Législatives chez nous, en Corse : Quarena, Filoni, Marchal , Jouart , POURQUOI ?
On la voyait venir. La vague RN (Rassemblement National) a déferlé sur l’Hexagone. Chez nous, elle s’est faite raz-de-marée.
Législatives : Quarena , Filoni, Marchal, Jouart, pourquoi ?
On la voyait venir. La vague RN (Rassemblement National) a déferlé sur l’Hexagone. Chez nous, elle s’est faite raz-de-marée. Quatre candidats RN ont mis en ballotage les sortants et pulvérisé leurs autres adversaires. Pourtant d’entre eux étaient des allogènes récemment installés, des inconnus ne connaissant pas grand-chose de l’île, des corses et des circonscriptions, de très médiocres débatteurs.
Pourquoi ont-ils performé ?
Surprise dans la première circonscription de la Corse-du-Sud. La néophyte RN Ariane Quarena (31,2%, soit 10 376 voix) a recueilli 166 voix de plus le député sortant Laurent Marcangeli, ex-président du groupe Horizons à l’Assemblée Nationale, ex-maire d’Aiacciu et ex-président de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (30,7%, soit 10 210 voix). Romain Colonna (Femu a Corsica) qui espérait déboulonner le député sortant, a été écarté de la course. Il n’a totalisé que 16,8%, soit 5 601 voix. Les autres candidats de la mouvance nationaliste, Emmanuelle Dominici (Core in Fronte) et Jean-François Luciani (PNC-Avanzemu) n’ont respectivement obtenu que de décevants 4,6%, soit 1533 voix, et 3,2%, soit 1077 voix. L’identitaire Lisandru Luciani (Mossa Palatina) qui se présentait pour la première fois, a réalisé un encourageant 3,6%, soit 1202 voix. Le candidat Nouveau Front Populaire, le communiste Marc-Antoine Leroy, lui aussi primo candidat, a réalisé un très honorable 9,4%, soit 3126 voix qui redonne des couleurs à la famille de gauche d’Aiacciu et sa région. Demi surprise dans la deuxième circonscription de la Corse-du-Sud. Le député sortant PNC-Avanzemu, Paul-André Colombani (26,4%, soit 10 266 des voix) n’a pas été cher payé pour son engagement militant et son travail parlementaire. Il a été devancé de plus de 3000 voix par le RN Francois Filoni (35,1%, soit 13 620 voix). Mais François Filoni n’est pas un inconnu et a bénéficié de l’air du temps : est délégué régional du RN, il a été adjoint au maire d’Aiacciu, il a pu surfer sur la dynamique Bardella. N’ayant obtenu que 16,85 %, soit 6538 voix, la candidate libérale Valérie Bozzi, maire de Grussetu-Prugna, n’a pu se qualifier pour le second tour. Elle espérait mieux. Le maire de Petrusella, le socialiste Jean-Baptiste Luccioni, qui portait les couleurs du Nouveau Front Populaire, a obtenu 12,3%, soit 4780 voix. L’intéressé peut considérer qu’il a réussi à mobiliser à gauche dans un contexte politique compliqué et une circonscription peu favorable à sa famille politique, et qu’il a ainsi posé des jalons pour l’avenir. Jean-Baptiste Cucchi (Core in Fronte) a obtenu un passable 6,5%, soit 2548 voix. L’identitaire Michel Chiocca (Mossa Palatina) n’a totalisé que 1055 voix, soit 2,7%. Difficile pour lui de faire mieux. Représenter un nouveau parti, être primo candidat et la concurrence directe d’un RN marchant sur l’eau, lui interdisaient d’espérer briller.
