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IA & Cie, c'est déjà demain : L'île de Beauté se rêve en Silicon Valley

L'île de Beauté se rêve en Silicon Valley
IA & Cie, c’est déjà demain

Alors que les débats anxieux nourrissent bien des tribunes sur le sujet de l’intelligence artificielle, la Corse choisit de voir le verre à moitié plein : l’IA et la tech seront des alliées du développement économique. L’Île de Beauté se rêve en Silicon Valley, ou presque, et pourquoi pas.

Former pour demain

Selon l'institut McKinsey, d'ici 2030, la demande de compétences numériques connaitra une hausse de 55 %. Aujourd’hui, c’est déjà une denrée rare. Selon la Commission européenne, 58 % des entreprises désireuses de recruter dans ce secteur en plein boom font état de difficultés. En Corse, 60 postes restent non pourvus chaque année. Cette absence de formation spécifique sera comblée dès septembre 2024, avec la création d'une école d'ingénieurs, qui accueillera quelque 160 personnes dans des formations diplômantes. Baptisée « MIRA » pour Mediterranean Institute of Robotics and Automation, cette école est spécialisée en robotique et intelligence artificielle. Fondée par Aflokkat, premier opérateur de formation privé en Corse, l’école d’ingénieurs répond spécifiquement aux besoins exprimés par un groupement de 15 entrepreneurs locaux issus du secteur, EDIH Corsica AI. Le monde économique corse se tourne de plus en plus vers l’intelligence artificielle dans le but d'améliorer sa productivité. Dans l’île, des formations à l’utilisation de ces nouveaux outils sont dispensées auprès des chefs d’entreprises, en partenariat avec Google, la chambre de commerce et d’industrie de Corse, la chambre des métiers et l’agence de développement économique de la Corse. Car les entreprises insulaires n’ont pas envie de rater le virage de l’IA.

Vive la tech

En 2018, la collectivité de Corse (CdC) avait signé une convention pour amener la fibre dans le moindre village. La totalité des foyers de l’ile devrait avoir la fibre d’ici la fin 2024. 143 000 des 170 000 foyers prévus sont déjà raccordés à la fibre selon la CdC. Cet aménagement numérique a d’ailleurs permis le développement d’un véritable écosystème autour de la tech en général, et de l'IA en particulier. Il existe, depuis de nombreuses années dans l’ile, des dizaines d’entreprises de la tech, qui évoluent. Ce vivier d'entreprises s'est regroupé pour monter l’EDIH Corsica AI, une structure soutenue par la Commission européenne et la collectivité de Corse. La collectivité poursuit son investissement dans le domaine par l’acquisition d’un câble corse-continent supplémentaire entre Bastia et Marseille. Il va apporter de la résilience aux réseaux sous-marins dont la Corse a besoin pour la relier au continent, et assurer le développement d'une économie numérique en Corse.

Cas d’usage

Une récente étude montre qu’en France aujourd’hui 32 % des employés de bureau se servent des nouveaux outils d’IA générative. Mais les usages de l’IA sont loin de se limiter au bureau. Mi-février, Porto-Vecchio officialisait le projet Smart Cità Lià, qui s'appuie sur une expérimentation menée à Cozzano. Le renouvellement de l’éclairage public permettra d’installer des capteurs dans des points pertinents de la commune pour recueillir des informations sur le trafic routier, le taux de remplissage des parkings, l'environnement, le risque incendie, le niveau des nappes phréatiques... De quoi disposer de données concrètes pour prendre des décisions politiques objectives. Le projet de smart City, d’un montant global de 5 millions d’euros, fait suite à l’expérimentation d’un an sur la collecte de ordures assistée par IA ; la communauté de communes Sud-Corse avait demandé à des capteurs d’intelligence artificielle de lui signaler quand vider ses conteneurs à déchets. L’expérimentation, concluante, a ainsi préparé le terrain au projet Lià, et va être généralisée à l’ensemble des points de collecte enterrés et semi-enterrés de l’Extrême-Sud. En 2023, 15 600,66 tonnes d’ordures ménagères ont été collectées au total, dont 1 500 se trouvaient dans le parc de conteneurs semi-enterrés de la micro-région. Grâce aux capteurs, la collecte a pu être optimisée, en toute saison. Les capteurs détectent aussi des anomalies, des variations de températures par exemple, ce qui prévient des incendies. À terme, l'intercommunalité devrait disposer de données complètes pour établir les bénéfices du projet Lià pour son bilan carbone, ainsi que les coûts de carburant économisés. Un bel exemple de l’usage intelligent de l’IA, un outil innovant au service des humains, pas plus que ça.

Maria Mariana
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