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Les mégots, ces déchets qui nous fument

Combattre la pollution aux mégots
Les mégots, ces déchets qui nous fument

Quel est le premier déchet plastique le plus jeté dans le monde ? Les couverts ? Les pailles ? Les bouchons de bouteille ?


Ce sont sûrement les premiers qui traversent l’esprit lorsque l’on pose la question. Et pourtant, en haut du podium, le premier déchet plastique le plus jeté est… le mégot de cigarette. En effet, ce petit déchet, issu de l’industrie du tabac, est bien avec son filtre le premier déchet plastique à l’échelle mondiale. Le mégot, c’est le déchet qu’on ne voit même plus. À même le sol, sur les trottoirs, autour des grilles d’évacuation d’eau de pluie, voire même dans les plantes en pot... Un engrais bien mortel : beaucoup l’oublient, mais le mégot est classé parmi les déchets dangereux. Avec plus de 4 000 substances écotoxiques, un seul mégot pollue 500 litres d’eau, et met plus de 10 ans à se dégrader (Bilan Environnemental des initiatives océanes 2017, Surfrider Foundation).

Dans notre territoire insulaire, les impacts sont décuplés pour des raisons sanitaires, environnementales, mais également économiques. La Corse, territoire de lutte contre le fléau mégot En Corse, 10 millions de mégots sont jetés dans la nature chaque mois. Outre la pollution des sols et de l’eau, le mégot est la première cause des incendies d’origine humaine. Dans notre région où l’été installe une peur mortelle des incendies, les mégots sont des armes de destruction massive. Cependant, malgré les dangers liés aux mégots et de manière générale à la cigarette, les mauvaises habitudes dans l’île ont la vie dure. La Corse est aujourd’hui le territoire où l’on fume le plus par habitant, notamment du fait des prix plus bas pratiqués sur les produits liés au tabac. Ceci a pour conséquence des impacts profonds sur la santé : les cas de cancers du poumon y sont largement supérieurs à la moyenne nationale, respectivement +27% et +12% chez les femmes et les hommes. (Chiffres : ARS de Corse, 2019). Le geste, souvent inconscient par habitude, de jeter son mégot au sol, est très répandu parmi les fumeurs insulaires. En plus des coûts écologiques et sanitaires, un paramètre souvent oublié, c’est le coût de cette micropollution : le ramassage et le recyclage des mégots de cigarette ont un prix parfois exorbitant pour les pouvoirs publics, prix qui finit, inéluctablement, par retomber sur l’ensemble des citoyens. Il y a donc encore énormément de travail tant sur la prévention anti-tabac que sur celle des pollutions induites par les mégots.

Combattre la pollution aux mégots : les solutions réelles

Sur ce sujet, deux termes sont les maître-mots : sensibilisation et prévention. Mare Vivu est à l’initiative d’actions et travaux de recherches sur les mégots en Corse depuis plusieurs années. Depuis la mise en place de notre programme RIPARU, ce sujet est devenu une priorité. En premier lieu, les ramassages de mégots (cartographie des zones les plus impactées) permettent de définir quels sont les endroits les plus impactés. Sans surprise, les lieux collectifs (stades, parkings, terrasses de bar) mais aussi les endroits tels que les plages sont les plus impactés. Cette cartographie nous permet de localiser les endroits où le besoin de sensibi-lisation est le plus fort et, après concertation avec les pouvoirs publics, de mettre en place un cendrier urbain, ou la distribution de cendriers portatifs. À titre d’exemple, le vendredi 24 mai, la commune de Santa Maria di Lota a pu inaugurer deux nouveaux cendriers urbains, en présence des élus municipaux et des écoliers de la commune qui ont participé activement à la sensibilisation des habitants tout au long de l’année.

Au cours d’enquêtes auprès de la population, nous évaluons à l’échelle des communes, notamment avec les enfants des écoles, les comportements des habitants concernant les mégots (consommation, jet sur les trottoirs…). Certaines données, comme la toxicité des mégots sur les milieux aquatiques, sont souvent des paramètres que les fumeurs ignorent. L’apposition de plaques « ici commence la mer » permet également aux habitants une prise de conscience de l’impact d’un mégot jeté dans les grilles d’évacuation des eaux de pluie. Enfin, après la sensibilisation et la prévention, vient le temps de la prise en charge du déchet. Nous vous le disions plus haut : la valorisation des mégots a un coût pour les communes, en raison, entre autres, du manque de filières de recyclage de ce déchet. En Corse, c’est la société E-Collecte qui se spécialise dans la collecte et la valorisation des mégots de cigarette. En collaboration avec E-Collecte et les communes partenaires, nous avons pu procéder à l’installation de plusieurs cendriers urbains, comme à Santa Maria di Lota ou encore à Brandu.

Au niveau national, depuis 2021, un éco-organisme agréé nommé ALCOME a été créé, en application de la loi AGEC. Suivant le principe de la responsabilité élargie du producteur, les fabricants de cigarettes reversent une partie de leurs ventes pour financer les politiques publiques contre la pollution des mégots. En contractualisant avec ALCOME, les communes peuvent ainsi capter des budgets importants pour toute opération visant à réduire la présence de mégots dans l'environnement.


Mare Vivu
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