Surprises aussi en Haute-Corse
Dans la première circonscription de la Haute-Corse, colossale surprise ! Le député sortant Femu a Corsica, Michel Castellani (31,74%, soit 11 962 voix) n’a pas pour opposant au second tour le sans-étiquette Julien Morganti (14,42 %, soit 5436 voix) qui ferraille à Bastia et dans la circonscription depuis 2017. Son aversaire est un illustre inconnu, le RN Jean-Michel Marchal (28,80%, 5436 voix). Le modéré Jean-François Paoli, bien qu’étant soutenu par tous les ténors de l’opposition municipale bastiaise de centre droit et de centre gauche, dont Jean-Martin Mondoloni, n’a obtenu qu’un très décevant 5,43%, soit 2045 voix. Jean-Baptiste Lucciardi, (Core in Fronte) a dû se contenter d’un maigre résultat : 3,90%, soit 1471 voix et a été devancé par un nouveau venu, l’identitaire Nicolas Battini (Mossa Palatina) qui en captant 1603 voix, soit 4,25%, s’est doté d’un socle qu’il peut espérer élargir quand le RN sera moins en verve. Même perpective encorageante pour le jeune Insoumis Sacha Bastelica qui, portant les couleurs du Nouveau Front Populaire, a, malgré le soutien zéro des caciques communistes et socialistes, totalisé 3352 voix, soit 8,89%. Dans la deuxième circonscription de la Haute Corse, dernière suprise. Derrière le libéral François-Xavier Ceccoli (34,05%, soit 15 100 voix ) et le député sortant Femu a Corsica, Jean-Félix Acquaviva (28,63%, soit 12 698 voix), donc nettement devancé par son adversaire de droite, la candidate RN Sylvie Jouart venue de Mars (25,42%, soit 11 275 voix) s’est qualifiée pour le second tour (depuis, son retrait a été annoncé). Antoine Carli (Core In Fronte) n’a recueilli qu’un décevant 5,13%, soit 2277 voix. L’écologiste Hélène Sanchez (Nouveau Front populaire) n’a totalisé que très peu du potentel de voix de gauche (6,2%, soit 2668 voix).
Pourquoi le raz- de-marée ?
Pour la première fois en Corse, le RN a réellement cartonné lors d’élections législative. Il a obtenu de gros résultats à deux chiffres. Ses quatre candidats, dont trois établis depuis peu sur l’île, ont été qualifiés par les électeurs pour le second tour. Cela représente incontestablement une nouvelle donne politique.
Comment expliquer cela ? Il n’est pas pertinent de se contenter d’énoncer que les policiers, les gendarmes, les militaires, les nouveaux arrivants et nombre de résidents secondaires votent RN. En effet, en de nombreux villages où l’on ne compte aucun uniforme, et que peu d’arrivants et de villas, le vote RN a été massif. Alors que dire de plus ? Il y a déjà beaucoup à dire à partir de quelques simples constatations (il n’est en effet pas dans les phrases qui suivent la prétention d’être exhaustif ou scientifique)
Primo, il est indéniable que les quatre candidats RN ont, tout comme leurs homologues hexagonaux, pleinement bénéficié de la dynamique Bardella. Deuxio, l’irritation que suscitent les incivilités, les peurs que génèrent le développement de la petite et la moyenne délinquance ainsi que l’amplification des crispations, des colères et des craintes générée par des couvertures médiatiques anxiogènes (chez nous aussi on regarde BFM-TV, Cnews et LCI), contribuent certainement à créer un terrain favorable au RN dont le programme est réputé sécuritaire.
Tertio, le rejet de l’arrivée de populations ayant une culture et une croyance qui inquiètent, rend très réceptif aux messages du RN portant la promesse de réduire l’immigration.
Quarto, le rejet de la politique Macron peu soucieuse des problèmes des populations aux revenus modestes ou relevant de la pauvreté, conduit vers un vote se voulant résolument contestataire et dégagiste, et aussi sanction contre les « assistés qui profitent ».
Quinto, il existe de la confusion dans la volonté de défendre l’identité en passant dans l’isoloir. Quand l’enjeu du vote est local (élections municipales et territoriales), il est facile d’identifier un « bon vote » et de considérer que ce vote sera utile car les élus auront un pouvoir direct d’agir. Lors d’un scrutin législatif, il y a certes des candidats nationalistes mais il est moins aisé de voir en eux, s’ils sont élus, un pouvoir d’agir. Les sièges strasbourgeois et bruxellois du Parlement Européen, le Palais de l’Elysée ou celui de Bourbon à Paris, c’est loin.
Alors certains individus de chez nous se disent que pour défendre l’identité corse, quand il faut élire un député européen, un président de la République ou désormais un député, il est plus efficace de voter RN, parti qui clame défendre des valeurs et des traditions civilisationnelles, spirituelles et morales dont certaines sont proches de la culture et des croyances corses.
