loi « clé en main ». Dans un rapport datant du 9 janvier dernier, le Greco (Groupe d’États contre la corruption) du Conseil de l’Europe avait appelé la France à mettre en œuvre une meilleure politique de lutte contre la corruption. Ils s'inquiétaient également de la proximité opaque entre l'exécutif et les représentants d'intérêts.
La transparence démocratique étant de mise, les lobbies sont a priori sous surveillance. Le plan national de lutte contre la corruption veut aller plus loin pour renforcer la confiance des citoyens dans les institutions. Ce plan préconise particulièrement de sensibiliser et mieux former les agents publics les plus exposés, les élus locaux et les parlementaires aux risques de corruption.
Coronawashing
À ce jeu de pouvoir, il semblerait que la crise sanitaire soit un terrain favorable pour les lobbys industriels qui ont tenté de profiter de cette opportunité pour assouplir des régulations sociales et environnementales.
C’est en tout cas ce que dénoncent les Amis de la Terre et l'Observatoire des multinationales dans un rapport intitulé : « Lobbying : l'épidémie cachée ». On est très loin des arnaques au chômage partiel.
Il s’agit pour certaines industries d’obtenir des moratoires, comme les industries du plastique, ou des demandes de l'Association française des entreprises privées (AFEP), des secteurs automobile, aérien ou agricole. L’objectif étant de ne pas se mettre en règle de suite, pour décaler les investissements de mises aux normes et écouler des stocks.
D’autant que les aides substantielles accordées par le gouvernement à de grosses entreprises n’ont pas été conditionnées à des plans de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre et à la sortie programmée de leurs activités les plus néfastes. Ça n’est pas une bonne nouvelle pour la planète.
Au final, ce sont toujours les mêmes qui trinquent.
Maria Mariana
Le PDF du rapport :
https://multinationales.org/IM...
Rapport d’évaluation du GRECO : https://rm.coe.int/cinquieme-c... motion-/16809969fd
Le répertoire des représentants d’intérêts : https://www.hatvp.fr/le-repertoire/
Dans un rapport de juin, les Amis de la Terre France et l’Observatoire des multinationales font la lumière sur les coulisses de la crise sanitaire. Des coulisses peu glorieuses à grand renfort d’opportunisme et de Coronawashing des milieux d’affaires. Le coronavirus est une bonne excuse pour repousser des échéances de régulations ou capter des aides publiques.
Qui sont les lobbies ?
En France, depuis le premier juillet 2017, les groupes d'intérêts qui exercent une influence sur les pouvoirs publics ont l'obligation de s'inscrire sur un répertoire mis à disposition par la haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATPV). Il y aurait au total 2 167 représentants d'intérêts inscrits sur le répertoire. Un chiffre qui apparaît relativement faible au regard d'autres pays comme le Canada (5 731 inscrits) ou à Bruxelles, capitale européenne du lobbying, qui compte environ 30 000 lobbys, soit en moyenne 40 par député européen, et un pour deux fonctionnaires.
Parmi les acteurs enregistrés en France, figurent aussi bien des multinationales comme LVMH, Google France, ou Facebook France que des ONG comme Greenpeace. Les cinq domaines d'intervention les plus déclarés sont l'agriculture, les taxes, le système de santé, les PME/TPE et le logement. La plupart des actions de lobbying ont pour but d'influencer la rédaction de la loi. Les décideurs les plus visés sont le gouvernement et le Parlement (respectivement 56 et 67 % des actions).
Pour l’instant, le répertoire ne recense que les lobbys nationaux. L’extension du champ du répertoire aux collectivités locales, initialement prévue au 1er juillet 2018, a été reportée à juillet 2021.
Phobie des lobbies
On se souvient de l’image de Nicolas Hulot démissionnant de sa fonction de ministre de l’Écologie, arguant que sa décision était en grande partie motivée par le poids des lobbies contre lesquels il ne se sentait pas de taille. David contre Goliath, avec dans le rôle du géant hostile des hommes et des femmes de l’ombre agissant pour le compte d’entreprises privées contre l’intérêt général.
Parce que le but du lobby est d’influencer la fabrique de la loi, soit en empêchant qu’elle ne soit inscrite dans l’agenda du législateur, soit en donnant une loi « clé en main ». Dans un rapport datant du 9 janvier dernier, le Greco (Groupe d’États contre la corruption) du Conseil de l’Europe avait appelé la France à mettre en œuvre une meilleure politique de lutte contre la corruption. Ils s'inquiétaient également de la proximité opaque entre l'exécutif et les représentants d'intérêts.
La transparence démocratique étant de mise, les lobbies sont a priori sous surveillance. Le plan national de lutte contre la corruption veut aller plus loin pour renforcer la confiance des citoyens dans les institutions. Ce plan préconise particulièrement de sensibiliser et mieux former les agents publics les plus exposés, les élus locaux et les parlementaires aux risques de corruption.
Coronawashing
À ce jeu de pouvoir, il semblerait que la crise sanitaire soit un terrain favorable pour les lobbys industriels qui ont tenté de profiter de cette opportunité pour assouplir des régulations sociales et environnementales.
C’est en tout cas ce que dénoncent les Amis de la Terre et l'Observatoire des multinationales dans un rapport intitulé : « Lobbying : l'épidémie cachée ». On est très loin des arnaques au chômage partiel.
Il s’agit pour certaines industries d’obtenir des moratoires, comme les industries du plastique, ou des demandes de l'Association française des entreprises privées (AFEP), des secteurs automobile, aérien ou agricole. L’objectif étant de ne pas se mettre en règle de suite, pour décaler les investissements de mises aux normes et écouler des stocks.
D’autant que les aides substantielles accordées par le gouvernement à de grosses entreprises n’ont pas été conditionnées à des plans de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre et à la sortie programmée de leurs activités les plus néfastes. Ça n’est pas une bonne nouvelle pour la planète.
Au final, ce sont toujours les mêmes qui trinquent.
Maria Mariana
Le PDF du rapport :
https://multinationales.org/IM...
Rapport d’évaluation du GRECO : https://rm.coe.int/cinquieme-c... motion-/16809969fd
Le répertoire des représentants d’intérêts : https://www.hatvp.fr/le-repertoire/