Pierre Corsi
On la voyait venir. La vague RN (Rassemblement National) a déferlé sur l’Hexagone. Chez nous, elle s’est faite raz-de-marée. Quatre candidats RN ont mis en ballotage les sortants et pulvérisé leurs autres adversaires. Pourtant d’entre eux étaient des allogènes récemment installés, des inconnus ne connaissant pas grand-chose de l’île, des corses et des circonscriptions, de très médiocres débatteurs.
Pourquoi ont-ils performé ?
Surprise dans la première circonscription de la Corse-du-Sud. La néophyte RN Ariane Quarena (31,2%, soit 10 376 voix) a recueilli 166 voix de plus le député sortant Laurent Marcangeli, ex-président du groupe Horizons à l’Assemblée Nationale, ex-maire d’Aiacciu et ex-président de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (30,7%, soit 10 210 voix). Romain Colonna (Femu a Corsica) qui espérait déboulonner le député sortant, a été écarté de la course. Il n’a totalisé que 16,8%, soit 5 601 voix. Les autres candidats de la mouvance nationaliste, Emmanuelle Dominici (Core in Fronte) et Jean-François Luciani (PNC-Avanzemu) n’ont respectivement obtenu que de décevants 4,6%, soit 1533 voix, et 3,2%, soit 1077 voix. L’identitaire Lisandru Luciani (Mossa Palatina) qui se présentait pour la première fois, a réalisé un encourageant 3,6%, soit 1202 voix. Le candidat Nouveau Front Populaire, le communiste Marc-Antoine Leroy, lui aussi primo candidat, a réalisé un très honorable 9,4%, soit 3126 voix qui redonne des couleurs à la famille de gauche d’Aiacciu et sa région. Demi surprise dans la deuxième circonscription de la Corse-du-Sud. Le député sortant PNC-Avanzemu, Paul-André Colombani (26,4%, soit 10 266 des voix) n’a pas été cher payé pour son engagement militant et son travail parlementaire. Il a été devancé de plus de 3000 voix par le RN Francois Filoni (35,1%, soit 13 620 voix). Mais François Filoni n’est pas un inconnu et a bénéficié de l’air du temps : est délégué régional du RN, il a été adjoint au maire d’Aiacciu, il a pu surfer sur la dynamique Bardella. N’ayant obtenu que 16,85 %, soit 6538 voix, la candidate libérale Valérie Bozzi, maire de Grussetu-Prugna, n’a pu se qualifier pour le second tour. Elle espérait mieux. Le maire de Petrusella, le socialiste Jean-Baptiste Luccioni, qui portait les couleurs du Nouveau Front Populaire, a obtenu 12,3%, soit 4780 voix. L’intéressé peut considérer qu’il a réussi à mobiliser à gauche dans un contexte politique compliqué et une circonscription peu favorable à sa famille politique, et qu’il a ainsi posé des jalons pour l’avenir. Jean-Baptiste Cucchi (Core in Fronte) a obtenu un passable 6,5%, soit 2548 voix. L’identitaire Michel Chiocca (Mossa Palatina) n’a totalisé que 1055 voix, soit 2,7%. Difficile pour lui de faire mieux. Représenter un nouveau parti, être primo candidat et la concurrence directe d’un RN marchant sur l’eau, lui interdisaient d’espérer briller.
Surprises aussi en Haute-Corse
Dans la première circonscription de la Haute-Corse, colossale surprise ! Le député sortant Femu a Corsica, Michel Castellani (31,74%, soit 11 962 voix) n’a pas pour opposant au second tour le sans-étiquette Julien Morganti (14,42 %, soit 5436 voix) qui ferraille à Bastia et dans la circonscription depuis 2017. Son aversaire est un illustre inconnu, le RN Jean-Michel Marchal (28,80%, 5436 voix). Le modéré Jean-François Paoli, bien qu’étant soutenu par tous les ténors de l’opposition municipale bastiaise de centre droit et de centre gauche, dont Jean-Martin Mondoloni, n’a obtenu qu’un très décevant 5,43%, soit 2045 voix. Jean-Baptiste Lucciardi, (Core in Fronte) a dû se contenter d’un maigre résultat : 3,90%, soit 1471 voix et a été devancé par un nouveau venu, l’identitaire Nicolas Battini (Mossa Palatina) qui en captant 1603 voix, soit 4,25%, s’est doté d’un socle qu’il peut espérer élargir quand le RN sera moins en verve. Même perpective encorageante pour le jeune Insoumis Sacha Bastelica qui, portant les couleurs du Nouveau Front Populaire, a, malgré le soutien zéro des caciques communistes et socialistes, totalisé 3352 voix, soit 8,89%. Dans la deuxième circonscription de la Haute Corse, dernière suprise. Derrière le libéral François-Xavier Ceccoli (34,05%, soit 15 100 voix ) et le député sortant Femu a Corsica, Jean-Félix Acquaviva (28,63%, soit 12 698 voix), donc nettement devancé par son adversaire de droite, la candidate RN Sylvie Jouart venue de Mars (25,42%, soit 11 275 voix) s’est qualifiée pour le second tour (depuis, son retrait a été annoncé). Antoine Carli (Core In Fronte) n’a recueilli qu’un décevant 5,13%, soit 2277 voix. L’écologiste Hélène Sanchez (Nouveau Front populaire) n’a totalisé que très peu du potentel de voix de gauche (6,2%, soit 2668 voix).
Pourquoi le raz- de-marée ?
Pour la première fois en Corse, le RN a réellement cartonné lors d’élections législative. Il a obtenu de gros résultats à deux chiffres. Ses quatre candidats, dont trois établis depuis peu sur l’île, ont été qualifiés par les électeurs pour le second tour. Cela représente incontestablement une nouvelle donne politique.
Comment expliquer cela ? Il n’est pas pertinent de se contenter d’énoncer que les policiers, les gendarmes, les militaires, les nouveaux arrivants et nombre de résidents secondaires votent RN. En effet, en de nombreux villages où l’on ne compte aucun uniforme, et que peu d’arrivants et de villas, le vote RN a été massif. Alors que dire de plus ? Il y a déjà beaucoup à dire à partir de quelques simples constatations (il n’est en effet pas dans les phrases qui suivent la prétention d’être exhaustif ou scientifique)
Primo, il est indéniable que les quatre candidats RN ont, tout comme leurs homologues hexagonaux, pleinement bénéficié de la dynamique Bardella. Deuxio, l’irritation que suscitent les incivilités, les peurs que génèrent le développement de la petite et la moyenne délinquance ainsi que l’amplification des crispations, des colères et des craintes générée par des couvertures médiatiques anxiogènes (chez nous aussi on regarde BFM-TV, Cnews et LCI), contribuent certainement à créer un terrain favorable au RN dont le programme est réputé sécuritaire.
Tertio, le rejet de l’arrivée de populations ayant une culture et une croyance qui inquiètent, rend très réceptif aux messages du RN portant la promesse de réduire l’immigration.
Quarto, le rejet de la politique Macron peu soucieuse des problèmes des populations aux revenus modestes ou relevant de la pauvreté, conduit vers un vote se voulant résolument contestataire et dégagiste, et aussi sanction contre les « assistés qui profitent ».
Quinto, il existe de la confusion dans la volonté de défendre l’identité en passant dans l’isoloir. Quand l’enjeu du vote est local (élections municipales et territoriales), il est facile d’identifier un « bon vote » et de considérer que ce vote sera utile car les élus auront un pouvoir direct d’agir. Lors d’un scrutin législatif, il y a certes des candidats nationalistes mais il est moins aisé de voir en eux, s’ils sont élus, un pouvoir d’agir. Les sièges strasbourgeois et bruxellois du Parlement Européen, le Palais de l’Elysée ou celui de Bourbon à Paris, c’est loin.
Alors certains individus de chez nous se disent que pour défendre l’identité corse, quand il faut élire un député européen, un président de la République ou désormais un député, il est plus efficace de voter RN, parti qui clame défendre des valeurs et des traditions civilisationnelles, spirituelles et morales dont certaines sont proches de la culture et des croyances corses.
Pierre Corsi